Sadmi : «On aurait pu remporter la Ligue des champions»

Tout comme la plupart des joueurs qui ont fait la grande JSK à l’époque du Jumbo-jet, c’est très jeune que Hamid Sadmi a rejoint ce club et c’est à l’âge de 15 ans alors qu’il a été encore cadet que Mahiedine Khalef lui offrit la possibilité de jouer avec les grands. C’est le début de la grande histoire de Sadmi à la JSK. Cela l’a conduit a prendre le brassard de capitaine, de réaliser une carrière de haute facture avec en prime des titres sur le plan national, africain et une participation au Mondial 1986. La carrière de Hamid Sadmi se poursuivra en tant que dirigeant, quand en compagnie de Hakim Medane , Saïd Boukhari et Jean Yves ils ont remis la JSK sur la voie du sacre en remportant un titre de championnat et en arrivant au dernier carré de la Champion’s League africaine. La finale JSK-MCA, c’est aussi ces souvenirs de ce clasico qui a tenu en haleine les férus du foot dans les années 1980, ce sont ces images qui reviennent dans la tête de cet arrière droit d’exception qu’était Hamid Sadmi. Entretien

On ne vous voit plus dans le circuit du foot, qu’êtes-vous devenu ?

C’est vrai, je me suis retiré du monde du foot. Cela fait quand même un bon bout de temps que je ne m’y intéresse plus, je suis plus occupé par la gestion de mes affaires personnelles et je me consacre entièrement à ma famille.

 

Entièrement coupé du monde du foot

Non, pas à ce point, je continue à aller voir les matches de la JSK, je suis aussi l’actualité à travers ce que rapporte la presse. Je suis à jour. Mais mes fonctions je ne sais pas si je peux en parler ou non…

 

Allez-y

Donc mes fonctions de représentant de Nissan à Tizi Ouzou m’ont pris tout mon temps. Il n’y a plus de place pour autre chose. Même quand les anciens m’invitent à jouer des matches, je ne trouve pas de temps. C’est vraiment malgré moi, mais cela ne m’empêche pas de rester collé à l’actualité. Le foot je l’ai dans le veines je ne peux pas m’en passer, je regarde, le lis, je sais ce qui se passe, je vis a Tizi Ouzou et l’actualité de la JSK  ne m’est pas étrangère.

 

Avez-vous mis une croix sur le foot, dans le sens où vous vous seriez décidé à ne plus vous impliquer dans la gestion par exemple

Non, pas à ce point. Disons qu’actuellement la situation ne me permet pas de revenir sur la scène. En toute franchise, je ne sais pas si je vais reprendre ou non. Ce qui est sûr, c’est que s’il y a un projet sérieux professionnel, la tentation de revenir peut devenir grande, car moi, je ne suis pas un adepte du bricolage. Quand j’entame un travail je le fais dans les normes ou je ne le fais pas. Actuellement, ça ne me donne pas envie de revenir. Ça ne m’emballe pas.

 

Mais un appel de la JSK peut tout changer non ?

Ah oui. On ne peut pas dire non à la JSK. Ce club c’est un tout, c’est nous- mêmes, c’est notre identité, notre famille. C’est tout un symbole. Ce n’est pas un club de quartier ou d’une ville, il représente toute une région…c’est un important legs qu’on doit préserver quelle que soit la circonstance..

 

 Après une longue carrière de joueur, vous avez connu la JSK en votre qualité de président de section, comment cela s’est passé ?

J’ai vécu une expérience exaltante. En compagnie d’une bande d’amis, à savoir Hakim Medane, Saïd Boukhari et Jean Yves Chay, on a passé d’agréables moments. Je pense qu’on a fait du bon boulot. On a mis du cœur et on a donné tout ce qui a été en notre possession.

 

En plus il y avait des titres

Oui, on a tenté une première expérience en 2003, où on avait gagné la 3e Coupe de la CAF. On est revenus aux affaires en 2006 avec à la clé un titre de champion et une qualification aux poules de la Ligue des champions africains…ah !

 

Des regrets ou ce sont des souvenirs qui vous reviennent

Les deux. En toute franchise, si on avait continué avec le même groupe, je suis sûr qu’on aurait pu remporter la Ligue des Champions deux ou trois ans plus tard. Il y avait un bon noyau de joueurs et le club était géré selon des normes professionnelles.

 

La cassure était inévitable

Je ne sais pas si on pouvait l’éviter ou non, mais je crois que les réserves que nous avions émises à l’époque ont été confirmées par la suite. Un club ne peut réussir dans l’improvisation. Rien ne se fait au hasard…

 

Si c’était à refaire, qu’allez-vous changer dans votre mode de gestion

Rien. Absolument rien du tout. On a travaillé bénévolement et on a mis notre amour au service du club en premier chef. Nous ne pouvions pas nous tromper. Il y avait beaucoup de sincérité entre nous. De la complicité aussi. On se comprenait et chacun avait une tâche bien définie. Boukhari était un as dans l’administration. Hakim venait à peine clore une riche carrière de footballeur et sa grande expérience, notamment celle qu’il a vécue au Portugal, nous a beaucoup aidés. C’était une expérience unique à mon avis.

 

En toute franchise, êtes-vous prêt à  reprendre l’expérience telle que vous l’avez laissée

Je ne saurais vous dire, car il s’agit tout de même d’un club de cœur, mais pour l’heure, mes obligations professionnelles et ma famille me prennent tout mon temps.

C’est un refus diplomatique

Je vous ai dit que s’il y a un projet sérieux, professionnel, pourquoi pas, mais revenir juste pour que les gens nous voient, non je n’en ai pas besoin. Je me passe de cette publicité. Ce n’est pas dans ma conception ni dans mon éducation. Quand je suis dans quelque chose c’est pour contribuer et pas pour faire de la figuration.

 

Ce retour est difficile donc ?

Vous savez, un club comme la JSK a besoin de beaucoup de monde à ses côtés. Il doit être comme le Bayern ou le Real, où les anciens veillent au grain. Imaginez que dans les travées du 1er Novembre vous croisiez Iboud, Fergani, Adghigh, Bahbouh et bien d’autres anciens….rien qu’à y penser j’ai la chair de poule… ça devrait être ça la JSK. Avec tous ses enfants sans exclusion aucune.. Ils ont le vécu ils savent ce qu’il faut pour ce club. Ce n’est pas n’importe quel club. Ce n’est pas un club de quartier ou même d’une ville, c’est le symbole de toute la région. C’est la JSK.  

Un nom qui pèse lourd dans l’histoire,

hé ben oui mon frère. La JSK, c’est une longue histoire faite de sacrifices de bravoure et d’abnégation. Ce sont les longues nuits blanches de Abdelkader Khalef qui ont donné les jalons d’un club moderne à la JSK. Sous son ère, on était des professionnels. Mahiedine, son frère,  a repris le flambeau et a fait grandir le club. Ce sont eux qui ont fait la JSK au prix d’énormes sacrifices. Et ce n’était pas évident que la JSK réussisse dans un contexte qui lui était difficile. Et puis j’ai envie de lancer un coup de gueule.

 

Faites-vous plaisir

J’enrage quand j’entends des soi- disant spécialistes parler du football algérien et font semblant d’ignorer ce que Mahiedine Khalef a fait. Ce coach a beaucoup donné, pas seulement pour la JSK, qui était un exemple  à suivre sur tous les plans et à des clubs étrangers, qui étaient ébahis par son sens de l’organisation et son professionnalisme, mais aussi pour la sélection, car de mémoire, je n’ai jamais vu une sélection algérienne jouer du beau football comme l’a fait notre EN à son époque. Et puis il y a ce Mondial de 1982, dont les performances sont encore présentes de nos jours…il ne faut pas être ingrat avec un homme qui a sacrifié sa vie pour le foot..

 

L’actuelle JSK semble revenir aux bonnes habitudes de l’époque en lançant des jeunes du cru que sont Rial, Aiboud, etc.

Et ils sont pas mal ces jeunes. Je les ai vus à la télé et je suis allé exprès au stade pour les voir de très près. Ils sont tout simplement très bons. Si on a décidé d’investir dans les jeunes du cru, je pense que cette politique finira par porter ses fruits. Je me rappelle que Khalef m’a lancé dans les A alors que je n’avais pas 15 ans. Si je n’avais pas bénéficié de cette confiance, je n’aurais peut être pas fait la carrière que j’ai eue, ni avec la JSK ni avec l’EN.

J’ai des titres et un Mondial à mes cordes, j’espère que la nouvelle vague de la JSK connaîtra la même réussite

Déjà ils ont une finale de coupe d’Algérie à jouer. Je leur souhaite tout le bonheur du monde et qu’ils remportent ce trophée. C’est dans leurs cordes, même si je reconnais que ce ne sera pas facile. Ils auront un sérieux client en finale.

Le MCA, une vieille connaissance pour vous ?

Ah oui ! que de bons souvenirs avec le MCA. Les gens parlent du clasico, je pense que le clasico s’est arrêté dans les années 1980. Avant, il y avait de la ferveur entre les deux équipes. Nos supporters respectifs attendaient l’établissement du calendrier pour cocher la date des matches entre le MCA et la JSK….

Les Mouloudéens attendaient de voir Benchikh et ses petits ponts à l’œuvre

Bof ..disons ils avaient Benchikh et Bouiche, nous, on a eu Tchipalou, Bahbouh et d’autres artistes. Une anecdote me vient à l’esprit. En EN espoirs, j’avais Laroussi comme coéquipier. Il y avait un MCA-JSK qui se disputait la nuit au 5-Juillet. Laroussi jouait arrière droit, avec mes dédoublements avec Tchipalou on lui a fait voir de toutes les couleurs. A la mi-temps il est venu me voir pour me dire de le laisser seul avec Tchipalou, de ne pas l’aider…. C’est Laroussi lui-même qui m’a raconté cela, c’est vous dire qu’il n’y avait pas que les dribbles de Benchikh,eux aussi ont souffert avec nous.

Jouer une finale de coupe d’Algérie est devenu un événement à la JSK, un club qui avait pour habitude de collectionner les titres

Ecoutez, c’est tout a fait normal qu’un club connaisse un passage à vide. C’est vrai que le nôtre a duré, mais ça revient. J’espère que notre équipe va triompher le 1er mai prochain.

 

 «Iboud à Fergani : c’est ça la JSK»

«L’arrivée d’Ali Fergani à la JSK en 1979 coïncidait avec notre déplacement à Batna. Nous avons affronté le CAB de Zender dans l’enfer de Sefouhi. Sur une banderole il était écrit «Vaincre ou mourir, il faut battre la JSK». La tension était à son paroxysme, surtout quand on a mené par 2 buts à 0. Le nez de Cerbah sera fracassé ce jour-là. Le CAB arrache le nul. Dans les vestiaires, Fergani qui était assis à mes côtés s’adressera à Iboud et dira : «Je sais pourquoi la JSK est un grand club. Au NAHD, on vient on gagne à Sefouhi sans problème mais avec la JSK c’est autre chose, la pression est terrible.» Iboud rétorque : «Tu n’as encore rien vu.»

 

Le coach d’Aïn Mlila, la D2 et le 6 à 0

«Je me souviens de 1985, quand l’entraîneur de l’ASAM donnait son pronostic sur la saison qui allait débuter. Il a placé la JSK dans le lot des équipes qui vont rétrograder. Ça ne nous a pas plu. En cours de saison on a joué contre l’ASAM et on les a écrasés 6 à 0, cet entraineur a changé de discours. On a eu affaire a une très grande équipe.

 

Bio express

Hamid Sadmi est né le 1er janvier 1960 à Azazga. Ayant fait ses débuts à la JSA, il rejoindra à l’âge de 15 ans la JSK, où Khalef n’hésitera pas à lui offrir un temps de jeu avec les seniors. Mais c’est en 1978 qu’il entamera officiellement sa carrière de joueur qui va le conduire à un riche palmarès qui se résume comme suit :

7 fois champion d’Algérie

2 coupes africaines des clubs champions

2 coupes d’Algérie et une Supercoupe à son actif

Avec la sélection algérienne, il prendra part à une CAN en 1984 et en 1986, avec à la clé une demi-finale de cette compétition. Sadmi fera partie de l’équipe qui a pris part à la Coupe du monde 1986 au Mexique. Il a à son actif 27 sélections. Ce n’est qu’en 2003 qu’on retrouvera Sadmi entamer une carrière de dirigeant en sa qualité de président de section. Il remportera une Coupe de la CAF et un titre de champion.

 

«Les Khalef ont fait la JSK au prix de grands sacrifices»

 

«Quand je vois Aïboud et Raiyah, ils me rapellent ma jeunesse»

 

«Le MCA avait Benchikh et Bouiche, nous, on avait Tchipalou, Bahbouh et bien d’autres artistes»

 

 

 

 

 

Mea culpa

Dans l’entretien que nous a accordé Ali Fergani, une malencontreuse erreur a glissé en attribuant les initiales ACA à l’AAIF pour parler de l’Amicale des anciens internationaux algériens de football. Nos excuses pour Fergani.

 

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