Taïder : «Passer le 1er tour, bien sûr que c’est faisable»

C’est au centre d’entraînement Appiano Gentile que Saphir Taïder nous a reçu jeudi dernier pour nous accorder cet entretien.Beaucoup de choses ont été dites sur son manque de compétition au cours de ces dernières semaines au sein de son équipe, l’Inter de Milan. Il nous apporte ses explications tout en évoquant bien évidemment l’EN. Entretien.

Ma première question est toute simple. Comment vous portez-vous depuis le dernier match face à la Slovénie ?

Ça va plutôt bien, comme le reste de mes camarades de l’équipe nationale, je pense. On avait rejoint nos clubs juste après la qualification pour la Coupe du monde et on s’est justement retrouvés pour la rencontre amicale face à la Slovénie. Je dois dire que ça nous a fait beaucoup de bien. On a pu voir aussi lors de cette rencontre amicale que les automatismes au niveau du jeu étaient là et on a senti que l’équipe se connaissait suffisamment bien même si cela ne fait pas très longtemps que nous sommes ensemble, ce qui est plutôt positif.

Après la qualif’, c’était la première fois que vous restiez aussi longtemps sans vous regrouper (un peu plus de trois mois). Avez-vous trouvez le temps long ?

Il est vrai que ça fait toujours plaisir de se retrouver, car l’ambiance en équipe nationale est différente de que je peux avoir ici à l’Inter de Milan au quotidien, mais je n’ai pas spécialement pensé à cette longue coupure. J’ai savouré la qualification, mais il y avait aussi des matchs importants avec l’Inter de Milan et de ce fait il était impératif de rester concentré.

Lors du match retour face au Burkina Faso, vous avez été mis sur le banc. Ce fut la première fois depuis votre arrivée en sélection. Comment avez-vous vécu cela d’autant plus qu’il s’agissait d’un match décisif ?

Etre sur le banc des remplaçants ça ne fait jamais plaisir et cela pour n’importe quel joueur. Il faut savoir qu’on soit professionnels ou même amateurs on a tous envie de jouer, car on joue au football pour prendre du plaisir. Mais bon, même en étant sur le banc de touche face au Burkina Faso, il fallait rester concentré, car le coach peut vous faire appel à n’importe quel moment pour aider l’équipe. En fait, on tenait tellement à cette qualification qu’on est restés tous solidaires en nous encourageant tout au long de la rencontre et, Dieu merci, il y a eu la qualification au bout.

Beaucoup de choses ont été dites lors de ce match par rapport au fait que vous étiez très en colère et que vous étiez même sur le point de quitter le stage…

Franchement, ce ne sont que des rumeurs, on est dans le foot et avec les médias ça va très vite. Je peux vous assurer que rien de tout cela n’est vrai et tout ce qui a été dit est archi faux. Mais pour moi le plus important lors de cette rencontre est que nous sommes tous restés concentrés et on a bien prouvé sur le terrain que nous avions bien travaillé auparavant, et cela à tous les niveaux, afin d’être prêts et répondre présents le jour J. La preuve, c’est qu’on s’est qualifiés.

Face à la Slovénie, vous étiez titulaire, vous avez été bon et vous même marqué. Pour vous, c’était l’occasion de prouver que vous avez votre place au sein de cette équipe…

Déjà, je n’avais absolument aucune revanche à prendre sur personne. L’Algérie, c’est notre pays, et nous, joueurs, on se doit d’honorer le maillot de la meilleure des manières, car beaucoup rêveraient d’être à notre place. En ce qui me concerne, à chaque fois que je rentre sur le terrain, que ce soit avec la sélection, avec l’Inter de Milan ou même avec des amis quand je joue chez moi, c’est pour gagner. Donc, le plaisir, on le prend quand on joue bien et quand on gagne forcément. Moi, je joue normalement comme je sais le faire et ça s’est plutôt bien passé pour nous. 

Vous ne jouez pas beaucoup au cours de ces dernières semaines, pensez-vous que ça sera un grand souci à un peu plus d’un mois de la Coupe du monde ?

Bof, un souci, on est des joueurs professionnels et on travaille beaucoup à l’entraînement. En sélection, on joue tous dans le haut niveau. Mais en ce qui me concerne, même si je n’ai pas joué 100% des matchs, j’en ai quand même joué une très grosse partie, 25 matchs, c’est pas mal et plutôt positif. Je me sens beaucoup plus fort qu’avant, car je suis dans un très grand club. Je suis encore très jeune et, comme je viens de vous le dire, je me sens beaucoup plus fort que la saison précédente. C’est surtout cela qu’il faut retenir. Sur toute la saison j’ai fait les ¾ des matchs dans l’un des meilleurs clubs au monde, et c’est pour ça que je me sens plus fort qu’avant.

Mentalement, on devient aussi plus fort…

Bien évidemment, un grand club, c’est complètement différent, car on n’a pas le droit de se relâcher, tous les week-ends il faut gagner pour rester dans le haut du tableau, sinon ça ne va pas. Donc, moralement et même au niveau de la maturité, j’ai énormément progressé et je le ressens au quotidien. Il faut savoir aussi que dans un grand club la concurrence est énorme, ce n’est pas comme dans les clubs «normaux», mais c’est comme ça qu’on progresse. Une carrière ça se construit sur plusieurs années et pas seulement sur quelques mois, donc, moi, je suis plutôt content.

Vahid Halilhodzic, lors du dernier stage, a beaucoup insisté sur le manque de compétition en affirmant que seulement trois à quatre joueurs sont sûrs de faire le Mondial…

Je dirais qu’un entraîneur doit savoir motiver ses joueurs et le coach le fait bien, car un entraîneur qui ne dit jamais rien, ça ne poussera jamais un joueur à progresser. Donc, il est normal que le sélectionneur essaye de viser haut afin qu’on aille dans ce sens et c’est plutôt une bonne chose.

A trois matchs de la fin du championnat, vous gardez toujours espoir de retrouver du temps de jeu ? 

Vous savez, dans le foot ça va très vite, c’est à moi de rester professionnel comme je l’ai toujours fait jusque-là et montrer chaque jour à l’entraînement que je suis prêt à jouer beaucoup plus. Ensuite, il y a des coachs qui font des choix et il faut les respecter tout simplement.

Peut-on dire que vous vous êtes bien adapté au sein de ce grand club qui est l’Inter de Milan ?

Franchement, je me suis vite adapté, car je parlais déjà italien et c’était beaucoup plus facile pour moi. Ensuite, au niveau de mes coéquipiers, il y a énormément de bons joueurs, et il est clair que, dans le jeu, c’est beaucoup plus facile de se retrouver. Mais je sens surtout que j’ai beaucoup progressé.

Un nouveau joueur, Nabil Bentaleb, a rejoint l’équipe nationale. Qu’a-t-il apporté ?

D’abord, c’est un très bon joueur pour son âge, car il ne faut pas oublier qu’il est très jeune, il n’a que 19 ans. Il joue dans un grand club européen et tout le mérite lui revient parce qu’il n’a pas toujours eu un parcours très facile. Il a réussi à se battre et à montrer qu’il avait des qualités pour évoluer à ce niveau-là. Pour ce qui est de la sélection, il nous a fait du bien parce qu’il aime jouer au ballon, et nous on est aussi des joueurs qui aimons faire circuler la balle. Il s’est très bien intégré au sein de l’équipe, car ce n’était pas simple pour une première. On va dire qu’il a réussi son baptême du feu.

23 joueurs seulement prendront part à la Coupe du monde, qu’est-ce qu’on se dit, on y sera, on n’y sera pas ?

Avant l’annonce de la liste, il faut surtout continuer à travailler pour être au top. Personnellement, en ce moment, je suis concentré à 100% avec mon club l’Inter de Milan. Ensuite, il faudra attendre la liste pour se projeter sur le Mondial.

Deux matchs amicaux avant la Coupe du monde, pensez-vous que ça sera suffisant ?

On n’a pas besoin non plus de 30 matchs amicaux. Je pense que deux matchs, ça suffit, il faut être prêts physiquement. Ensuite, le résultat au moment de vérité on le verra lors des trois matchs de la Coupe du monde.

Le président de la FAF a été très clair avec vous lors du dernier stage en affirmant que l’objectif sera de passer le premier tour. Est-ce faisable ?

Pour moi, c’est faisable, il faut toujours être ambitieux et croire en soi. On est une équipe de jeunes avec beaucoup de qualités et des cadres qui sont là pour nous encadrer. Donc, on essaiera de faire le maximum pour passer au deuxième tour.

Le fait de jouer un gros calibre le 1er match (la Belgique) n’est-il pas un avantage ?

Les trois matchs seront difficiles, on ne peut pas se fixer seulement sur un match. Il y aura neuf points en jeu et à nous de prendre le maximum, mais tous les matchs seront difficiles et importants.

Depuis votre arrivée en sélection face au Bénin, vous êtes déjà à trois buts ?

Il est vrai que je suis un milieu de terrain qui aime bien se projeter vers l’avant pour être à la finition des actions, car je suis attiré par les buts. Je pense que ça fait partie de mes qualités.

Les supporters, comme à chaque fois, ont cassé leur tirelire pour venir vous soutenir. Un mot pour vos fans…

Je pense que la sélection est un modèle pour tout le monde, car ça fait rêver tous les petits et on se doit de donner une très bonne image du pays. On demande seulement à nos supporters de rester comme ils sont et de nous soutenir comme ils l’ont toujours fait. On les remercie et on les attend au Brésil, incha Allah.

Asma H. A.

«A l’inter, j’ai joué les ¾ des matchs…»

«… Je me sens beaucoup plus fort qu’avant»

«Face à la Slovénie, je n’avais aucune revanche à prendre»

«Bentaleb nous a fait du bien»

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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