Mais la date FIFA du 5 mars est arrivée pour ramener tout le monde à la dure réalité, celle du terrain. L’adversaire sera rude, niveau Coupe du monde, et seuls les 23 meilleurs se verront proposer leur billet d’avion pour Rio. Le reste restera sur le carreau.
C’est terminé le monde des «Bisounours»
C’est comme si les 36 joueurs de la liste élargie, plus les cinq ou six autres noms qui n’en sont pas loin, puisqu’ils se distinguent chaque week-end dans leurs clubs respectifs allaient tous aller en coupe du monde, il n’y a qu’à lire les différentes déclarations. Idem du côté des supporters qui voyaient tous leurs chouchous présents au Mondial. Un monde parfait, un peu comme dans le dessin animé «les Bisounours», où tout le monde est beau, tout le monde est bon et tout le monde est gentil. Mais voilà, la récréation a été sifflée par le surveillant général, et ce «sur-gé» s’appelle Vahid Halilhodzic, et lui, il ne badine pas avec la discipline et ne s’embarrasse pas de fioritures. Alors que les 36 convoqués commençaient tous à espérer, il a ramené la liste de 36 à 28 joueurs juste quelques jours avant le début du stage. A ce moment- là, certains joueurs ont été confrontés déjà à la dure réalité puisque déjà «le carrosse s’est transformé en citrouille» pour Ishak Belfodil, Ryad Boudebouz et Nabil Ghilas par exemple et seul le jeune Nabil Bentaleb a réussi le test des nouveaux, lorsque le «roi Mohamed Raouraoua» est venu à Londres lui essayer le «crampon de verre» synonyme de sélection. Depuis le début de ce stage, fini de rire, le travail et la concurrence acharnée commencent. Seuls les meilleurs techniquement, physiquement et surtout moralement iront au Mondial et toute faiblesse, même minime, sera synonyme d’élimination.
Les joueurs sont déjà en compétition
Les joueurs qui composent ce groupe Algérie, et qui sont pour la plupart habitués à gérer la concurrence acharnée depuis leur plus tendre enfance, en centre de formation, ont compris tous les enjeux de cet Algérie-Slovénie. Même si certains cadres, comme Madjid Bougherra, Sofiane Feghouli, Islam Slimani, Hilal Soudani ou encore Raïs Mbolhi sont assurés sauf blessures bien entendu de disputer ce grand rendez-vous du football mondial, pour ce qui est du reste, il va falloir prouver et mériter sa place dans un jeu de chaises musicales qui sera sans merci. «Mort aux perdants, mort à celui qui flanche et mort à celui qui montrera la moindre faiblesse.» Les joueurs de l’équipe nationale en ont pris conscience et il n’y avait qu’à les voir, lors de leur arrivée, à l’aéroport Houari Boumediene hier, pour voir que leur attitude, leur regard et surtout la lueur dans leurs yeux ont changé. Même les déclarations ne sont plus les mêmes. Il n’ya qu’à voir l’entretien que nous a accordé Mehdi Mostefa dans notre édition de vendredi pour se rendre compte que la situation a évolué. Mehdi Mostefa, habituellement si pondéré et si modéré, met, à l’image de ses coéquipiers, les pieds dans le plat et «se mouille plus» comme on dit familièrement. Tous les joueurs veulent montrer qu’ils ont leur place sur le terrain et en dehors, qu’ils sont impliqués et nécessaires à la vie de ce groupe et personne ne veut être les Slimane Raho, Samir Zaoui ou Hameur Bouazza de 2014.
Le Mondial commencera mercredi
Un match amical de préparation, en Algérie, à la date FIFA du mois de mars précédant le Mondial, face à une équipe de l’ex-Yougoslavie, avec un milieu récupérateur qui va faire ses grands débuts, et dans un contexte de concurrence acharnée pour la liste des 23. Cela ne vous rappelle rien ? Mais si voyons, le match Algérie-Serbie en Mars 2010, au stade du 5-Juillet, avec les grands débuts de Mehdi Lacen. Un match perdu 3 à 0 par la génération de Rabah Saâdane et que certains avaient baptisé «la nuit des longs couteaux» puisqu’il a servi de jubilé à Samir Zaoui, Slimane Raho et bien d’autres, la plupart locaux, qui avaient été titularisés lors de ce match et qui n’ont plus jamais remis les pieds en équipe nationale par la suite. Aujourd’hui, la nouvelle génération, surtout les joueurs qui sont sur la sellette, connaît cette «jurisprudence Serbie» et ne veut surtout pas quitter le navire si près du but.
«Alea Jacta Est», traduisez, le sort en est jeté
Algérie-Slovénie sera très important à la fois pour les joueurs, les supporters mais aussi pour les observateurs avisés et le premier d’entre eux, Vahid Halilhodzic, car il sera intéressant de voir les Fennecs évoluer sur le terrain, en donnant le meilleur d’eux-mêmes tout en tirant la couverture vers leur côté du lit, justifiant le dicton qui dit que le football est un sport certes collectif, tout en étant un sport individuel. Sinon, il n’existera pas de «Ballon d’Or FIFA» ni de «Soulier d’Or» mais juste «L’équipe d’Or». Le sort en est jeté, la liste des 23 se jouera mercredi soir. Et même si Vahid Halilhodzic a déjà 18 noms dans sa tête, il reste 5 places à prendre pour le pays du roi Pelé. Le sélectionneur national, en vieux «briscard» du football, ne se basera pas uniquement sur les statistiques des joueurs et leur temps de jeu, mais surtout sur leurs capacités à se fondre dans le collectif, à se mettre au service des autres, à accepter une éventuelle place sur le banc des remplaçants tout en gardant cette folie technique individuelle qui peut permettre de débloquer une situation lorsque le match tarde à se décanter. Car s’il suffisait de mettre les 11 meilleures individualités en se basant uniquement sur les statistiques en club, le Brésil aurait trusté toutes les Coupes du monde.
M. B.