L’argumentation des Maliens est basée essentiellement sur la loi FIFA qui stipule «qu’un joueur que sa nationalité autorise à représenter plus d’une association en vertu de la loi 5, peut ainsi participer à un match international pour le compte de l’une de ces associations uniquement si en plus d’avoir la nationalité de ladite association, il remplit au moins l’une de ces conditions, à savoir être né sur le territoire de l’association concernée, son père ou sa mère est né sur le territoire de l’association concernée, son grand-père ou sa grand-mère est né sur le territoire de l’association concernée, ou enfin que ledit joueur vive deux ans consécutifs sur le territoire de l’association concernée…»
Rien à voir avec le changement de la nationalité sportive
Parce que Fabien Farenolle et Arsène Menessou ne remplissent aucune de ces conditions, la Femafoot espère au moins que la FIFA ouvre une enquête dans ce sens, exactement comme ce fut le cas avec le Burkina Faso, la Guinée équatoriale ou l’Ethiopie qui ont soit perdu des points ou font objet d’une enquête de l’instance internationale pour les mêmes raisons avancées un peu plus haut. Il faut préciser que le changement de la nationalité sportive n’a absolument rien à voir avec cette affaire, surtout qu’aucun des deux joueurs n’est un cas FIFA. La seule et unique raison est relative à la volonté de la FIFA de mettre fin au recrutement et la naturalisation fantaisiste de joueurs étrangers qui n’ont rien à voir avec la nation qu’ils ont choisie de représenter (NDLR : Il n’existe pas en équipe nationale des cas similaires à ceux de Farenolle et Menessou parce que tous les joueurs internationaux algériens, bien que certains sont des cas FIFA, remplissent au moins une des quatre conditions citées dans l’article 5, c\'est-à-dire être né en Algérie, avoir un parent né sur le territoire algérien, ou vécu au moins 2 ans consécutifs en Algérie).
C’est la presse béninoise qui a vendu la mèche
Il faut savoir aussi que ce brin d’espoir ne se serait jamais invité dans le nid des Aigles du Mali sans les articles parus dans la presse béninoise il y a une semaine de cela. En effet, des journalistes béninois se sont interrogés sur la poursuite de la carrière internationale du gardien de but Fabien Farenolle après que cette nouvelle loi FIFA ne soit mise en vigueur. La gâchette a donc été tirée à partir de Cotonou donnant ainsi au président de la Femafoot Hamdoun Cissé et son équipe dirigeante une occasion inespérée de garder son trône mais aussi de gagner du temps, occuper l’opinion publique par cette histoire et cet espoir et enfin détourner les regards et les esprits du coup d’Etat que préparent 13 clubs de l’élite contre le président Cissé.
Une bouée de sauvetage pour Hamdoun Cissé
Les jours de Hamdoun Cissé à la tête de la Femafoot sont comptés. Il est avec son équipe sur un siège éjectable. La campagne menée par Bakary Sidébé, président du Stade Malien à laquelle adhérent 12 autres clubs de l’élite dont le Djoliba de Bamako pour le relever de ses fonctions n’a jamais été aussi violente qu’elle l’est depuis que les Aigles du Mali se soient faits éliminés. Une assemblée extraordinaire est prévue prochainement pour justement destituer Cissé et son équipe à la suite de la gestion jugée catastrophique du championnat et de la sélection. Bien que cette affaire de réserves est bâti sur du sable et qu’il y a peu de chances à ce que la FIFA donne raison au Mali, Hamdoun Cissé s’accroche comme il peut à cette histoire qui le fera gagner à tous les coups. Ses opposants sont obligés de faire marche arrière, ou au moins lui accorder encore quelques mois, le temps que la FIFA tranche sur cette affaire. Cette version est appuyée par un opposant farouche à la politique de Hamdoun Cissé. «Il est rusé. Il veut nous mettre dos au mur. Si on le destitue, on sera accusés d’avoir tué dans l’œuf cet espoir dans le cas contraire, le président de la Femafoot aura gagné du temps, un temps qu’il pense utiliser pour renverser la vapeur. La question qu’on se posera maintenant : le Mali a-t-il respecté les délais pour faire des réserves, surtout que le match en question s’est joué en juin 2012 ? La réponse à cette question peut être la clé du problème.
A. B.
Amoros confirme les soupçons du Mali
«Je n’ai pas fait jouer Menessou contre l’Algérie pour les mêmes raisons»
Dans cet entretien que nous a accordé hier l’ancien sélectionneur du Bénin, Manuel Amoros, on s’aperçoit que les soupçons des Maliens sont non seulement fondés, mais peuvent finir par donner raison à la Femafoot auprès de la FIFA.
- Vous êtes accusé par les Béninois d’être la personne qui a vendu la mèche aux Maliens concernant l’éligibilité des joueurs Menessou et Farenolle, un commentaire ?
- C’est du n’importe quoi. Ce genre d’accusation me dégoûte. Ce sont des conneries inventées de toutes pièces dans le but de me faire porter le chapeau. Je vous assure que je n’ai rien à voir avec cette affaire, ni de loin ni de près. Il leur a fallu un bouc-émissaire et ils ont choisi Amoros.
- Dites-nous franchement ce que vous pensez de cette affaire ?
- Pour moi, il n’y a pas d’affaire. L’Algérie a largement mérité sa qualification au troisième tour qualificatif pour la Coupe du monde 2014. Vous êtes de loin la meilleure équipe du groupe.
- Mais le Bénin n’a pas fait jouer Farenolle au match retour à Bamako, comment expliquez-vous cela ?
- Je n’ai pas dirigé ce match, mais j’imagine que les dirigeants béninois ont eu peur d’être sanctionnés à cause de l’éligibilité de ce gardien de but. Vous savez, je n’ai appris que Farenolle (gardien de but numéro 1 du Bénin) ainsi que Menessou (défenseur central) peuvent nous disqualifier que quelques jours avant le match contre l’Algérie. Je suis donc allé voir le président Moucharafou pour discuter avec lui de ces deux cas. Je lui ai clairement dit que je ne voulais prendre aucun risque. Il ne m’a donné aucune assurance, alors j’ai pris les décisions qui s’imposaient.
- C’est donc pour cela que Menessou n’avait pas pris part au match retour contre l’Algérie…
- Exact. Etant donné que Farenolle était suspendu à la suite du carton rouge qu’il a pris à Blida, j’ai décidé de ne pas risquer avec Menessou surtout que ce match était décisif. J’aurais fait la même chose si j’étais sur le banc contre le Mali à Bamako.
- Vos dires confirment les soupçons du Mali et donnent plus de crédit à leur requête…
- Si Farenolle n’a pas joué à Bamako, c’est parce que les dirigeants béninois avaient peur de perdre le match sur tapis vert. C’est la seule explication.
A.B.