Cela fait longtemps qu’on n’a pas vu Fergani sur la scène footballistique, que devient-il ?
Disons que je prends une demi-saison sabbatique. Je m’occupe de ma société de Géo localisation, GPS, à Alger, elle est spécialisée dans les vols dans la mesure qu’on retrouve facilement une voiture volée par exemple. Disons que je prends du recul. Je me ressource pour revenir en force l’année prochaine.
Vous étiez bien parti pour diriger le volet technique au CA Batna, mais ça s’est plutôt mal terminé…
J’ai mis un terme à ma collaboration avec le CAB au mois d’octobre dernier. En réalité, j’étais forcé de partir. Je n’avais pas trouvé ce que j’ai demandé comme outil de travail. Je m’étais engagé pour construire quelque chose dans ce club. J’étais le directeur sportif et quand j’ai signé, j’ai demandé aux dirigeants de mettre les moyens à la disposition des entraîneurs. Le CAB et le MSPB ont leurs infrastructures, il suffit de les rentabiliser, leur donner vie. Quand on va à l’entraînement, on dirait qu’on nous emmenait dans un bidonville pour nous entraîner.
Mais ça n’a pas marché…
Ça ne pouvait pas marcher. On n’a pas eu une préparation digne de ce nom. On n’a pas fait de recrutement, le club était à l’agonie sur le plan financier.
Et puis, ce fut la rupture…
Oui. On ne s’entendait plus le président et moi. En fait, je n’ai pas aimé qu’on me juge chaque semaine. C’était insupportable. Et puis, le club n’était pas structuré. A titre d’exemple, on n’avait ni médecin ni kiné. Quand tu as un joueur blessé, tu dois attendre un mois pour le récupérer au lieu de 10 jours.
Avez-vous des offres pour l’année prochaine ?
Des touches seulement. Moi, je suis partant pour un projet et un challenge sportif et surtout rester 2 à 3 ans dans un club pour cueillir les fruits du labeur par la suite. En même temps, je me dis il faut être réaliste. C’est rare de trouver des clubs qui fassent confiance plus d’une année à un entraîneur. Certains clubs fonctionnent au rythme de 2 à 3 entraîneurs par an. C’est trop, mais c’est ça l’implacable réalité. Il y a tellement de concurrence au poste d’entraîneur que certains sont prêts à faire n’importe quoi pour être embauché.
Ça, c’est aussi de la faute des entraîneurs…
Je suis tout à fait d’accord avec vous. On a une association qui ne fait rien. Je dis à Biskri de bouger et faire bouger les choses. Il faut qu’on arrive a protéger notre métier. Les présidents font tout dans un club, ce sont eux qui recrutent les joueurs avant les entraîneurs, ils font ce que bon leur semble. En cas de pépins, ils recourent toujours à la solution de facilité, celle de limoger un ou deux ou autant qu’ils veulent d’entraîneur en une année. On doit revaloriser le métier d’entraîneur.
C’est important de se regrouper en association…
Beaucoup même. Il y va de l’intérêt de la corporation. Actuellement, on assiste à du n’importe quoi. Il faut remettre de l’ordre dans notre corporation.
Vous avez dit que vous êtes partant pour un projet, un challenge avec votre prochain club, si on ne vous propose pas ça allez-vous quand même prendre une équipe ?
S’il y a un projet ou un challenge, c’est mieux. Construire est l’expérience qui m’exalte le plus. Je peux le faire même avec un club de L2, je n’ai aucun problème après si des présidents ne voient pas l’utilité de la formation et de la construction, ça ne me dérange pas de gérer match par match.
Même si ce n’est pas ce que vous voulez…
Ce que je veux, c’est de me rendre utile. Pas uniquement. Tous ceux qui ont un vécu et une connaissance de la chose footballistique doivent s’y investir plus et surtout qu’on les laisse travailler. C’est tout ce qu’on demande.
Votre passage a la FAF vous a-t-il fait du bien ou au contraire il vous a fait perdre votre temps ?
Ce fut une bonne expérience mon passage à la FAF. J’ai passé 2 ans au lieu de 4, car par la suite il y a eu un malentendu.
C’est à propos des A’, n’est-ce pas ?
Oui. J’étais parti pour prendre cette équipe. On s’est mis d’accord sur tout, après je ne sais pas ce qui s’est passé. Il ne restait que la finalisation du contrat.
C’est peut-être dû à un cumul de fonctions, membre du BF vous ne pouviez par exercer un autre métier à la FAF…
D’abord, être membre du BF est une fonction bénévole. Etre en commission c’est mieux qu’être membre du BF, car à chacune de leurs réunions ils reçoivent une indemnité. Puis Tasafout est aussi membre du BF et est aussi manager général de l’EN et actuellement entraîneur adjoint, ce qui explique que ce cumul de fonctions ne pose pas problème.
Peut-être que c’est une question d’indemnité…
On n’avait pas encore abordé ce volet. On s’était mis d’accord sur le principe de mettre sur pied une EN A’ qui devait jouer les éliminatoire du CHAN. Le projet a été par la suite mis en veilleuse pour une raison que j’ignore jusqu'à la date d’aujourd’hui.
Et pourquoi vous avez démissionné ?
Pour la simple raison que je ne voulais pas être inutile au BF. J’estimais qu’avec mon expérience je pouvais encore aider comme on l’avait fait au retour de l’EN de la CAN quand j’ai encouragé Raouraoua à maintenir Vahid et lui offrir un sursis jusqu’au mois de juin et voir la suite à donner. Et puis, il y avait entre le BF et moi une confiance rompue par cette histoire des A’. Je n’ai pas du tout compris le pourquoi de la chose et je l’ai dit à Raouraoua.
Gardez-vous rancune au président de la FAF ?
Non, absolument pas. On s’est quittés en bons termes. Aucun problème ni avec lui ni avec les autres membres du BF.
Votre départ a également entraîné avec lui la mort de l’ACA, ou du moins on n’entend plus parler de l’Association des anciens internationaux…
L’Amicale des internationaux souffre financièrement. C’est une association humanitaire et de solidarité, on a aidé beaucoup d’internationaux et l’ACA n’est pas opposée à la FAF. Bien au contraire, on est partenaires. On a participé activement à la réélection de Raouraoua, car on estime que c’est le meilleur président que la FAF ait connu, en témoignent les stages des entraineurs, le siège de la FAF, le site de Sidi Moussa et j’en passe. Aussi, c’est un devoir de la FAF d’aider les anciens internationaux et pas qu’elle. Le MJS aussi doit apporter son aide.
Parlons à présent de l’EN, vous qui avait fait le Mondial espagnol pensez-vous que cette équipe peut aller au second tour ?
Elle doit le faire. Après 4 participations, il est temps pour le football algérien de passer au 2e tour et de vaincre ce signe indien qui nous bloque aux trois premiers matches. Notre EN en est capable, en toute franchise. Je sais que notre groupe n’est pas facile et qu’il y a la Belgique qui a une génération douée de joueurs mais on doit croire en nos possibilités. Il ne faut surtout pas perdre ce premier match face à la Belgique.
Pensez-vous qu’on peut les surprendre ?
Pourquoi pas, après j’émets un seul regret par rapport à cette sélection, c’est que ses joueurs n’ont pas de vécu ensemble. L’expérience est importante à ce stade de la compétition. On n’a que Bougherra qui a de l’expérience. Mesbah sera sur le banc je pense, car Ghoulam actuellement est énorme. J’aurais aimé voir Matmour dans cette équipe. Il a déjà joué un Mondial, il peut apporter un plus à l’équipe.
La venue de Bentaleb a musclé le milieu des Verts, les Belges s’en méfient déjà…
C’est un joueur qui se porte vers l’avant, il a effectivement apporté un plus à la sélection pour son premier match. On n’est pas titulaire à Tottenham pour rien. Son jeu est plus celui d’un 8 que d’un 6 ou 10.
Ne rappelle-t-il pas un certain Fergani ?
(Rire). Je dirais qu’il est comme Saïb. Il se porte beaucoup vers l’avant. Il a la technique et une excellente clairvoyance. Oui, il sera un atout au Mondial. J’aurais aimé qu’Yebda joue plus, car lui aussi c’est une grosse pièce.
Mais ce ne sera pas évident de passer au second tour…
Ce sera difficile, mais je crois en cette équipe. Elle n’a pas de vécu, mais elle de quoi compenser. Ce que je sais par contre, c’est que cette équipe est bien partie pour dominer l’Afrique les prochaines années. Elle est en mesure de remporter la CAN de 2015 ou 2017. Elle peut ramener un titre. J’en suis convaincu.
Passer le 2e tour alors qu’entre Raouraoua et Halilhodzic on est plus en désaccord qu’en accord…
Je comprends Vahid quand il réserve sa réponse pour après le Mondial. Il se met dans la peau de quelqu’un qui peut passer à côté de cette Coupe du monde et qu’il sera pestiféré par la suite.
En même temps, un bon Mondial lui permettra de renégocier en position de force son contrat, non ?
Oui, c’est une arme à double tranchant. Lui il a opté pour la prudence, qu’on le laisse travailler. En réalité, je pense que la collaboration Vahid-FAF est arrivée à son terme et qu’il faudrait opérer un changement, l’entraîneur le sait. Raouraoua aussi. Le choix de Gourcuff répond à cette question. Gourcuff, même s’il n’a pas une expérience avec une sélection, c’est un entraîneur qui a sa touche et peut aider l’EN. Je sais qu’il est partant pour les A avec peut-être un droit de regard sur les olympiques et le centre de formation. Je suis entièrement d’accord avec le procédé du président de la fédération, il ne veut pas qu’il soit pris au dépourvu, les éliminatoire de la CAN débuteront juste après le Mondial. Il n’aura pas le temps de prospecter.
Un petit mot sur le petit Fergani qui joue à l’USMH…
Je sais qu’à El-Harrach il est entre de bonnes mains. Cette demi-saison qu’il vient de passer, c’est celle de la transition, il doit faire ses preuves l’année prochaine et si Charef l’a pris dans son équipe, ce n’est pas pour mes beaux yeux. Charef est comme moi, il ne fait pas de favoritisme.
JSK-MCA en finale, un mot sur ce match…
C’est une finale de rêve qui opposera deux grands clubs. Que le fair-play soit et qu’ils nous offrent du spectacle. Le match va se jouer sur une très belle pelouse, le MCA et la JSK n’ont aucune excuse pour ne pas nous gratifier d’un bon spectacle. Evidemment, j’ai un penchant pour la JSK j’espère qu’elle remportera la coupe….
H. B.
«Hachoud a sa place en sélection »
Pour Ali Fergani, Vahid Halilhodzic a mis du temps pour régler le problème d’arrière droit. «Mandi apporte une solution, c’est un bon joueur mais il manque d’expérience. Je crois que Vahid ferait mieux de prendre aussi Hachoud, il a fait une excellente saison.» Une déclaration qui doit faire plaisir au Mouloudéen.
«Je quitte l’ACA»
L’ACA que préside Ali Fergani n’active plus depuis un certain temps. L’ex- capitaine des Verts en est conscient. « C’est vrai, l’Association des anciens internationaux n’agit plus et pourtant on a fait beaucoup de choses. Je crois que je ne vais pas continuer. Je vais organiser une AG et présenter mon bilan et laisser ma place à quelqu’un d’autre. L’ACA est un acquis qu’il faudrait préserver. »
Bio express
Ali Fergani, né le 21 septembre 1952 à Onnaing (France), est un ancien footballeur professionnel algérien et ancien entraîneur de l'équipe nationale algérienne. il était le capitaine du fameux Jumbo-Jet et de la grande EN des années 1980 et de celle qui a marqué l’histoire de la Coupe du monde en 1982. Fergani, c’est aussi un riche palmarès qu’on vous résume comme suit :
Joueur au NAHD
Vice-champion d'Algérie en 1973, 1976
Vainqueur de la coupe d’Algérie en 1979; Finaliste de la coupe d’Algérie en 1977. Finaliste de la coupe d'Afrique des vainqueurs de coupe en 1978.
A la JS Kabylie
Champion d'Algérie en 1980, 1982, 1983, 1985 et 1986.
Vainqueur de la coupe d'Algérie de football 1986 __
Vainqueur de la Ligue des champions de la CAF en 1981.
Vainqueur de la Supercoupe de la CAF en 1982.
Avec l’EN
Vainqueur des Jeux Panafricains en 1978.
Médaillé de bronze aux Jeux méditerranéens 1979 à Split
Médaillé de bronze aux Jeux panarabes en 1985 à Casablanca
Finaliste de la Coupe d'Afrique des nations en 1980.
Quart-de-finaliste aux Jeux Olympiques d'été 1980 à Moscou
Participation à la Coupe du monde en 1982
Entraîneur
Champion d'Algérie en 1990 avec la JS Kabylie
Vainqueur de la Ligue des champions de la CAF en 1990 avec la JS Kabylie.
Vainqueur de la CAN 1990
Membre du staff technique national
Vainqueur de la Coupe de la Ligue tunisienne de football en 2004 avec le CA Bizertin.
Quart-de-finaliste de la Coupe d'Afrique des nations en 1996 avec l’équipe d'Algérie.