Medjani : «J’ai tout calculé par rapport au Mondial»

Après un début de saison difficile à l’Olympiakos, Medjani a su rebondir via la porte de Valenciennes. Dans cette interview, il nous raconte ce changement, sa situation actuelle à VA sans oublier d’évoquer l’EN qui lui montre désormais la voie dans sa carrière…

- On commence par la situation de votre club, 18e au classement depuis le 2 novembre dernier, une stat qui fait peur. Qu’est-ce qui ne va pas à VA ?

- Je vais un peu vous contredire, moi, je suis arrivé en janvier, donc, ce qui s’est passé avant, je ne peux pas en parler. On a joué 5 matches depuis mon arrivée, on en a gagné 2, perdu 2 et fait un nul, donc, je pense qu’on est sur la bonne voie. On a perdu de justesse à Marseille et, depuis décembre, on avance, on est revenus à 2 points d’Evian qui est 17e. On doit continuer comme ça.

- En parlant d’Evian, on a comme l’impression que votre nouvel objectif est de coller aux trousses de cette équipe, étant la première équipe non relégable, non ?

- Oui, bien sûr. C’est pour ça d’ailleurs qu’on devait gagner contre Nice, parce qu’on savait qu’Evian risquait de partir. Donc, on est revenus à 2 unités d’Evian et, puis, il y a d’autres équipes qui devancent Evians qui sont à 6 ou 7 points de nous, mais qui ne se sentent pas forcément bien en cette période. Donc, tout peut aller très vite dans le football, on a vu Montpellier et l’exploit qu’ils ont réalisé depuis l’arrivée de Courbis. On fera en sorte de s’inspirer de cette équipe-là, et je pense qu’on a la qualité pour y arriver.

- Vous êtes depuis un plus de 2 mois à VA, vous avez peut-être diagnostiqué le mal. Qu’est-ce qui manque, selon vous, à cette équipe pour qu’elle améliore son classement ?

- Je pense que c’est une équipe jeune, qui manque d’expérience. Aussi, elle a débuté mal son championnat, et quand la mécanique «déraille», il est difficile de la remettre en route. Un nouveau coach est arrivé en novembre, les résultats sont meilleurs. Je crois qu’avec une meilleure envie de réussir, on arrivera à atteindre nos objectifs.

- Ariel Jacobs, votre coach belge, est quasiment un inconnu dans le championnat de France. Parlez-nous de lui et de vos propres relations entraîneur-joueur ?

- Déjà, il a fait le forcing pour me ramener dans son équipe, je m’étais entretenu avec lui avant de signer. C’est quelqu’un qui a réussi au Danemark en étant champion avec Copenhague, en Belgique aussi puisqu’il a été champion avec Anderlecht. Il est méconnu en Algérie, et l’était aussi ici en France, mais il a fait ses preuves ailleurs. J’ai de très bons rapports avec lui, ça se passe bien entre nous, j’ai une grande confiance en lui, car il m’a prouvé qu’il voulait décrocher ce maintien. En somme, nous avons des rapports entraîneur-entraîné tout à fait normaux.

- En tout cas, pour vous, ça se passe visiblement bien avec lui, vous jouez souvent, c’est ce que vous cherchiez en quittant l’Olympiakos, hein ?

- Oui, comme je l’ai déjà dit, depuis la fin du mois de juin quand nous nous sommes qualifiés aux barrages sans attendre la fin des éliminatoires, toute ma vie, quelle soit privée ou sportive, a été dictée par les deux matches de barrage et par le Mondial. Tout dépendait de l’équipe nationale. J’ai quitté l’AS Monaco pour aller à l’Olympiakos, j’y avais un projet, mais qui ne s’est pas passé comme je l’aurai voulu, mais j’étais arrivé compétitif pour les rencontres d’octobre et novembre contre le Burkina. Donc, l’objectif était atteint. Après, il a fallu que je rebondisse et redevienne compétitif. Cette fois, pour le rendez-vous le plus important, j’ai des objectifs personnels, très très définis, je sais où je veux aller, en plus de ça, il y a eu le projet collectif de Valenciennes, celui de sauver le club qui m’offre en même temps exactement ce que je cherchais.

- Avec du recul, pouvez-vous nous donner les raison de la courte expérience ratée en Grèce ?

- Non, elle n’est pas ratée, ou elle l’est peut-être, puisque, depuis les matches de barrage, je n’ai pas joué, ou, en termes de jeu, je n’ai pas réussi à l’avoir sur ce moment-là. Vous dites ratée, parce que je suis parti, mais si j’étais resté, personne n’avait parlé de ces deux mois où je n’avais pas joué. Que ça soit clair, mon départ en Grèce, c’était pour l’EN, je n’y suis pas allé pour flamber dans le championnat grec. Peut-être qu’il y avait l’envie de découvrir la Ligue des champions, mais avec tout le respect que je dois à ce grand club, la qualif’ au Mondial était plus importante, le reste m’importait peu.

- On a dit aussi que vous étiez marginalisé par rapport à des internationaux grecs évoluant dans le même poste que vous. Le confirmez-vous ?

- J’étais bel et bien en concurrence avec des internationaux grecs, après je veux pas polémiquer. Vous savez, quand j’ai signé à Tottenham, deux jours après, un défenseur central qui jouait, s’est blessé, un coup qui le met à l’écart 4 mois. Donc, ça résume tout, on ne peut rien prévoir, ils sont allés ensuite acheter un défenseur. C’est comme ça le football, il n’y a pas de vérité, il faut savoir choisir ses objectifs, et moi j’ai axé mes objectifs sur l’équipe nationale cette année, et c’est pour ça que je ne suis même pas déçu de ce qui m’est arrivé à l’Olympiakos, car j’ai prouvé de par les matches que j’ai fait en EN que je méritais de jouer, et que tout ce que j’avais entrepris pour ces matches-là avait marché. Après, le reste, je souhaite une bonne continuation pour ce club, qui a des supporters très proches de ce qu’on vit en Algérie. Aujourd’hui, j’ai quitté ce club, comme je pouvais aussi ne pas le faire si on avait raté la qualif’ au Mondial. Idem pour Monaco si on n’avait pas atteint tôt les barrages.

- Avant d’atterrir à Valenciennes, vous pouviez opter pour l’Italie, alors pourquoi la Ligue 1 et non pas la Série A ?

- Tout simplement parce que le mercato hivernal en Italie démarre très, très tard, on a pu le voir avec Yebda, Mesbah et Belfodil, ils sont partis à la dernière semaine du mercato.

- Oui, mais comme ailleurs en Europe, ça a démarré très tôt…

- Mais les mouvements se font très tard, et donc, moi, qui ne jouait pas, je ne voulais pas attendre fin janvier et perdre encore un mois pour pouvoir signer. Je voulais être là le 1er janvier, à la reprise, pour pouvoir reprendre la compétition. VA m’a montré beaucoup d’enthousiasme et de confiance, ils ont vraiment tout fait pour que je signe chez eux, en plus c’est intervenu à une période, où j’ai eu un drame familial en perdant ma grand-mère. Ils ont été très respectueux, ils m’ont beaucoup touché moi et ma famille, ils ont eu beaucoup d’honneur et de dignité, et puis leur projet m’intéressait.

- Medjani qui a toujours joué au soleil, dans le sud, qui se retrouve du jour au lendemain dans le nord et le froid, comment s’est faite cette transition. Parlez-nous de votre nouvelle vie chez les Ch’tis ?

- (Rire) Ben, c’est sûr que ça été un grand changement climatique, car j’ai  joué quand même 8 ans en bord de mer et au soleil, donc les premiers jours n’ont pas été faciles, mais, comme on dit ici dans le nord, la froideur du climat est remplacée par la chaleur des gens, et la chaleur humaine dégagée par les gens du nord n’est pas une légende, j’ai été vraiment impressionné par l’accueil que j’ai reçu, que ce soit par les gens du club, par les coéquipiers ou par les Algériens qui vivent dans le nord, parce que, aujourd’hui, il y a toujours 3 à 4 aux entraînements, et qui viennent m’adresser des messages de soutien, et parler de l’équipe nationale.

- Carl, n’y a pas qui ai changé de club cet hiver, plusieurs joueurs de l’EN l’ont fait. Selon vous, qui est le coup le plus réussi de ce mercato des Verts ?

- Déjà, je suis satisfait que bon nombre de joueurs de l’EN ait pu trouver les clubs qu’ils voulaient, les projets personnels qu’ils pouvaient entrevoir. Certains étaient en manque de temps de jeu, dont mon cas personnel, mais s’il y a un transfert à retenir, je dirais que c’est celui de Faouzi Ghoulam, qui a eu l’agréable surprise de signer à Naples. Pour moi, c’est le plus gros transfert, je suis très content pour lui, c’’est quelqu’un qui a affiché beaucoup de valeur morale. Après la déception de son début de saison avec l’ASSE, il a su revenir, travailler, être patient et prouver sur les terrains. Aujourd’hui, il peut mettre ça en application dans ce grand club qu’est le Napoli. C’est un grand pas pour Faouzi. J’espère qu’il réussira et que l’EN en tirera profit. Déjà, elle peut maintenant se vanter d’avoir deux très bons arrière gauche avec Mesbah et Ghoulam.

- Certains ont trouvé que c’est un peu risqué de quitter l’ASSE où il jouait régulièrement pour un club italien où rien n’est garanti…

- Bien sûr, mais quand vous avez son âge, son talent et si un contrat vous vient d’un grand club comme Napoli, je dirai que c’est difficilement refusable. Moi, je connais le talent du joueur et Faouzi en personne et son entourage familial. Je pense que c’est une décision qui a dû être mûrement réfléchie. On connaît ses qualités pour dire qu’il va pouvoir s’imposer là-bas, après il faut bosser et ne pas croire que tout est fait. Il faut travailler pour espérer être parmi les 23 qui iront au Brésil.

- Feghouli qui revient fort, voilà une autre bonne nouvelle. Vous suivez ses prestations ?

- Bien sûr. Je suis content pour Soso, car c’est l’homme qui tire l’EN vers le haut de par ce qu’il fait sur le terrain et de par son caractère. Il a eu quelques complications l’année passée avec son coach, il a connu quelques matches délicats et, actuellement, il revient. Il est en train de porter Valence à bout de bras, c’est mérité, car c’est un grand joueur. S’il continue comme ça, Valence ne sera qu’une étape dans sa carrière et qu’il aspirera à aller dans un grand club.

- Le match de la Slovénie approche, vous y pensez déjà ?

- Oui, j’y pense, car j’ai hâte de revenir en Algérie et de retrouver mes frères de la sélection. J’ai hâte aussi de retrouver le staff, car l’après-match du 19 novembre était très rapide. On était tous obligés de partir dans nos clubs rapidement. On aura l’occasion de se rappeler des bons moments, le coach et le président en profiteront aussi pour nous tracer la ligne de conduite pour le Mondial et de nous expliquer comment va être organisée la préparation pour le Mondial. On a hâte de retrouver le public de Blida, ça sera un court stage, mais on tâchera d’en profiter. Mais d’abord, il faut recevoir la convocation.

- Vous êtes le mieux placé pour accompagner Bougy dans l’axe, Belkalem est quasiment out et Halliche qui devrait revenir n’est pas sûr de débuter, qu’avez-vous à dire là-dessus ?

- Je ne peux rien dire, car c’est le coach qui décide. On spécule beaucoup, mais on a pu voir que seul le coach savait où et comment aller. On l’a vu sur le dernier match du Burkina, où il a pris tout le monde, y compris vous les journalistes, à contre-pied. Donc, aujourd’hui, je suis ouvert à tout. Vahid sait qu’il peut compter sur moi au milieu ou en défense centrale.

- Un mot sur la Slovénie et la Roumanie, les deux seuls adversaires confirmés pour le moment avant le Mondial ?

- On n’a pas d’avis à donner, le coach a choisi ça, il a sûrement une idée derrière la tête, on a entièrement confiance en lui.

- On parle de l’arrivée de Bentaleb, le jeune joueur de Tottenham, pour ce match. Le connaissez-vous ?

- Je l’ai vu à la télé. Dès que j’ai su qu’il y avait un intérêt de la part de l’EN, je dis que celui qui a la capacité d’apporter un plus, il est le bienvenu. Et si le coach et la FAF se sont penchés sur son cas, c’est qu’il mérite de venir. Ce qui est sûr, c’est que c’est un très bon joueur. Il est très jeune, il a tout l’avenir devant lui.

- Le cas Lacen est directement lié à ce dernier. Medhi devait changer de club, mais il ne l’a pas fait, et cette situation pourrait lui coûter sa place…

- Ça ne concerne que lui, mais ce n’est pas parce que Bentaleb vient que Lacen doit partir. On connaît tous les qualités de Medhi, on sait que c’est un cadre de la sélection, et surtout un très bon joueur. Les comptes, on les fera en mai, et c’est le coach qui décidera.

- Récemment, il y a eu un conflit entre Raouraoua et Vahid. On présume que vous l’avez suivi, et en tant que joueur, vous avez sûrement votre avis à donner…

- On a suivi ça comme tout le monde à travers la presse, on n’en sait pas plus, on n’a aucun moyen d’intervenir dans ce secteur là. Ce sont deux personnes qui savent où est l’intérêt de l’EN, c’est à elles de gérer ça, nous, on reste à l’écoute. Nous sommes que des joueurs, on n’est pas concernés.

- On vous laisse le soin de conclure en commentant la réaction des Belges qui sont super contents d’avoir hérité de l’EN…

- On sait qu’ils sont favoris, c’est normal qu’ils soient confiants. Nous, on se préparera en espérant être au rendez-vous le 17 juin, ça ne sert à rien d’entrer dans des déclarations qui sont, à mon sens, inutiles à l’heure actuelle.

S. M. A.

 

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