EN : Le nouveau visage des Verts

Le public algérien, les spécialistes, les observateurs et la presse nationale ont été les témoins hier d’un passage à un palier supérieur de notre équipe nationale. Unanimes, ils pensent tous que les Verts ont gagné en maturité, en technicité et en qualité de jeu.

Les changements effectués par Vahid Halilhodzic y sont pour beaucoup dans cette avancée. Pas moins de 5 éléments, tous jeunes, ont fait leur apparition dans le onze national. Cadamuro, Mandi, Ghoulam, Bentaleb et Djabou ont, en effet, joué pour la première fois ensemble et d’entrée. Chacun d’entre eux a apporté sa touche personnelle. Le tout a donné un jeu fluide, rapide et attractif.

 

Mandi : assurance défensive et bonne relance

Beaucoup pensent que l’Algérie n’a pas eu de vrais latéraux droits depuis Chabane Mrezkane. Karouf, Slatni, Brahami, Rahou, Meftah, Matmour, Ghezzal, Meftah, Kadir Mostefa. Ils ont tous tenté de combler ce vide, sauf qu’aucun d’eux n’a pu durer dans le temps. Certains parce qu’ils ne sont pas de vrais défenseurs, les autres n’ont pas été à la hauteur des espérances. Il a donc fallu attendre que la France nous forme un vrai arrière droit en la personne d’Aïssa Mandi pour voir la sélection nationale en posséder un. En effet, le Rémois a fait l’unanimité autour de lui. Pour sa première en vert, Aïssa Mandi a convaincu tout le monde, y compris Vahid qui dira à son sujet : «Il est pétri de qualités. Mandi n’est pas une découverte pour moi. Je connaissais sa valeur bien avant aujourd’hui, mais je dois dire que ce n’est pas encore gagné pour lui, il sera en concurrence avec d’autres joueurs.» Même s’il s’entête à le cacher, Mandi vient régler l’un des soucis majeur du coach. Avec son assurance défensive, sa hargne, sa simplicité dans le jeu et surtout sa bonne relance, ce joueur d’à peine 21 ans serait l’arrière droit de l’EN pour au moins les 10 années à venir.

 

Ghoulam : entre rigueur italienne et folie algérienne

En concurrence avec Mesbah pour le poste d’arrière gauche, Faouzi Ghoulam aura gagné plusieurs points hier. Grâce à sa vitesse, sa force physique et sa technique, il a été intraitable sur son couloir. Que ce soit en défense ou en attaque, le Napolitain a gagné presque tous ses duels. Sa présence dans l’équipe est un atout considérable. Avec lui dans le onze, on est sûr d’avoir un flanc gauche fort et dangereux. On n’a même pas besoin d’un attaquant sur ce couloir puisque Ghoulam peut assurer en défense comme en attaque. Sa qualité de centre, sa bonne relance et sa bonne vision du jeu font de lui un élément incontournable sur l’échiquier de Vahid Halilhodzic. Bien que Mesbah n’ait pas dit son dernier mot, on peut dire sans aucune crainte que l’ancien Stéphanois est présentement le titulaire au poste.   

 

Cadamuro, impérial en défense et à l’origine des deux buts

On s’attendait à voir Rafik Halliche remplacer Belkalem et Medjani forfaits, et on a été agréablement surpris de découvrir le vrai Cadamuro. Titularisé au poste de défenseur central gauche, ce qui est une première. Liassine a joué l’intégralité de la rencontre (la première mi-temps aux côtés de Madjid Bougherra et la seconde aux côtés de Rafik Halliche). Irréprochable défensivement, il a touché beaucoup de ballons où il a su garder son calme et user de sa technicité pour bien relancer le jeu depuis son arrière-garde. Très à l’aise des deux pieds et excellent de la tête, il a souvent permis à son équipe de percer le premier rideau défensif en maîtrisant la possession de balle tout en se projetant vers l’avant. C’est d’ailleurs lui qui est à l’origine des deux buts inscrits par son équipe. Le premier en lançant Djabou dans la profondeur, ce dernier obtenant le coup franc de l’ouverture du score de Soudani, et le second quand il s’est défait du pressing pour envoyer le ballon à Ghoulam qui sert Taïder qui conclut par une jolie frappe. Kada aurait pu être à l’origine de deux autres buts si Slimani et Yebda n’avaient pas manqué leur face-à-face. On ne dira pas que Cadamuro a assuré une place dans le onze, mais ce qui est sûr, c’est que Belkalem, Halliche et même Medjani ont désormais un sérieux concurrent surnommé Liassine-Bentaïba Cadamuro.

 

Bentaleb… et ce n’est que le début !

Willy Sagnol et David Ginola peuvent se mordre les doigts de ne pas pouvoir convaincre Nabil Bentaleb de jouer pour la France. L’Algérien a tout simplement été énorme, et pourtant, ce n’est que son premier match avec les Verts !  Au four et au moulin, le natif de Lille a non seulement justifié le bruit fait autour de sa venue en sélection en France, en Algérie et en Angleterre, mais a, en plus, confirmé son statut de titulaire dans l’une des plus grandes équipes en Europe, à savoir Tottenham. Endurant, hargneux et doté d’une justesse technique d’un très haut niveau, celui qu’on compare à l’ex-capitaine du Real Madrid, Fernando Rodondo en l’occurrence, a apporté le plus qui manquait à notre équipe. Servant de lien entre la défense et le milieu, le milieu et l’attaque, le Mostaghanémois a réussi là où beaucoup avant lui ont échoué. Nabil Bentaleb est sans conteste la pièce qui manquait au tableau de Vahid. Son arrivée renforce les rangs de l’Algérie et ne pourra qu’être bénéfique. Attendons de voir ce que fera ce joueur quand il emmagasinera plus de confiance et d’expérience en sélection.

 

Djabou force la main à Vahid

On a presque oublié que Feghouli était absent et le mérite revient à un seul homme, Abdelmouméne Djabou. Le joueur du Club Africain a prouvé hier qu’il n’est pas moins bon que ses concurrents au poste de meneur de jeu ou d’ailiers qui évoluent en Europe. Même Vahid était agréablement surpris par la classe et le talent de ce joueur qui a, à lui seul, dévoilé les faiblesses défensives de la Slovénie.  Après cette prestation, le Bosnien ne pourra plus l’ignorer. Ce dernier, qui disait il y a quelques mois que l’ex-Sétifien était un joueur de 10 minutes, s’est rétracté hier pour dire que ce joueur vaut de l’or. Après ce match, le classement ou l’ordre établi à son poste n’est plus valable. Brahimi, Ghilas, Kadir et même Feghouli et Soudani devraient prendre en considération ce petit homme. Depuis que les spécialistes réclament un attaquant percuteur, dribleur, provocateur, aujourd’hui, on en a un et il s’appelle Abdelmouméne Djabou.

 

N’oublions pas ceux qui n’étaient pas là 

On a vu le onze de départ et on a presque oublié que sur le banc de touche étaient assis des joueurs confirmés, de classe mondiale. Outre Feghouli absent à cause de son problème dentaire, Medjani, Halliche, Belkalem, Mesbah, Lacen, Yebda, Guedioura, Brahimi, Ghilas, Brahimi, et Kadir, en plus bien sûr de Belfodil absent pour les raisons que tout le monde connaît, sont tous des joueurs qui visent une place dans le onze de départ et ils en ont largement les qualités pour, à condition qu’ils prennent note de ce qui s’est passé avant-hier face à la Slovénie et qu’ils s’adaptent à ce nouveau style de jeu imposé par ces 5 nouveaux éléments dans le onze de départ. Certains ont déjà commencé à spéculer sur l’identité de celui qui devra céder sa place à Feghouli quand ce dernier sera là, d’autres avancent que la place de Mostefa sera prise par Medjani lorsque ce dernier sera guéri, mais nous, on dira que chaque place est à prendre. Il reste encore tout un stage et deux matchs amicaux pour le faire. La course est lancée, seuls ceux qui ont compris et appris la leçon donnée par Djabou, Bentaleb, Cadamuro, Ghoulam et Mandi seront couronnés.   

A. M.  

 

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