Doukha : «Le 22 mai, je signerai pour Braga»

Azzedine Doukha a été pour beaucoup dans les bons résultats obtenus par l’USMH cette saison. Le joueur a fait parler son expérience pour aider ses jeunes coéquipiers à surmonter le dur début de saison et tenir le coup face à une situation financière des plus pénibles. Il a joué son rôle de leader et c’est cette sagesse que convoite Vahid Halilhodzic en sélection, car, en plus du talent, Azzedine Doukha est agréable à vivre et sait aider autrui.

Vous avez obtenu une très belle victoire face au MCA. L’USMH est au pied du podium à présent et peut même terminer la saison vice-championne. Personne n’aurait parié sur un tel parcours…

Oui, je vous le concède. On est revenus effectivement de loin. On a fait un début de saison catastrophique, 4 défaites et un nul, soit 1 point à la 6e journée, et revenir ainsi dans la course pour une place honorifique, il fallait le faire et on l’a fait

 

C’est typiquement harrachi ça, une équipe qui joue le maintien et les premiers rôles la même saison… (Rires)

Oui, comme vous le dites, c’est typiquement harrachi. On a frôlé la catastrophe et on se retrouve aujourd’hui disputant des places d’honneur en championnat. On aurait pu même inquiéter l’USMA dans son poste de leader.

 

Oui, si vous n’aviez pas perdu beaucoup de points à domicile…

On a perdu 6 points d’entrée, et au décompte final, il s’avère que ces points sont importants. Effectivement, on aurait pu aspirer à mieux. Je dirai même, plus logiquement, cette année, c’est celle des titres, tout comme l’année passée d’ailleurs.

 

Pourquoi cela n’a pas été le cas ?

Tout simplement parce qu’on a passé la majeur partie de la saison à revendiquer notre argent. On est des salariés et des pères de famille, on en avait besoin pour vivre. Et si on reste 5, 6 mois, voire plus sans son argent, je ne pense pas qu’il y ait un employé au monde qui puisse accepter cela. On a donc été obligés de recourir aux grèves pour faire entendre notre voix.

 

Et cela a fini par donner des résultats…

Oui, mais pas comme on le souhaitait. La direction avait d’énormes problèmes financiers. Laïb était obligé de jeter l’éponge, un autre président est arrivé ; on croyait qu’il pouvait régler nos problèmes, mais il est venu sans le moindre sous. Les supporters n’ont pas voulu de lui. Pour eux, ce serait mieux de fonctionner sans président qu’avec quelqu’un qui n’a aucune solution à proposer. Je pense qu’ils ont raison.

 

Ils vous ont beaucoup soutenus les supporters de l’USMH…

Enormément. Ils sont uniques, à mon avis. Il leur est arrivé de venir nous voir à l’entraînement et de nous demander de faire grève, car la direction est absente. Ils nous ont demandé de ne pas jouer le match du CSC, par exemple. Ils savent qu’on se sacrifie beaucoup pour l’équipe, et de par leur geste, ils ne veulent pas que les dirigeants tirent profit de ce que nous endurons.

 

Comment cela ?

Quand on joue, on gagne et on n’est pas payés ; les dirigeants ne vont pas sentir la pression et continueront à faire semblant qu’ils font tout pour l’équipe. Il fallait réagir et les pousser à trouver des solutions

 

C’est pour cela que vous avez exigé le retour de Laïb…

On n’a rien exigé, mais il était le seul capable de trouver des solutions. D’ailleurs, il a débloqué quelques salaires, ce qui nous a un peu libérés.

 

C’est pour cela que vous avez fait un parcours de champions à la phase retour…

En partie, oui. Mais, il faut dire que nous, les joueurs, on a décidé de mettre la main dans la main et d’aider l’équipe à se ressaisir.

 

Charef a été tout le temps à vos côtés… 

Oui, je ne le nie pas. Tous les entraîneurs ont défendu notre cause. Ils sont dans la même situation que nous. Nos entraîneurs ne sont pas mieux logés que nous, mais on a réussi à constituer une famille unie autour du beau projet qu’est l’USMH.

 

On sent que vous parlez avec beaucoup d’amertume et des regrets…

Et comment ! C’est un bijou qu’on a comme équipe. On pouvait réaliser un meilleur parcours. On avait les moyens humains, je veux dire. Des entraîneurs, des joueurs et tout un staff unis pour la même cause et portés par la même envie de vaincre. L’amour du foot nous a rassemblés, mais dommage que ce club n’est pas au mieux sur le plan financier. S’il avait été repris par une entreprise, je suis sûr que cette dernière aurait hérité d’un trésor.

 

Donc, c’est uniquement ce problème d’argent qui était derrière le mauvais départ de l’USMH…

Uniquement cela. Ce que beaucoup de gens ne savent pas, c’est que nous avons débuté la saison alors que nous n’avions pas signé nos contrats. On est parti à l’aveuglette à l’aventure. On n’était pas protégés, on pouvait se blesser sans qu’il y ait une couverture médicale, par exemple. On a pris d’énormes risques pour l’USMH, mais à un moment, on doit dire stop à ça. Il faut que ça cesse. Comme la direction a tardé à régulariser la situation des joueurs, on a fini par craquer et déclencher ces grèves. On ne pouvait plus vivre de promesses.

 

Comment êtes-vous arrivé à faire un parcours exemplaire à la phase retour, alors que les mêmes problèmes sont toujours là ?

On s’est donné le mot d’unir nos forces et d’aider cette équipe de l’USMH à sauver sa saison. C’était encore possible, même le podium était encore réalisable. Il ne fallait surtout pas laisser le club couler. On était à deux doigts en tout cas de la faillite. Mais nous avons décidé de tout faire pour que les intérêts du club soient préservés. On l’a fait grâce à la volonté des joueurs et du staff technique. Même les médecins et les kinés se sont sacrifiés pour être présents avec nous, et, avec cette synergie, on a réussi à replacer l’USMH en haut.

 

Ce qui est un grand exploit…

Et dire que s’il y avait une grosse entreprise derrière ce club, ou s’il n’y avait pas ce problème d’argent, on aurait dominé le football national et jouer même les premiers rôles en Afrique.

 

Regrettez-vous d’être resté une saison de plus à l’USMH ?

Non, et puis je ne pouvais faire autrement. J’étais sous contrat.

 

Mais il était question que vous quittiez ce club en début de saison, l’USMA et le MCA étaient prêts à mettre le paquet pour vous avoir…

Pas uniquement ces clubs, j’avais également des touches à l’étranger. A vrai dire, la direction avait envisagé de me revendre. Il y a beaucoup de dettes que Laïb ne pouvait me régler, et la solution était que je sois transféré. Moi et le club, on serait gagnants.

 

Mais ce transfert ne s’est pas réalisé, Charef a mis son veto…

Oui. L’entraîneur avait raison. L’équipe s’apprêtait à disputer une coupe africaine et elle ne pouvait plus se permettre de perdre des joueurs. Bounedjah est parti, il fallait coûte que coûte que je reste pour Charef.

 

Et vous l’avez fait contre votre gré ?

Non, disons que j’étais compréhensible avec le club ; de même que j’ai exigé de recevoir mon dû et de ne pas vivre avec des promesses.

 

En 2015, on doit vous retrouver dans un autre club normalement…

Possible.

 

On a beaucoup parlé de Setubal, Braga, Guimarães, qu’en est-il au juste de ces contacts ?

A vrai dire, c’est mon agent qui s’occupe de cela. Je lui fais entièrement confiance et je sais qu’il peut.

 

Et qu’y a-t-il concrètement comme offre pour vous ?

Je vais vous faire une confidence. Le 22 de ce mois, les dirigeants de Braga vont se déplacer à Alger pour me proposer un contrat

 

Ils ne vont pas repartir les mains vides…

Evidemment, puisque je vais signer ici le contrat, si Dieu le veut. On a tout réglé avec eux, et je suis sur le point de rejoindre ce club.

 

C’est une bonne nouvelle, ça

Merci. Je le souhaite.

 

Comme ça, vous allez partir au Mondial l’esprit tranquille…

Il faudrait d’abord que je sois parmi les 23, et cela reste des prérogatives de l’entraîneur.

 

Mais vous savez que Vahid vous fait confiance depuis 2011, même s’il ne vous fait jouer que rarement…

C’est le cas et c’est grâce à lui que je suis en sélection. Il nous a beaucoup apporté et je suis sûr que c’est un entraîneur juste et qu’il prendra celui qu’il jugera être le meilleur.

 

En toute franchise, croyez-vous que cette EN est capable d’aller au second tour ?

Oui, on a de bonnes individualités au niveau de tous les compartiments. C’est vrai qu’il y a le manque d’expérience de certains, mais, sur ce plan, je mise sur le savoir-faire du coach qui va mettre toutes ses connaissances au service de l’EN. Lui aussi, il veut réussir son Mondial.

 

Simple curiosité : comment un gardien international comme vous aujourd’hui n’a pas réussi à s’imposer au MCA ?

Pour la simple raison qu’à cette époque, le MCA avait un grand gardien qui est Benhamou. Et puis, je ne suis pas resté longtemps dans ce club, je suis parti au Portugal, à Setubal, avant de revenir en Algérie et jouer à l’USMH. Et c’est la meilleure chose qui me soit arrivée dans ma carrière.

 

Celle de quitter le Portugal et signer à l’USMH ?

Oui.

 

Comment cela ?

Tout simplement que ce retour m’a permis de me distinguer et de taper dans l’œil du sélectionneur national qui m’a convoqué, et depuis, je suis en EN…

 

Et que peut-on vous souhaiter de mieux ?

D’aller au Mondial. Je souhaite franchement faire partie des 23 qui vont jouer la coupe du monde.

 

Alors, tout le mal qu’on vous souhaite est de vous voir dans la liste de Vahid.

H. B. 

 

«Mon rêve, c’est d’aller au Mondial»

 

«S’il n’y avait pas ce problème d’argent, l’USMH aurait dominé le foot en Algérie»

 

Ah ! ce maudit passeport 

En signant le 22 mai prochain un contrat avec Braga, Azzedine Doukha ne fait qu’un retour au Portugal puisqu’il a déjà joué dans ce championnat en défendant les couleurs de Setubal. Il devait signer un contrat de 3 ans, mais il n’est resté finalement que 8 mois à cause d’un passeport qui comportait une erreur ? En effet, un ex-dirigeant du MCA s’est chargé de lui préparer son passeport en commettant l’erreur de mentionner «sans profession» à la case emploi, alors qu’au Portugal, on lui a exigé de mentionner athlète comme emploi. Il devait donc refaire ce passeport, et comme il lui était impossible de le faire rapidement, il a dû revenir en Algérie signer à l’USMH et attendre la fin de saison pour repartir à Setubal. Malheureusement pour Doukha, ce club a tout changé, de la direction au staff technique, et le projet d’un retour dans ce club est tombé à l’eau.

 

Vitor Baia l’a recruté

Quand il était au Portugal, Azzedine Doukha a eu l’agréable surprise de croiser sur son chemin Vitor Baia, le légendaire gardien de but du Portugal.

Il était chargé par Setubal de faire des tests à des gardiens que ce club envisageait de recruter. Doukha était dans le groupe et il a séduit ce grand portier qui a donné son accord pour le recruter. C’était avant que cette erreur sur le passeport n’intervienne et n’oblige le gardien de but des Verts à revenir au pays. Un mal pour un bien finalement puisque Doukha est devenu international, il s’apprête à aller au Mondial et il est sur le point de retourner au Portugal sans faire de tests.

 

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