Ghazi : «La JSK doit se méfier du MCA en finale»

Farid Ghazi a été le fer de lance de la JSK. Il en imposait en attaque, cela l’a naturellement mené à l’étranger où il a porté le maillot de Troyes. Son ascension fulgurante a été malheureusement freinée par un certain Allain Perrin qui lui demandait de ne pas faire le Ramadan. Plus de dix ans après, l’enfant «têtu» de Guelma en reparle et nous donne de ses nouvelles…

Que faites-vous depuis que vous avez arrêté votre carrière de footballeur ?

Je gère mes petites affaires personnelles, j’ai une petite huilerie, en plus de quelques trucs que je fais avec des va-et-vient entre l’Algérie et la France. Sinon, on peut dire que la plupart du temps je suis avec ma famille.

 

On peut dire que votre passage à la JS Kabylie vous a marqué, puisque cette région est réputée pour son huile…
(Rires) Oui, de toute la Kabylie, la JSK et la JSMB. Non, plus sérieusement, pas mal d’autres régions du pays sont spécialisées dans la production des olives, Guelma notamment est réputée pour ça et Roknia, mon village d’origine, l’est encore davantage. C’est pour cela que je me suis lancé dans le domaine et que j’y ai monté ma petite usine.

 

Parlez-nous en un peu plus…
D’abord, il faut rappeler que c’est un  travail saisonnier, de fin novembre jusqu’à février, trois mois environ. La production dépend de beaucoup de conditions. Je suis nouveau dans le domaine et, personnellement, j’arrive à réunir 5 000 à 6 000 quintaux d’olives par saison. Je n’ai pas le compte exact, mais cela doit faire entre 10 000 et 15 000 litres d’huile par saison. Pour tout dire, je me suis lancé dans cette activité pour prendre du recul et me changer un peu du football. Investir dans le domaine de l’agriculture a été un bon moyen de faire une coupure.

 

Que faites-vous aussi avec les va-et-vient entre l’Algérie et la France ?
Oui, j’ai un petit commerce également en France, c’est une petite qui œuvre dans le bâtiment, la peinture… Mais c’est une coupure qui ne durera que quelques années, je compte rapidement réoccuper le domaine du football. D’ailleurs, pour ne rien vous cacher, j’ai passé avec succès le diplôme d’entraîneur premier degré, l’année dernière. J’attends le mois de décembre prochain pour obtenir le deuxième degré, incha Allah.

Quelle est votre ambition : débuter avec les jeunes, comme Hamid Rahmoui, qui vient d’être champion avec les juniors de l’USM Sétif, ou prendre une équipe de seniors ?
Sachez que j’ai passé mon premier degré avec Rahmouni, justement, je le félicite au passage pour son sacre. Cela dit, je ne serai nullement gêné de commencer avec les jeunes ou comme adjoint d’un bon entraîneur pour avoir de l’expérience. J’aime apprendre, je veux toujours découvrir des choses nouvelles. Et quand je me sentirai assez rodé pour le métier, je ne dirai pas non pour prendre seul une équipe et la diriger pour une ou plusieurs saisons.

En parlant de Rahmouni, cela vous renvoie sûrement vers la finale JSK-MCA, à Zabana, quel souvenir en gardez-vous ?
Les larmes qu’on a versées… On a perdu sur une erreur, humaine il faut le souligner, de notre gardien Bougherara. On l’a accepté, certes c’est le football, mais c’est toujours douloureux de perdre un match à deux ou trois minutes de la fin des prolongations, encore plus quand c’est une finale du championnat. Dans nos têtes, on se préparait pour aborder l’épreuve fatidique des tirs au but, mais il y a eu cette erreur fatidique finalement. Le foot, c’est ça aussi.

Vous ne parlez pas du penalty non sifflé en votre faveur quelques moments avant le but victorieux du MCA…
Je n’aime pas trop en parler. Au jour d’aujourd’hui encore, tous ceux que je rencontre m’en parlent et disent qu’il y avait penalty. Et c’est vrai ! Lazizi m’avait bel et bien fauché dans la surface de réparation. A mon avis, l’arbitre voulait faire en sorte que le match se termine sur un score de parité, il a donc fermé l’œil sur la faute, mais devant l’erreur de Bougherara il n’avait pas de parade pour que la partie se termine sur un nul. Si je ne me trompe pas, quelque temps après, l’arbitre a fait son mea-culpa et a reconnu qu’il avait fait une erreur en ne sifflant pas penalty pour la JSK.

Le 1er mai prochain, la JSK et le MCA se retrouveront encore en finale, cette fois en coupe d’Algérie, qu’en dites-vous ?
La JSK étant mon club, naturellement, je souhaite que ce soit elle qui remporte le trophée. En tout cas, je suis sûr que ce sera un beau match avec de l’intensité dans le jeu, comme c’est toujours le cas lors des matches entre ces deux grands clubs. La JSK a récemment battu le MCA 3 à 0 en championnat mais elle doit se méfier du Mouloudia. Certes, c’est un petit avantage psychologique, mais il faut se rappeler qu’un match de coupe est totalement différent, surtout quand il s’agit de la finale. La motivation n’est pas la même et le Mouloudia le cherchera justement à prendre sa revanche. La finale se jouera sur des détails, le plus concentré aura le plus de chance de l’emporter.

Revenons à vous, beaucoup estiment que vous êtes passé à côté d’une grande carrière de footballeur, et vous ?
C’est vrai, mais je dois souligner que je ne regrette jamais ce que je fais. C’est un principe chez moi. Après la JSK, je suis passé professionnel à Troyes. Les deux premières années, tout s’est bien passé. On était très bien, Rafik Saïfi et moi, nous ne manquions de rien. Puis, la saison d’après, les choses ont basculé. Il y a des choses que je n’accepte pas. Je ne tolère pas la hogra, l’injustice. Peut-être est-ce parce que je suis têtu, mais c’est ainsi.

Disons, un vrai Guelmi !
(Rires). Oui, c’est un peu ça, je dois dire cependant qu’on retrouve cette attitude chez beaucoup d’autres joueurs. Mais puisqu’on parle de Farid Ghazi, restons-y. Quand vous devez le savoir, il y a eu le problème du jeûne avec l’entraîneur. J’étais sur ma lancée, cela m’a stoppé net. Alain Perrin, le coach de Troyes, a freiné mon élan. Les deux premières saisons avec l’ESTAC, je plantais pourtant chaque fois plus de 10 buts. J’étais sur une courbe ascendante quand le problème avec Alain Perrin est survenu. Il voulait qu’on ne jeûne pas, cela a changé beaucoup de choses. Il n’y avait plus de confiance entre lui et moi. Dès lors, la rupture était consommée et dans ce cas, c’est souvent le joueur qui en fait les frais. Perrin ne me faisait plus jouer, je devenais moins compétitif. On sait ce qu’il advient après : le rendement ne peut plus être à cent pour cent, on a encore moins de temps de jeu et on ne peut plus reproduire ce qu’on faisait les première années. De là, j’ai décidé d’aller aux Emirats. Là-bas, je le reconnais, la différence de niveau est celle entre le ciel et la Terre. Le championnat n’y était pas relevé mais, énervé par le comportement de Perrin, c’était une opportunité à ne pas rater. Je suis parti en prêt avant de revenir ensuite à Troyes.

Où vous n’avez pas tenu à rester longtemps…
Effectivement, j’ai résilié mon contrat avec l’ESTAC et je suis revenu à la JSK. Ensuite, je suis parti en Tunisie jouer au profit de Béja. La saison suivante, je suis rentré au pays, et j’ai joué pour l’ES Guelma, le club de ma ville. Puis, j’ai vécu une belle expérience en Fianlande.

Qu’est-ce qui vous a emmené là-bas ?
Mon destin, tout simplement. Mais je vous l’ai dit, ce fut une expérience enrichissante. J’ai joué, durant deux saisons, avec le HJK Helsinki. La première année, j’ai gagné la coupe de Finlande et j’ai inscrit 12 buts en championnat.

Puis, retour au bercail, direction la JSMB et la Petite-Kabylie…
Oui, avec la JSMB, j’ai réalisé deux saisons pleines. C’est avec ce club que j’ai fini ma carrière. Je l’ai fait sur une bonne note puisque nous avons remporté la coupe d’Algérie. Je pouvais poursuivre et jouer encore. J’en avais les capacités physiques et le talent, mais je me suis souvenu que tout a une fin dans la vie, que le mieux est de toujours faire en sorte de laisser une bonne impression de soi. Finir en offrant sa première coupe d’Algérie à Béjaïa, son premier titre aussi, je ne pouvais pas espérer mieux.

Pour finir comme on a commencé, c’était donc comme une belle… olive sur le gâteau !
Voilà, on serait tentés de le dire comme ça, la boucle serait ainsi bien bouclée. Mais je ne saurais conclure sans vous remercier de vous être souvenu de moi. Cela fait longtemps que je ne m’tais pas exprimé sur les colonnes de Compétition. J’espère bientôt me consacrer de nouveau au football et réinvestir le terrain de l’autre côté de la barrière.

Y a-t-il un futur Ghazi en préparation chez vous ?
Peut-être viendra-t-il de ma maison ! J’ai quatre enfants, deux filles et deux garçons, tous des férus du sport. L’aîné des garçons est porté sur les sports de combat, mais le petit, à quatre ans déjà, il ne se sépare presque jamais de son ballon de football…
                                                      H. D.

- «Alain Perrin a freiné ma carrière»
- «En décembre, je passerai le diplôme d’entraîneur 2e degré»
- «J’ai monté une huilerie à Guelma, dans mon village»



Bio express
Farid Ghazi est né le 17 février 1974 à Guelma. C’est avec l’ES Guelma qu’il a débuté sa carrière avant de se faire connaître à l’US Chaouia. Cet avant-centre racé ne tarda pas à intégrer la sélection nationale, notamment après avoir opté pour la JSK où il devint le meilleur buteur du championnat d'Algérie durant la saison 1998-1999, avec 19 buts. Transféré à Troyes, il étala tout son talent dans l’Hexagone. Il revint ensuite à la JSK, puis rallia l’O. Béja en Tunisie, avant de retourner à Guelma. En 2006, il surprit tout le monde en allant jouer en Finlande, décrochant au passage une coupe. Farid Ghazi a fini sa carrière avec la JSMB, club avec lequel il remporta la coupe d’Algérie.

Suspendu pour… «propos racistes» en Finlande !
En 2007, alors qu’il portait le maillot de HJK Helsinki, le club finlandais, Farid Ghazi a été suspendu pour un match. L'arbitre de la rencontre a fait savoir que notre compatriote l'a traité de… raciste. Le comité de discipline de l'association de football finlandaise n'a pu mettre au clair cette affaire. Farid Ghazi ne savait même pas parler le finlandais, on se demande comment il aurait pu tenir des propos racistes dans cette langue.

 

Tags:

Classement