Simondi : «Pourquoi on a raté nos objectifs»

Dans cet entretien qu’il nous a accordé, dimanche, à une heure tardive (23h), juste après son retour de Béjaïa, où son équipe venait de contrer amicalement le MOB, le coach des Vert et Noir, Bernard Simondi, nous a fait le bilan de son parcours avec le CSC, club qu’il ne dirige que depuis l’hiver passé.

Voulez-vous, d’abord, nous dire comment vous avez atterri à Constantine, l’hiver dernier ?

J’étais au Qatar quand un journaliste de l’ENTV, que je connais bien, m’a téléphoné pour me dire que la direction du club phare de Constantine voulait m’engager. Et, après que je lui ai donné mon accord de principe, il me mit en contact avec le directeur sportif d’alors, Boulhabib, qui sut me convaincre d’accepter de prendre en main son équipe qui, pour rappel, se trouvait en stage en Tunisie. Un stage que j’ai dirigé avec mon adjoint actuel, Medjahed, et l’entraîneur des gardiens. Malheureusement, ce regroupement n’a pas été fructueux, car on l’avait effectué sans huit de nos potentiels joueurs titulaires qui soignaient des blessures qu’ils avaient contractées lors de la phase aller.

 

Mais, malgré ces défections, vous aviez su réussir vos deux premières sorties avec le CSC. Voulez-vous nous dire un mot sur ces deux exploits que votre équipe a réalisé à Bordj et à Sétif ?

Oui, Dieu merci, bien qu’on ait joué ces deux matches, l’un de championnat et l’autre de coupe, sans plusieurs de nos titulaires, nous avions su battre, à Bordj, le CABBA et glaner les trois points et éliminer de notre chemin l’ESS qui, pour ceux qui l’ignorent, n’avait jamais, auparavant perdu une rencontre de coupe à domicile.

 

Est-ce vrai que la veille du match de coupe contre l’ESS, Boulhabib, vous a fait signer une déclaration sur l’honneur dans laquelle vous vous êtes engagé à qualifier le CSC au prochain tour de la coupe d’Algérie ?

Non seulement, il m’a fait signer, pour on ne sait quelle raison, une déclaration sur l’honneur où il était écrit, noir sur blanc, que je suis le seul responsable si mon club venait à être éliminé de la coupe, par l’ES Sétif,   mais il l’a fait aussi, avant la rencontre des 1/4 de finale de la coupe qu’on avait jouée contre la JSMC, car j’avais refusé qu’il s’immisce dans mes prérogatives et me dicte la composition de l’équipe.

 

En évoquant le match de coupe joué et perdu contre la JSMC, vous nous poussez à vous demander de nous dire qu’est-ce qui a manqué à votre équipe ce jour-là ?

La fraîcheur physique, car, comme vous le savez, avant d’affronter, le mardi 18 février, la JSM Chéraga, on avait été contraints de disputer, Les 14 et 15 février, deux matches, l’un de championnat face à la JSS et l’autre de coupe de la CAF contre les Red Lions. Cela pour vous dire que si on n’avait pas été victimes d’une programmation infernale, Chéraga ne nous aurait jamais éliminés de la coupe d’Algérie.  

 

Votre club a été contraint à jouer, cette saison, deux fois de suite, deux matches officiels, le même jour, et dans deux pays différents. Qu’avez-vous à dire à ce sujet ?

En nous contraignant à contrer le 8 février 2014, l’ASNN, à Niamey, et le MOB, à Béjaïa, puis à affronter, le 28 février le Red Lions à Monrovia et le MCEE à El-Eulma, avec deux équipes différentes, la LFP nous a rendu un fier service, car elle a permis au CSC de faire la une de tous les médias mondiaux et de voir son record inscrit dans le livre Guinness (rire).   

 

Certains disent que votre parcours avec le CSC que vous n’avez pris en main que l’hiver dernier, n’a pas été reluisant. Qu’avez-vous à leur répondre ?

Ecoutez, quand on m’a engagé, on m’a demandé de réaliser le meilleur parcours possible en championnat, aller le plus loin en coupe de la CAF et, surtout, de mener l’équipe en finale de la coupe d’Algérie. Mais, malheureusement, des impondérables nous ont, vraiment, pénalisés et empêchés d’atteindre notre principal objectif : la finale de la coupe d’Algérie. Malgré cela, je pense que notre parcours est honorable, car nous avons su assurer, très tôt, notre place en Ligue 1 et passer avec succès les deux premiers tours de la coupe de la CAF, une première pour notre club qui ne participe que, pour la seconde fois, à une compétition continentale.

 

Voulez-vous nous énumérer ces impondérables qui vous ont empêché de réaliser à moitié vos objectifs ?

Comme vous le savez, on a été contraints de jouer plusieurs matches, toutes compétitions confondues, en un laps de temps très court, plusieurs de nos joueurs se sont blessés, tour à tour. Ces blessures fréquentes de plusieurs titulaires nous ont beaucoup pénalisés, car elles nous ont obligés à remanier notre échiquier à chacune de nos sorties. Et le résultat est là : cela nous a fait perdre des points en championnat, une élimination amère de la coupe d’Algérie et une sortie par la petite porte de la coupe de la CAF. Et pour illustrer ce que j’avance, aujourd’hui (ndlr, dimanche passé), on vient de jouer une rencontre amicale contre le MOB sans dix de nos cadres : le gardien Cédric et les joueurs de champ : Belakhdar, Maïza, Berthé, Bahloul, Bezzaz, Derrag, Houri et Boulemdaïs, tous blessés et Bahloul autorisé à s’absenter pour régler un problème personnel.

 

Ne pensez-vous pas que si votre club avait engagé un préparateur physique, cela aurait évité à vos joueurs ces blessures à répétition ?

Je tiens à vous dire qu’en plus de mon adjoint, Medjahed, j’avais proposé à la direction du CSC d’alors, à ma prise en main de l’équipe de recruter un grand préparateur physique, Boudjemaâ  Mohamedi, mais on ne l’a pas fait, dommage. Cela dit, si nos joueurs se blessent fréquemment, c’est dû, en grande partie, à la programmation infernale qu’on nous a imposée et à l’absence de moyens de récupération.

 

La saison tire à sa fin, est-ce que la direction du CSC vous a proposé de renouveler votre contrat qui expire le mois de juin prochain ?

Si je prends en compte les déclarations du premier responsable de mon club employeur à la presse ces derniers jours qui ne cesse de ressasser que le CSC veut réengager l’un de ses anciens entraîneurs, on ne me proposera de renouveler mon contrat. 

 

Voulez-vous nous dire un mot sur les supporters du CSC ?

Ils aiment inconditionnellement leur club. Ils méritent tous les éloges, car ils jouent, très positivement, leur rôle de douzième homme. Vraiment, nous aurions aimé aller en finale de la coupe d’Algérie pour leur donner plus de joie et de bonheur, mais on n’a pu le faire. Dommage.

 

Après vos deux passages en Algérie, qu’avez-vous à dire sur le footballeur algérien ?

En général, le footballeur algérien est très talentueux techniquement mais il manque de culture tactique. Aujourd’hui, pour qu’un joueur de football qui manie bien le ballon, réussisse, il doit avant tout se mettre au service du collectif et être prêt à s’adapter à tout système de jeu. 

R. G.

 

Bio

Après avoir évolué comme défenseur sous les couleurs du SC Toulon, du stade lavallois, du Tours FC et de l’AS Saint Etienne, Bernard Simondi, qui va fêter son soixantième anniversaire le mois de juillet prochain, a mis fin à sa carrière de footballeur pour embrasser une carrière d’entraîneur en 1986 aux côtés de Robert Herbin qui coachait Al-Nasr saoudien. Puis, il est rentré en France, pour diriger de 1987 à 1991 plusieurs clubs de l’Hexagone. Après ce passage dans son pays, Simondi exerça son métier en Afrique, de 2000 à 2008, où il prit en main l’EN de Guinée et celles du Bénin et du Burkina Faso et les clubs de l’ES Sahel (Tunisie), de l’ES Sétif (Algérie) avec laquelle il a gagné la coupe arabe avant d’être poussé à partir. Enfin, avant d’atterrir le mois de janvier dernier au CSC, Simondi a fait un détour au Qatar où il a eu à diriger, de 2008 à 2011, le club Al-Kharitiyath, puis la sélection des U23 qatarie et Al-Ahly de Doha.

- «Je ne pense pas qu’on me proposera de rester»

- «Face à l’ESS et la JSMC en coupe, Boulhabib m’a fait signer 2 déclarations sur l’honneur…

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