Plus que quelques jours et l’Algérie entrera de plain-pied dans le Mondial 2014. D’abord, dites-nous quel a été votre sentiment le jour où elle a obtenu son ticket pour la Coupe du monde au Brésil ?
Ce n’est pas pour vous flatter, mais j’étais euphorique, c’était vraiment une sensation extraordinaire. Personnellement, j’estime que nous faisons partie d’un même pays, nous sommes des amis, des frères, voilà pourquoi j’étais aux anges le jour où l’Algérie a obtenu sa qualification pour le tournoi brésilien. En plus, l’Algérie sera le seul pays arabe qualifié pour ce Mondial, ce sera d’autant plus valorisant. La Tunisie et l’Algérie forment un seul pays et si les choses allaient comme elles devraient l’être, nous serions aujourd’hui un seul et même pays à représenter toute la nation arabe au Brésil.
A vous entendre, vous ne seriez pas contre une sélection algéro-tunisienne…
Pourquoi pas dans un futur proche, incha Allah ! En tout cas, ce serait extraordinaire. Ce ne serait pas important uniquement pour nous, mais pour tout le monde. Mais bon, on n’en est pas encore là, n’empêche que cet été, tous les Arabes seront aux côtés de l’Algérie.
Que dites-vous du groupe de l’Algérie qui évoluera avec la Belgique, l’URSS et la Corée du Sud ?
Je pense que les adversaires de l’Algérie ne sont pas des foudres de guerre. Si elle a confiance en elle-même, en ses qualités, avec sa rage de vaincre et sa détermination, l’Algérie peut passer au second tour. Oui, l’Algérie peut facilement accéder au tour suivant. Je crois sincèrement que l’Algérie peut disposer de la Belgique, de la Russie et son jeu académique et de la Corée du Sud. Ce sont des adversaires à sa portée. A mon sens, la qualification ne doit pas échapper à l’Algérie. Du moins, dans un tel groupe, elle devrait tirer son épingle du jeu et passer.
Vous nous surprenez là. Pendant que les spécialistes affirment que la Belgique sera la révélation du Mondial, vous, vous dites que l’Algérie peut facilement en disposer…
Révélation ? Je ne suis pas du tout de cet avis. Les Belges n’ont pas de tradition footballistiques, ils sont loin de m’impressionner. Et tout cas, je peux me référer à ma dernière expérience avec le Raja Casablanca, en coupe du monde des clubs, pour vous certifier que rien ne doit nous impressionner. J’ai récemment joué le Mondialito au Maroc, face aux plus grandes équipes des continents. Cela ne nous a pas empêchés d’être présents, de gagner trois matches, dans des délais très rapprochés, et d’aller affronter le Bayern Munich en finale. Si nous avons pu faire cela, les autres peuvent le faire aussi. Je crois que nous avons montré le chemin à suivre au monde arabe. Le Raja a montré que lorsqu’on a des joueurs avec un peu de qualité, avec la détermination, on peut facilement réaliser de bonnes performances. Alors, je ne crois pas que la Belgique pourra inquiéter tant que ça l’Algérie qui, je le redis encore, a les moyens de passer le premier tour.
Qu’est-ce qui vous donne cette certitude ?
Ce n’est pas une certitude, je crois que c’est un devoir ! C’est comme ça qu’il faut raisonner, désormais. Moi, quand je prends une équipe, c’est ce que je m’efforce d’inculquer aux joueurs qui la composent. La mentalité défaitiste, c’est terminé ! Si je participe à la coupe du monde, je mets dans la tête des joueurs qu’on doit aller au second tour. Une préparation psychologique est nécessaire pour aller dans ce sens. L’Algérie a fait ses preuves lors du Mondial 1982 en Espagne, donc ce ne sera pas nouveau pour elle.
Doit-on comprendre que l’Algérie devrait s’inspirer du Raja ?
S’inspirer, non, mais je persiste à dire que le Raja a montré au monde arabe qu’on est capables d’aller de l’avant. Avec une bonne préparation tactique, psychologique, on peut soulever des montagnes. Le Raja l’a montré alors que personne n’y croyait.
Un mot sur Vahid Halilhodzic, le sélectionneur d’Algérie ?
J’espère qu’il va quand même rectifier le tir par rapport à ce qu’il a fait lors de la dernière CAN, notamment s’agissant du choix des joueurs et de l’organisation tactique. Il faut savoir mettre chacun à sa place. Pour moi, le football c’est comme les jeux d’échec où il s’agit de savoir où placer ses pièces. Chacun a un rôle déterminé et déterminant. Le pion reste un petit pion, mais il demeure toujours dangereux, il peut gêner. Le fou, la tour, la reine et le roi doivent, chacun, exercer leur rôle. Un match de football, c’est comme ça.
Vous connaissez un peu les joueurs algériens ?
Non, pas beaucoup. Bien sûr, je connais quelques noms, à l’image de Feghouli, le joueur de Valence, mais ce ne sont pas les noms qui m’intéressent. C’est la rentabilité qui compte à mes yeux. Cela étant dit, je crois aux qualités techniques de nos joueurs. On est parmi les meilleurs à ce propos.
Beaucoup disent que le premier match est décisif dans un tournoi, et vous ?
Il est important, mais pas décisif. Il faut se montrer, non pas prudent, mais très solide à l’entame d’un tournoi.
Qui sont vos favoris pour le trophée mondial ?
Le Brésil joue chez lui, il est favori, c’est une question classique. Il aura l’avantage du terrain et du public. Après, il faudra compter avec les Espagnols, les Argentins et les Allemands.
Y a-t-il un joueur qui pourrait illuminer ce Mondial ?
Aucun joueur ne pourra briller si son équipe ne brille pas en même temps. Lors de la dernière coupe du monde, en Afrique du Sud, je disais déjà que Messi n’allait rien faire, c’est parce que je réalisais qu’il n’allait pas opérer dans la même équipe que le Barça. Alors, qu’il s’agisse de Cristiano Ronaldo, de Neymar ou autre, si l’équipe ne s’illustre pas dans son ensemble, aucune star de la planète ne pourra s’illustrer.
M. Benzarti, peut-on revenir un peu sur votre récent échec avec le Raja, puisque vous venez de perdre le championnat du Maroc lors de la dernière journée ?
Quand j’ai pris le Raja, le club accusait 16 points de retard sur le leader. On a fait une remontée spectaculaire. Lors de l’avant-dernière journée de championnat, on a rattrapé le premier, à savoir Tetouan, qu’on a corrigé 5 à 0. Mais à la dernière journée, on a perdu contre Asafi, sur un terrain dans un état lamentable. Il y a eu du micmac, je ne sais quoi au juste, mais on a perdu quand même.
Au bout du compte, vous ne rejouerez pas le Mondial des clubs qui se jouera encore au Maroc, l’année prochaine…
C’est Tetouan qui y participera, mais, de toute façon, il lui sera difficile de faire comme nous au dernier Mondialito, surtout qu’on annonce plusieurs joueurs de Tetouan sur le départ, et pas des moindres en plus.
Restez-vous au Raja ?
Non, parce que mon seul objectif en optant pour le Raja était le Mondial des clubs. C’était ma seule motivation, sinon je ne serai jamais venu.
H. D.
«Le Raja a montré la voie au Mondial des clubs
«J’espère que Vahid rectifiera le tir par rapport à la CAN
«La Belgique, la Russie et la Corée du Sud ne sont pas des foudres de guerre
Bio express
Né le 3 janvier 1950 à Monastir, Faouzi Benzarti est le frère de Lotfi Benzarti, l’autre entraîneur. Il a passé toute sa carrière de footballeur à l’US Monastir. Il entame sa carrière d’entraîneur au Club olympique de Sidi Bouzid avant de revenir à Monastir. Il a dirigé l’Étoile sportive du Sahel, le Club africain, l’Espérance sportive de Tunis, le Club sportif sfaxien, le Stade tunisien. Il a également entraîné aux Émirats arabes unis et au Maroc où il a coaché le Raja Casablanca. Il a été sélectionneur de la Libye. Il a gagné 7 fois le championnat de Tunisie, une Ligue des champions africaine, une coupe de la CAF, une Ligue des champions arabe et a été finaliste du Mondial des clubs.
«Je ne dirai pas non à un grand club d’Algérie»
Faouzi Benzarti fait partie des plus grands techniciens du monde arabe. Nos clubs ne l’ont jamais sollicité, en dépit de son palmarès impressionnant. Toujours est-il que le coach tunisien n’est pas contre de prendre un grand club de chez nous. «Entraîner en Algérie ? L’occasion ne s’est jamais présentée. Mais je ne suis pas contre de prendre en charge une équipe algérienne. Seulement, il faut savoir que je ne suis intéressé que par les grands challenges. Seuls les clubs les plus populaires me donnent envie de les entraîner. Pour être plus précis, je suis attiré par les clubs qui gagnent des titres. Là, je ne dis pas non, au contraire, j’y mets toute ma foi et toute mon énergie», nous a laissé entendre le coach tunisien. Avis aux… amateurs !