La JSK, votre ancienne équipe, a perdu la finale de la coupe d’Algérie contre le MCA, comment jugez-vous sa prestation ?
Je ne serai sans doute pas le seul à relever que la JSK a dominé presque toute la rencontre. Mais, comme on dit, dominer n’est pas gagner. Le Mouloudia a abordé le match en ne perdant pas de l’esprit qu’une finale se joue souvent sur un détail. A mon avis, si la JSK a échoué, c’est parce qu’elle n’a pas osé. Peut-être parce que son équipe est composée en majorité de joueurs qui ont livré une finale pour la première fois de leur carrière. Dommage pour la JSK que j’aurais aimé voir sacrée. Mais bon, dans une finale, il y a toujours un vainqueur et un vaincu, il faut accepter la sentence.
Vous dites que la JSK n’a pas osé, pouvez-vous développer votre opinion ?
En tant que technicien, je suis d’avis à dire que la JSK avait les moyens de tuer le match durant les 90 minutes du temps réglementaire. Après avoir ouvert la marque, le MCA s’est cantonné derrière, se limitant à procéder par des contres. Cela tout le monde l’a constaté. À partir de là, on a clairement vu que la JSK a pris le match en main, elle pouvait donc faire la différence et tuer le match en 90 minutes, et ce, pour plusieurs raisons.
Lesquelles ?
C’est parce que la JSK avait une meilleure fraîcheur physique et que, de plus, elle avait la possession du ballon. Elle avait une bonne emprise sur la rencontre.
Finalement, si vous dites que la JSK n’a pas osé, doit-on comprendre que c’est parce qu’Aït Djoudi n’a pas mis assez d’attaquants ?
A mon avis, oui. Mekkaoui a été aligné devant, dans le couloir, mais il reste un défenseur, pour moi. Mekkaoui est bon quand il monte de derrière, mais il ne peut pas le faire quand il est dans le couloir. Cela étant dit, Aït Djoudi connaît mieux que moi son équipe, c’est lui qui a été avec elle toute la semaine avant la finale, il sait qui était en forme et qui ne l’était pas, il a donc ses raisons.
Vous vous rangez donc du côté de Hannachi qui a laissé entendre que les rentrées de Raiah et Aouedj ont été tardives ?
C’est le choix de l’entraîneur, c’est lui qui doit décider. Moi, je suis toujours contre le fait qu’un autre que le coach intervienne dans le domaine technique. Hannachi a dit ce qu’il a dit, mais le premier responsable technique c’est l’entraîneur. Et puis à quel moment aurait-il fallu intégrer ces deux joueurs ? D’entrée comme titulaires ? De mon point de vue, quand Raiah et Aouedj sont rentrés, ils avaient quand même assez de temps pour faire la différence. Ils avaient au minimum les deux prolongations pour le faire, cela sans compter leur temps de jeu en seconde période du temps réglementaire. Dans une équipe de football, on aligne onze joueurs et c’est l’entraîneur qui décide. Je crois qu’Aït Djoudi sait ce qu’il fait.
Alors, finalement, Hannachi s’est trompé dans son jugement ?
Je ne parle pas de Hannachi, je parle d’Aït Djoudi qui a fait un choix. Et s’il fallait injecter ces deux joueurs plus tôt, à la place de qui aurait-il fallu le faire ? Selon moi, il aurait été plus judicieux de ne pas titulariser Maroci. Cela faisait un moment qu’il ne jouait pas en raison de sa blessure, il aurait été plus opportun de le garder sur le banc et le lancer en seconde mi-temps.
Le match n’a pas été d’un grand niveau, quelqu’un a trouvé la formule pour la résumer : une finale à 3 Rial !
Oui, c’est vrai. Il ne s’agit pas cependant d’accabler Rial. Il ne faut oublier les nombreuses fois où il a fait gagner la JSK. Il a marqué contre son camp, l’erreur est humaine.
Etait-ce la faute de Rial ou, comme le disent certains, d’Asselah ?
J’ai évolué au poste de défenseur central et je sais de quoi il en retourne dans cette situation. Si Asselah a crié «laisse !», ce serait donc la faute de Rial. Si le gardien ne l’a pas fait, alors ce serait l’erreur du défenseur. Peut-être y a-t-il eu manque de communication entre les deux, en fin de compte ? Le but est survenu très tôt, la défense a manqué de concentration. On a surtout oublié qu’une finale se joue sur des détails.
Rial s’est rattrapé ensuite en égalisant sur un penalty contesté par les Mouloudéens…
Là, il n’y a pas de doute, le penalty y était, il y avait faute de main de Djeghbala. On l’a vu à la télévision.
Malheureusement, Rial s’est loupé à la fin dans son tir au but. A-t-il bien fait de le tirer dans le même côté que pour son but égalisateur ?
Rial a fait son choix. Il est arrivé aux meilleurs joueurs du monde de se planter dans cet exercice. Rappelez-vous ce qui est arrivé à Franco Baresi, l’illustre défenseur central du Milan AC. Avec la sélection italienne, il a loupé son tir au but en finale de la Coupe du monde, en 1994, aux USA ! Voilà une preuve supplémentaire que ça arrive même aux plus grands.
Au bout du compte, la malédiction de la JSK en finale face au MCA se poursuit…
Voilà, après Oran et le stade Zabana, cette fois, c’est Blida et le stade Tchaker. Mais ce qui est le plus désolant, c’est que la JSK va terminer sa saison sans aucun titre, c’est dommage pour un aussi grand club. Cela fait maintenant plusieurs années que le club ne gagne pas de titre, ce n’est pas bon. Jadis, on remportait chaque saison un titre : le championnat, la coupe d’Algérie ou la coupe d’Afrique. Ce n’est plus le cas.
Que doit faire la JSK pour redorer son blason ?
Déjà, il faut la stabilité du staff technique. Il faut garder Aït Djoudi pour deux ou trois années consécutives, c’est ce qui faisait gagner les titres à la JSK d’antan. De mon temps, nous avons eu Harouni, Allah yerrahmou, durant deux saisons, ce fut pareil avec Saâdi. C’est de cette manière qu’on permet à un coach de connaître ses joueurs et d’en tirer le meilleur ensuite.
Faut-il renforcer le groupe avec de nouvelles recrues ?
La JSK a un bon effectif. Son équipe est solide en défense, le milieu de terrain est bon, en attaque il y a Ebossé mais également Messaâdia qui aurait été bien utile ce jeudi contre le MCA. L’an passé, il débloquait les situations, il a un excellent jeu de tête avec un excellent timing. Mais bon, ce qui manque vraiment à la JSK, c’est un meneur d’hommes au milieu, un peu comme l’étaient Kaci Saïd Mohamed et Chérif El-Ouazzani à l’époque.
Pourquoi de tels joueurs spécialement ?
La JSK joue bien au ballon, mais, quand elle est confrontée à des équipes agressives, elle perd de sa superbe. Un meneur d’hommes comme ces deux gars boosterait l’équipe et lui permettrait de se transcender contre des adversaires agressifs.
Comment ça se passe pour vous avec le NRB Réghaïa ?
Dieu merci, à merveille. A mon arrivée, l’équipe était au bas du classement de la Ligue nationale amateur. Les responsables du club ont été à mes côtés. Maintenant, à six journées de la fin, le club a assuré son maintien.
On pourrait alors vous voir à la JSK ?
A mon avis, non. Peut-être dans cinq, six, sept ans... Pour le moment, je suis très bien, je suis même aux anges !
H. D.
«Elle pouvait tuer le match en 90 mn
«Il manque à l’équipe un meneur d’hommes comme Chérif El-Ouazzani
«Faut pas blâmer Rial, Baresi a raté en finale du Mondial»
Bio express
Rezki Amrouche est un ancien défenseur international algérien né le 17 novembre 1970. C’est au NA Hussein Dey qu’il a été formé avant d’aller vite gonfler les rangs de la JS Kabylie. En optant pour la Club Africain, en Tunisie, il brille au point de faire rappeler Fodhil Megharia, son illustre devancier dans le même club et en sélection. Après un retour à la JSK, il rejoint le Stade Brestois pour deux saisons, avant de rentrer définitivement au pays. Il portera tour à tour les couleurs de l’USM Blida, de la JSM Béjaïa puis de l’OM Ruisseau où il achève sa carrière de footballeur avant de passer de l’autre côté de la barrière et revenir entraîner la JSK, en compagnie de Nasser Sandjak. Sa carrière de footballeur a été bien remplie, cependant. Avec la JSK, il a remporté le championnat d’Algérie, l’ex-coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe, la coupe de la CAF et la Ligue des champions arabe. Sous le maillot du Club Africain, il a brandi la coupe de Tunisie.
Il a manqué le but csc de Rial
Rezki Amrouche n’a pas assisté en direct au but marqué, dès la 4’, contre son camp par Rial. «J’étais au volant de ma voiture, quand je suis rentré à la maison, on jouait déjà la septième minute de la finale», relate l’ancien défenseur international de la JSK, avant de poursuivre : «J’ai été alors surpris de voir le score déjà en défaveur des Canaris. J’ai dû attendre quelques minutes pour voir la réalisation, à l’occasion d’un replay qui m’a montré que la JSK avait encaissé un but contre son camp.»