Ce qu’il faut savoir sur les Etalons

Cette définition a été lue hier par les 36 millions d’Algériens qui s’étaient tous jetés simultanément, aux alentours de 11h10, sur leur moteur de recherche préféré pour y taper le nom «Burkina Faso».

Burkina Faso-Algérie

Après le tirage au sort, qui s’est déroulé hier, notre Equipe nationale a hérité du Burkina Faso comme adversaire pour ce barrage aller et retour, qualificatif pour le Mondial 2014. «Alea jacta est !», traduisez «le sort en est jeté !», disait l’empereur romain Jules César, au moment de livrer bataille. C’est exactement ce qu’ont dû se dire le sélectionneur national, Vahid Halilhodzic, et son homologue qui officie à la tête de la sélection nationale du pays des hommes intègres (traduction française de Burkina Faso), Paul Putt, au moment où cette affiche a été tirée. Mais avant d’entamer le travail préparatif de cette double confrontation, qui doit se dérouler le 11 octobre prochain à Ouagadougou et le 15 novembre à Blida, il est bon de s’arrêter quelques secondes sur cette équipe des Etalons. C’est une équipe en pleine mutation, qui n’a plus rien à voir avec l’équipe qui prenait jadis des 4-0 et des 6-0.

 

Une équipe sur une courbe ascendante

Comme tous les pays d’Afrique noire, le Burkina Faso a, malgré ses faibles moyens, beaucoup travaillé dans l’ombre pour progresser, se servant de la CAN 98, qu’il avait organisée, comme rampe de lancement. Malgré de faibles moyens, la Fédération burkinabé a su redresser la barre grâce aux aides de la FIFA, de la CAF, la volonté politique et la coopération avec le grand frère français, laquelle est très active dans le développement du football dans ses anciennes colonies d’Afrique subsaharienne. Ajoutez à cela la fameuse loi sur les binationaux qui a permis d’amener pas mal de talentueux joueurs nés en Europe et, bien sûr, l’apparition d’une génération dorée qui a permis à ce pays, jadis pris de haut, de se hisser en finale de la dernière CAN, perdue par manque d’expérience, face à des super Eagles plus aguerris. C’est ce Burkina Faso là que les Fennecs vont affronter dans quelques semaines et non celui que nous battions 7-0 en 1981 sans efforts. Donc, le mot d’ordre des Verts devra être méfiance et respect de cet adversaire, intrinsèquement aussi valeureux, voire supérieur, si l’on comptabilise les résultats de la dernière CAN.

 

Des statistiques 2013 impressionnantes

Si avant la CAN 2013, les Etalons du Burkina Faso pouvaient passer pour de sympathiques «petits soldats», après leur défaite héroïque en finale de la messe du football africain, les coéquipiers de Bancé et Dagano ont franchi un cap et sont devenus de dangereux colonels. Ils sont aujourd’hui craints sur tout le continent et beaucoup demandés en matches amicaux. Il suffit de regarder leur classement FIFA et leurs statistiques, lors des 9 mois de cette année 2013, pour savoir que ce ne sont pas des rigolos. Les Etalons du Burkina Faso sont classés neuvième nation africaine et 51e nation mondiale. Un classement que pas mal de nations européennes, bien mieux loties que l’ancienne Haute Volta, aimeraient bien avoir. Un classement que les joueurs burkinabé ont arraché à la sueur de leur front et à la force du poignet. En 9 mois, c'est-à-dire depuis le 1er janvier 2013, le Burkina Faso a disputé 17 matches toutes compétitions confondues, a gagné 9 rencontres, fait 3 matches nuls et perdu 5 fois seulement, 2 en match officiel face au Nigeria et à l’Afrique du Sud, lesquels ne sont pas n’importe qui, et 3 défaites en amical, face au Niger, au Nigeria et à l’Algérie qui sont quand même de grosses cylindrées continentales. C’est grâce à un groupe d’une génération de joueurs talentueux et homogènes que les Ouest-africains, jadis raillés par leurs voisins ghanéens, nigérians et ivoiriens, qu’ils ont pu se hisser vers les sommets.         

 

Un effectif riche et talentueux

Si, aujourd’hui, l’Algérie de Feghouli, Taïder, Brahmi, Belfodil, Soudani, Ghilas, Belkalem et leurs camarades est qualifiée de génération exceptionnelle par les observateurs du football africain, du côté des Etalons, il y a aussi un groupe non seulement homogène, soudé, sans pression, avec le bon dosage de joueurs locaux, de joueurs évoluant dans de grands clubs d’Afrique et du Golfe, de professionnels partis de leur pays pour évoluer dans des clubs européens modestes, et bien sûr 6 grandes stars qui constituent à elles seules l’ossature de l’équipe nationale. Il y a l’attaquant ivoirien naturalisé burkinabé Aristide Bancé, avec sa chevelure blonde et son gabarit impressionnant qui évolue à Augsbourg en Allemagne, Moumouni Dagano, qui a fait les beaux jours de la Ligue 1 avant de s’offrir un exil fiscal doré dans le Golfe, l’une des stars du FC Lorient, Alain Traoré, l’ancien coéquipier de Karim Matmour en Bundesliga, aujourd’hui à Rennes, Pitroipa, le milieu récupérateur de l’Olympique de Marseille et capitaine de la sélection Charles Kaboré et bien sûr l’athlétique défenseur de l’Olympique Lyonnais, Bakary Koné. Autant dire que, du côté des joueurs algériens, il faudra bien travailler en club pour être apte à ce duel continental face à la neuvième équipe d’Afrique. Du côté de Vahid Halilhodzic et de son staff, il faudra en visionner des cassettes pour trouver la parade et contrecarrer les plans de son homologue burkinabé, Paul Putt.

 

Les forces et les faiblesses des Etalons

Cette équipe du Burkina Faso ressemble à son futur adversaire, l’équipe d’Algérie. C’est une équipe très «va-t-en guerre», très motivée, qui est souvent dans la position de l’outsider et qui, donc, ne ressent pas la pression. Elle est capable, lorsqu’elle est sur une bonne tendance, d’enchaîner les victoires et de «marcher sur l’eau». Elle reste toutefois fragile quand elle n’est pas dans un bon jour, contrairement aux équipes expérimentées, comme le Cameroun ou la Côte d’ Ivoire, lesquelles sont capables de gagner même lorsqu’elles ne tournent pas bien. Le Burkina Faso fait souvent preuve de naïveté dans le «money time», commettant de grosses fautes d’inattention.

 

Une motivation historique et politique

Question motivation, enfin, il ne faudra pas compter sur un manque de grinta des burkinabé. Les Etalons ont l’occasion d’entrer dans l’histoire de leur pays en étant la première équipe nationale burkinabé à aller au Mondial. Ils ne sont qu’à 180 minutes du bonheur et savent qu’une occasion pareille ne se représentera pas avant au moins trente ans. Ils seront aussi, en plus de ça, motivés par leurs dirigeants politiques. Pour ces derniers, une qualification au Mondial brésilien réglerait bien des problèmes dans ce pays très pauvre, et souvent en proie à des manifestations de mécontentement de la population en difficulté économique.

 

Les 19e et 20e Algérie-Burkina de l’histoire

Cette double confrontation entre les Fennecs et les Etalons sera la 19e et 20e de l’histoire footballistique entre ces deux pays. Une histoire qui a commencé le 12 février 1967. En tout cas, sur les 18 confrontations qui ont déjà eu lieu, l’avantage est pour l’Algérie. Les Verts se sont imposés 8 fois, ont concédé 5 défaites et ont fait 5 fois match nul.

Mohamed Bouguerra

Fennecs Vs Etalons : le Burkina en parle

 

Le tirage au sort des barrages des éliminatoires de la Coupe du Monde  2014 a mis les Etalons sur le chemin des Fennecs.  Avant les rencontres prévues entre ces deux équipes, les journalistes burkinabè et des d’anciens internationaux se sont exprimés dans les medias locaux, ils ont affiché une grande confiance bien que la seconde manche soit prévue en Algérie.

 

 

Seydou Traoré (ancien international burkinabè) : «C’est une chance de tomber sur l’Algérie»

«On ne pouvait trouver mieux pour le tirage au sort, quand on regarde les chapeaux. A priori, c’est une chance de tomber sur l’Algérie. Dans toutes les confrontations en équipes nationales, ils ne nous ont jamais battu. Il faudrait penser à ces exploits pour accéder au rêve de la coupe du monde. En 1998 on les a battus (ndlr 2 à 1 en quart de finale). J’ai même marqué lors de ce match. En 2002, avec la génération des Ali Bernabia, on a fait 1-1 chez eux et au retour on les a battu et j’ai encore inscrit le but victorieux. Avec la confiance que nous avons, avec la capacité en défense et les exploits offensifs, si on le prend sérieusement comme les autres matchs passés, on peut vraiment accrocher le rêve tant voulu des Burkinabè »

 

Mady Zongo (journaliste Radio Salankolo et consultant sur la télé BF1): «Un 2-0 à l’aller nous mettrait à l’abri»

«Il n’y a pas de bon ou de mauvais tirage au sort. Il y a seulement des matches à jouer. Le sort  a voulu qu’on joue avec l’Algérie. C’est un adversaire sur le papier coriace et sur le terrain aussi. Ils ont progressé. Ils ont montré qu’ils avaient des hommes pour aller de l’avant. A mon avis, la clé de la qualification se trouve à Ouagadougou. Il faut voir comment réussir le match en ayant un équilibre pour ne pas encaisser à Ouaga. Même si on encaisse que ce ne soit pas plus de deux buts et réussir à avoir un écart de deux buts avec eux. Si on peut gagner 3 à 1 ou 2 à 0 mais je préfère 2 à 0. Ils ont un entraîneur qui est assez tacticien Vahid Halilhodzic. Il faut qu’on travaille le plus sérieusement possible pur aborder le match aller. Si nous réussissons le match aller, on peut espérer »

Ibrahim Tallé (ancien international burkinabè) : «L’Algerie n’est pas forte»

«L’équipe d’Algérie n’est pas une équipe forte comme de part le passé. Le match aller à Ouaga ou a Alger, n’a plus d’importance. Il faut jouer à fond que ce soit en aller comme au retour »

 

Salifou Guigma (journaliste Horizon FM) : « On ne pouvait pas espérer mieux»

« Je pense qu’on ne pouvait pas tomber sur pire que cette équipe, l’Algérie. Le match va se jouer sur des détails. Je ne pense pas que le fait de jouer le match aller à domicile et partir chercher la qualification à l’extérieur est un avantage. Les Étalons nous ont montré que le stade du 4 août est devenu leur forteresse. Il va falloir qu’on fasse l’essentiel à la maison avec une marge de deux buts. L’Algérie et la Tunisie sont les équipes que je trouvais moins fortes. La Côte d’ivoire c’est un ogre. Le Cameroun un vieux lion qui rugit toujours.  Le Ghana, c’est le Brésil d’Afrique. Il fallait éviter ces trois équipes.»

Classement