Dziri : «L’USMA peut briller en Champions League»

Incontournable, Bilel Dziri l’est dès qu’il s’agit de la chose footballistique. Du haut de ses quarante-deux ans, ses cent sélections, ses 600 matches de Division Une et ses vingt ans de présence dans le football national, le monsieur a beaucoup de choses à dire. Nahdiste de naissance, Usmiste d’adoption, Bilel Dziri, que nous avons rencontré hier chez Mohamed le marchand d’instruments de musique, du côté du café Le Repère, le point de ralliement de tous les Sang et Or, nous ouvre son cœur.

L’USMA termine la saison en roue libre. Leader incontesté, votre équipe écrase tout sur son passage. Est-ce que vous vous attendiez à un tel parcours ?

Oui, bien évidemment. Quand je vois le parcours que nous avons réalisé la saison dernière, je me dis qu’il nous incombait de faire mieux cette saison. Ce que nous avons fait, Dieu merci. Nous avons fait cavalier seul, oui mais écraser tout le monde non, je crois que le terme est un peu fort. Disons que nous avons dominé tout le monde. D’aucuns ne s’attendaient pas à nous voir réalisé cet excellent parcours, mais moi je m’attendais un peu à ce qu’on soit un cran au-dessus, du moins par rapport à notre marche de la saison précédente. Nous avons fait la course en tête, cela nous a permis de bien contrôler. Nous avons eu de la réussite, nous avons aligné un grosse série de bons résultats, et puis voilà on termine premiers, c’est un titre amplement mérité.

 

Certains avaient craint la déstabilisation du groupe après le départ de Courbis et la venue de Velud, il n’en fut rien. Vous aviez craint vous aussi…

Pas le moins du monde, non. Après le départ de Courbis, j’avais pris l’équipe à Oran où nous avions gagné. Velud était venu juste après, la transition s’est faite en douceur, je n’avais jamais douté, je savais que les choses allaient se passer au mieux pour nous.

 

L’USMA dispose du même effectif depuis trois, voire quatre années, mais cette saison, on a vu une équipe un cran au-dessus. Selon vous, qu’est-ce qui a fait que vous survoliez le championnat ?

Il y a deux saisons, nous avons raté le titre d’un cheveu, en se faisant battre par la JSM Béjaïa chez nous à Omar Hamadi, alors qu’il nous fallait au moins prendre un point et gagner le dernier match pour être déclaré champion. Nous avons manqué de réussite, de chance j’allais dire, mais c’est le football, on ne peut pas prévoir un résultat à l’avance. L’année dernière, nous avons gagné la coupe d’Algérie et la coupe arabe. Nous étions engagés sur quatre fronts, ça a été très difficile pour nous, et puis il y a la Ligue qui exige vingt-cinq licences seulement, ce qui a fait que nous nous sommes dispersiés un peu. Mais avec deux titres, je crois que le compte est bon pour le club. Cette saison, nous avons pris le départ en étant libre de tout engagement, si je puis m’exprimer ainsi. Cela nous a permis de respecter notre plan de marche, la suite vous la connaissez.

 

Bilel Dziri, beaucoup pensent qu’à quarante-deux ans, avec toute votre expérience, tout votre vécu, il est grand temps de prendre seul la barre d’une équipe…

Les gens font le parallèle avec l’Europe quand ils voient un joueur de trente-huit ans qui raccroche et qui va entraîner une équipe. Pour ce qui me concerne, je ne suis pas pressé, je suis en train de préparer mes diplômes, une fois mon cursus terminé, je prendrai certainement une équipe en qualité d’entraîneur en chef. Comme je viens de le dire, les gens comparent avec l’Europe, moi je dis que nous avons nos particularités, alors faisons avec. Je suis en train d’apprendre aux côtés des entraîneurs qui se sont succédé à la barre technique de l’USMA, je prends note de tout ce qu’ils font, comme je prends le meilleurs de chacun d’eux. Une fois tout rassemblé, je pourrai voler de mes propres ailes. Vous savez que chaque entraîneur a sa façon, chaque entraîneur a sa façon de communiquer avec les joueurs. Je prends de chacun le meilleur comme je viens de vous le dire.

 

Quelle est la place de Bilel Dziri dans le staff technique de l’USMA ?

Bon, je suis entraîneur adjoint, j’effectue des séances d’entraînement, selon les directives du coach principal. Je suis consulté pour diverses choses dans divers sujets. On discute avec l’entraîneur en chef, on parle de notre équipe, il me demande mon avis sur certains aspects du jeu de l’équipe, etc. Mais en définitive, c’est  toujours l’entraîneur en chef qui prend les décisions et ma foi je trouve cela normal, c’est lui le comptable devant la direction du club. Nous constituons un staff, nous avons, chacun de nous, une mission avec des prérogatives bien définies, nous nous réunissons et nous discutons de tout ce qui a trait à notre équipe et c’est, comme je viens de vous le dire, au coach de prendre les décisions qu’il juge les plus à même de faire avancer l’équipe.

 

L’USMA est championne, le vice- président Rebouh Haddad a clairement fait part de l’ambition de son équipe pour la prochaine saison. «Ce sera la Ligue des champions», avait-il dit. Pensez-vous que votre équipe est en mesure d’aller chercher ce titre de champion d’Afrique ?

Gagner un titre de champion chez soi, dans son propre championnat c’est bien, ambitionner de gagner la Ligue des champions c’est mieux. L’objectif numéro un, c’est d’arriver aux poules de cette prestigieuse compétition. Je pense vraiment que c’est une ambition tout ce qu’il y a de légitime. L’USMA va entrer dans cette compétition continentale avec comme objectif de jouer les premiers rôles et qui dit premiers rôles dit jouer le titre. Cependant, il ne faut pas oublier que nous avons un titre à défendre, que nous le défendrons aussi avec toute notre énergie.

 

Avec l’effectif actuel…

Oui, mais bien sûr on va se renforcer. Il y aura certainement des arrivées et des départs, mais cela ne veut pas dire que nous allons chambouler l’équipe. De par le monde, toutes les équipes qui se fixent un objectif  comme nous le faisons nous aujourd’hui doivent se renforcer.

 

Vous dites qu’il y aura des départs et des arrivées. Dans quel secteur vous voyez qu’il faut se renforcer ?

Je pense honnêtement que nous avons un effectif assez complémentaire et nos lignes homogènes. Nous avons une bonne défense, un bon milieu de terrain…  En attaque nous n’avons pas le meilleur buteur du championnat, mais nous avons quand même une attaque qui marque. Vous dire aujourd’hui quel est le secteur qui devrait être renforcé ce serait vous mentir, mais il y aura forcément des arrivées, tout au moins une arrivée. Ceci n’est pas le propre de l’USMA, toutes les équipes du monde qui se fixent des objectifs se renforcent, ne serait-ce qu’avec l’arrivée d’un seul joueur.

 

A quelques jours du début du Mondial, on va parler un peu de l’équipe nationale. Comment voyez-vous le parcours des Verts au Brésil ?

D’aucuns pensent que le football africain est à la traîne, ce qui n’est pas du tout mon avis. Moi, je pense que le football dans le continent noir avance à grands pas et se met au niveau des plus grands de ce monde. J’en veux pour preuve la dernière Coupe du monde, où  nous avons vu une équipe du Ghana passer à un cheveu à côté des demi-finales. Dans un passé récent, le Cameroun et le Nigéria avaient réussi des prestations de tout premier ordre. Pour ce qui nous concerne, nous avons un bon coup à jouer, il faut tout donner, y a de la place pour réussir quelque chose de bon.

 

Un petit commentaire sur la liste des trente joueurs retenus par le sélectionneur. On a parlé de Ferhat qui n’a pas été retenu alors qu’on le donnait partant sûr dans cette liste…

Ferhat, c’est un joueur qui a beaucoup de qualités, je ne vous apprends rien en vous disant cela. C’est un garçon qui est plein de talent. Bon, à vingt et un ans on dit qu’il est jeune, moi je dis que quand on a des qualités, l’âge compte peu. Là, maintenant, il y a un sélectionneur, c’est lui qui voit ce qui lui convient et celui qui rentre dans ses plans. Je ne peux pas vous dire qui mérite et qui ne mérite pas, il y a un staff en sélection, c’est lui qui sait ce qui lui convient. Croyez-moi, ce n’est pas facile de sortir les 23, ce n’est pas évident du tout. Il a fait sa liste, on respecte ses choix. Chaque entraîneur prend les joueurs dont il a besoin, voyez par exemple le sélectionneur japonais, il a pris dans sa liste huit attaquants, ce que ne feront pas tous les autres sélectionneurs c’est sûr. C‘est chacun selon ses besoins.

 

Vous avez été formé au NAHD, vous avez fait l’essentiel de votre carrière à l’USMA. Dites-nous une fois pour toutes Bilel Dziri, Nasria ou bien USMA ?

Ma première équipe, c’est le NAHD, ceci est sans équivoque. Je suis né à Hussein Dey, j’ai vécu toute ma vie à Hussein Dey, j’ai été formé au NAHD où j’ai joué en senior. Par la suite, je suis parti à l’USMA où j’ai fait, comme vous dites, l’essentiel de ma carrière. En Algérie, je n’ai connu que ces deux équipes. Je suis parti à l’USMA en 1995 après la relégation du NAHD et j’y suis resté à ce jour. Le NAHD, c’est mon quartier, mes amis… Et tout ce que vous voulez, je ne souhaite que le meilleur pour cette équipe. Vous me donnez l’occasion pour adresser mes chaleureuses félicitations aux joueurs, au staff technique, aux dirigeants et à l’ensemble des supporters pour cette accession amplement méritée qui nous comble tous.

 

Vous avez vu le match NAHD-OM…

Et comment ?! J’étais sur des charbons ardents, je ne vous dis pas.

M. O.

 

Bio express

Né un 21 janvier 1972 à Hussein Dey, Bilel Dziri n’a connu que deux clubs dans sa très riche et longue carrière. Deux clubs en Algérie, le NAHD et l’USMA et il s’enorgueillit. A seulement 18 ans il fait sa première apparition en équipe senior, sous la houlette de Meziane Ighil. Dans une équipe constellée d’internationaux et de talents, le jeune Bilel se fera une place au soleil et s’affirmera comme un leader naturel du groupe. Cinq années plus tard, en 1990, il quitte le NAHD pour l’USMA qu’il ne quittera plus jusqu’à sa retraite en 2010. Mais en 20 ans de carrière, Bilel a connu aussi le monde professionnel en allant signer à Sedan (L1-France), à l’Etoile du Sahel (Tunisie) et une pige de deux mois à Al-Sadd (Qatar). Sélectionné 101 fois en équipe nationale, Bilel Dziri aura eu une carrière très riche, il a tout connu, pratiquement tout gagné.

 

Il ne rate pas les matches du NAHD

Autant que faire se peut, Bilel Dziri ne rate pratiquement pas les matches du NAHD, du moins ceux qui sont très importants comme celui de vendredi dernier. «J’étais à Béjaïa avec l’USMA, bien sûr que j’ai vu le match, comme tout le monde j’avais une boule au ventre jusqu’au coup de sifflet final» nous disait-il. 

 «On dit que Ferhat est jeune, je dis que quand on a des qualités, l’âge compte peu

 

«Vahid a fait sa liste, on respecte ses choix

 

«Le NAHD, c’est mon quartier, mes amis… Et tout ce que vous voulez, je ne souhaite que le meilleur pour cette équipe.

 

 

Tags:

Classement