C’est par une nouvelle journée ensoleillée que les nombreux supporters algériens se sont réveillés à Belo Horizonte, ce mardi, jour de la première sortie des Fennecs pour le compte du Mondial 2014. A la sortie de l’hôtel, le match Algérie-Belgique avait déjà commencé, puisque les supporters des deux camps se sont croisés, dans une ambiance bon enfant, faut-il préciser. C’est que tous ont eu spontanément l’envie d’immortaliser quelques photos souvenir en commun, même de chanter et danser parfois ensemble. Bien sûr, entre deux pas de danse, les uns n’omettaient pas de confier aux autres que la victoire ne saurait leur échapper.
Le match a commencé à la sortie de l’hôtel
C’est donc sur un air de fête que supporters belges et algériens ont rallié l’Estádio Mineirão, théâtre de la confrontation tant attendue. En cours de route, il était loisible de voir que les Brésiliens étaient aussi de la partie, ils étaient pratiquement partagés entre les deux nations, n’hésitant pas à enfiler des tenues aux couleurs des Fennecs et des Diables rouges, quand ce n’était pas avec le maillot du Brésil munis du drapeau de l’un ou l’autre pays qui allaient en découdre, le tout sur un rythme de samba qui égayait davantage le trajet en direction du stade. Une fois à proximité de l’enceinte, tout le monde est convié à effectuer une marche d’un bon kilomètre, passant d’un poste de contrôle à l’autre avec plusieurs fouilles minutieuses qui garantissent, après, un maximum de sécurité dans les tribunes.
M. Benamor pose avec les Belges et les Brésiliens
Peu auparavant, les fans des deux équipes se sont encore croisés et, naturellement, de nouvelles séances photo souvenir ont été prises. L’une d’elles a retenu l’attention. Laïd Benamor, le patron du groupe Benamor, sponsor officiel de la sélection nationale, a surpris par sa modestie qui l’a invité plus d’une fois à poser en compagnie des fans belges, brésiliens et, évidemment, algériens, non sans scander le slogan qui fait la célébrité des Verts au Brésil, à savoir le fameux «One, two, three, viva l’Algérie !» On s’est rendu compte que c’est un authentique passionné de la balle ronde, doublé d’un homme qui fait tout, souvent personnellement, pour que les invités qu’il a pris en charge au Brésil ne manquent de rien. Tous ne peuvent pas en dire autant. En effet, sur le chemin menant au stade, on a enregistré la première mésaventure des supporters algériens au pays de Pelé. Un couple algérien, un jeune homme et sa fiancée, négociait l’achat des billets pourb l’accès au stade au marché noir. Il s’est avéré que la compagnie qui les a pris en charge n’ait pas remis la moitié des tickets à la centaine de supporters qu’elle a transférés au Brésil !
50 supporters algériens n’ont pas eu leur ticket…
«Nous sommes une centaine, 50 d’entre nous n’ont pas eu leur ticket», nous a expliqué le type sur un air médusé, tout en négociant le précieux sésame auprès d’un revendeur brésilien. Il finira par payer 70 euros le billet, déboursant donc 140 euros pour garantir son entrée au stade et celle de sa bien-aimée. Mais comme on dit, quand on aime on ne compte pas, sa fiancée le valait bien. Pareil pour l’Algérie avec laquelle il est marié de naissance… Cela étant, il semble que l’histoire ait connu des prolongements. Aux dernières nouvelles, un responsable de cette entreprise aurait été appréhendé par la police brésilienne avec une liasse de tickets qu’il revendait…
Passons. Nous, nos billets sont en poche, nous accédons sans souci au stade, une heure avant le début de la rencontre. La merveilleuse enceinte de l’Estádio Mineirão est presque déjà pleine. On prend place aux côtés de nos compatriotes.
Il veut s’asseoir de force sur le siège réservé aux… obèses !
Du moins, on essaye de le faire, car les nôtres ne sont pas férus de l’organisation. Les billets ont beau être numérotés, chacun ayant donc sa place bien réservée, les fous des Verts s’assoient pour la plupart sur le siège qui leur convient. D’ailleurs, plusieurs incidents ont été enregistrés à ce propos, de nombreux Algériens refusant de libérer les places revenant de droit à leurs authentiques propriétaires. Bien souvent, il a fallu l’intervention musclée de la police pour rétablir l’ordre, non sans peine des fois. Il est une histoire insolite à raconter justement. Voyant qu’un Brésilien occupait l’espace de deux sièges, un fan algérien n’a pas tardé à hausser le ton et à le bousculer ensuite pour s’asseoir de force à ses côtés. Il a fallu l’intervention de la police, alertée par le Brésilien, pour que justice soit rendue. C’est que l’Algérien n’avait pas compris que cette place était spéciale et qu’elle était réservée aux gens obèses, catégorie à laquelle appartient le malheureux Brésilien…
Et voici le plus «dégueu» d’entre tous !
L’histoire qu’on va vous relater risque de vous choquer, elle est malheureusement authentique. Un supporter algérien a eu un besoin pressant. Les toilettes étaient à deux ou trois mètres derrière lui. Il a préféré opérer d’une manière qui a donné envie de gerber. Pour résumer, il s’est tout simplement abaissé pour uriner par terre, laissant le liquide dégouliner entre les tribunes donnant la nausée à tous ceux qui étaient près du tracé… Le plus odieux, c’est que son compagnon lui a servi un paravent en le couvrant à l’aide du drapeau algérien !
Difficile à oublier, mais l’entame de la rencontre approche, elle aide, un tant soit peu, mettre le voile sur cette image insoutenable. Les deux équipes sont sur le terrain, on va écouter les hymnes nationaux. On commence par celui des Belges. On le craignait, cela a failli se produire. Quelques Algériens se sont mis à siffler. Ils ont été heureusement vite rattrapés par la majorité de leurs compatriotes qui les ont conviés à observer le silence et le respect. Finalement, l’hymne belge n’a pas été perturbé.
«Qassaman» et c’est la chair de poule
Et quand vint le tour de notre «Qassaman», la chair de poule a eu une telle emprise sur tous ceux qui vibrent pour ce drapeau vert, rouge et blanc qu’on aurait souhaité que ces instants durent l’éternité tellement ils étaient intenses. Le drapeau national avait fière allure, il faisait beau l’admirer flotter impérialement dans le ciel de Belo Horizonte ! C’était indéniablement le clou de… la journée, si on ose dire eu égard à l’infamante attitude du type de tout à l’heure…
On est en plein dans le match. On joue sa 23e minute quand l’Algérie obtient un penalty. Feghouli le transforme, le stade s’embrase dans les tribunes réservées aux nôtres. La joie des Algériens est indescriptible.
Un fan accroche le drapeau algérien sur le dos d’un cameraman !
Au bout de quelques minutes, l’un d’eux eut un reflexe étonnant pour manifester sa joie. Il s’est tout simplement rapproché d’un caméraman pour accrocher dans son dos le drapeau algérien noué autour de son cou ! Le pauvre cameraman brésilien ne pouvait rien faire pour s’y opposer, au risque de louper son cadrage et rater une action digne d’être diffusée. Peu de temps après, il trouva le temps de dénouer le drapeau de son cou et le poser respectueusement sur une table. Comme pour signifier aux Algériens de se calmer car la suite n’allait pas être en leur faveur. Et quand la fin du match a été sifflée sur le succès des Diables rouges, les fous des Verts ont rongé leur frein, surtout ceux qui ne se sont pas comportés comme des anges. La mine défaite, ils ont pris le chemin du retour en espérant des lendemains meilleurs.
Yazid Mansouri en off : «C’était le match de Brahimi !»
Une fois en dehors de l’Estádio Mineirão, on a accosté Yazid Mansouri, l’ancien capitaine de la sélection nationale. De par sa nouvelle fonction au sein de la Fédération algérienne de football, il s’est évidemment abstenu de faire la moindre déclaration officielle. Mais il s’est confié en off, comme on dit. Et c’est ainsi qu’on a pu ’entendre son point de vue. En effet, à celui qui lui demandait s’il n’était pas opportun d’incorporer Djabou, Mansouri a dit : «Pour moi, c’était le match de Brahimi !» Quand Yazid Mansouri le confiait, il ne nous avait pas aperçus dans son dos…
H. D.