Benchikha est remercié, et un coach se dégage de tous et accepte un défi de taille, le deuxième tour de la Coupe du monde 2014 au Brésil. Cet homme a pour nom Vahid Halilhodzic. L’ancien coach du PSG a accepté une mission que certains auraient qualifié de suicidaire tant l’incertitude planait sur l’avenir d’une sélection toujours sous le choc d’une élimination précoce lors des éliminatoires de la CAN 2012. Arrivé avant le match contre la Tanzanie, Vahid Halilhodzic a très vite pris les choses en main et a fait comprendre une méthode de travail que tout le monde donnait comme incompatible avec le caractère du joueur algérien. Cependant, le sélectionneur qui était un buteur de grande classe avait une idée derrière la tête et allait recevoir carte blanche pour appliquer ses idées du moment qu’elles permettent à l’Algérie de retrouver la Coupe du monde et surtout tenter de passer le premier tour qui serait un véritable exploit et une réussite historique.
Marcoussis Retour au commencement, le sélectionneur national a pour la première fois réuni ses joueurs en France, plus précisément à Marcoussis pour la toute première prise de contact. 33 joueurs étaient de la partie pour ce premier rassemblement dont quelques nouveaux. Le coach explique sa méthode et sa vision des choses et fait comprendre à ses joueurs qu’aucun retard ne sera toléré et insiste sur la discipline. D’ailleurs, l’international éphémère Michael Fabbre l’aura appris à ses dépens à cause d’un problème de blessure, le joueur du RC Lens à l’époque s’est vu éjecter de la sélection et n’a plus remis les pieds chez les Verts. Ayant trouvé un groupe détruit moralement et ayant supporté plus qu’il n’en fallait, le Bosniaque n’allait pas baisser les bras et allait entamer une phase de réhabilitation qui allait durer deux stages et qui a fini par donner un brin d’espoir. L’EN respire et revient avec le point du nul de Dar Essalem en Tanzanie puis s’offre une victoire pour le moral au 5-Juillet face à la Centrafrique. L’EN rate la CAN mais s’offre un bol d’oxygène et le sélectionneur va alors jouir de tous les atouts pour réussir. Il s’isole avec ses joueurs dans l’antre de Sidi Moussa et instaure une discipline de fer dans un groupe composé de jeunes joueurs qui ne souhaitent que réussir comme un certain Sofiane Feghouli, aujourd’hui titulaire indiscutable et patron incontesté de la sélection. Vahid prend les jeunes talents sous son aile et s’entoure d’un groupe jeune et garde quelques cadres de 2010 pour qu’ils fassent partie de son nouveau projet. Un projet fait de beau jeu, technique, rapide, porté vers l’offensive, soit exactement les valeurs du football algérien qui s’appuie sur le talent individuel et la technique de nos joueurs. Le public voulait revoir ce jeu qui avait tant fait défaut à l’EN en Coupe du monde en 2010 et face au Maroc lors de la débâcle. Vahid avait eu carte blanche de la part du président de la FAF qui voulait voir l’EN se relever après ce cuisant échec lors des éliminations de la CAN 2012. Le départ à la retraite d’Antar Yahia et la parenthèse de Karim Matmour n’allaient pas arranger les choses mais Madjid Bougherra, Mehdi Lacen, Adlène Guedioura et Hassan Yebda sont toujours là pour apporter leur expérience au groupe. La donne n’était pas facile, mais l’ancien coach du PSG y croyait de tout son cœur et ne voulait pas laisser le pessimisme l’emporter, car il savait de quoi était capable son groupe qui a été renforcé par des éléments de grande valeur. Cependant, l’EN a été éliminée au premier tour et les mauvaises langues ont surgi pour réclamer sa tête car il n’avait pas vendu de rêve aux Algériens et avait affirmé dans sa conférence d’avant le départ pour l’Afrique du Sud : «Je ne promets rien du tout. On peut aller en finale comme on peut sortir au premier tour. On va tout faire pour réaliser les meilleures choses possibles.»
Slimani, sa découverte Dès sa prise de fonction, le sélectionneur national a suivi les rencontres du championnat national et y a décelé un talent brut qui ne demande qu’à être poli pour tout dévorer. Ce talent a pour nom Islam Slimani. Alors que les anciens sélectionneurs, adeptes des locaux, n’ont jamais donné sa chance à l’ancien de la JSMC, Vahid l’a convoqué et lui a fait confiance en le mettant directement en concurrence avec un certain Rafik Djebbour. Convoqué régulièrement puis lancé en tant que titulaire à la pointe de l’attaque algérienne, le joueur a aujourd’hui très bien justifié la confiance placée en lui. D’ailleurs, il n’a pas hésité à le défendre à la suite de la CAN pour demander à ce que Slimani soit protégé surtout après tout ce qu’il avait accompli pour la sélection en marquant des buts importants. Protéger ses joueurs, le coach l’a souvent fait et il s’en est pris plein la figure par ses prises de position. Il accepte les critiques et les piques mais pas touche à ses joueurs qu’il considère comme ses enfants et les poussent toujours à donner le meilleur d’eux-mêmes.
Style de jeu Qu’on se le dise, le joueur algérien est l’un des meilleurs techniciens du monde. Cependant, il manque de discipline tactique. Lorsqu’il a repris le flambeau, il a trouvé une équipe démolie, des joueurs démobilisés et surtout aucun fond de jeu. La tâche était lourde, mais le Bosniaque allait s’en donner à cœur joie et n’hésitait pas à donner du sien pour faire avancer les choses. Avec l’arrivée des Taïder, Brahimi, Ghilas, l’éclosion de Djabou et Soudani, la donne était de plus en plus simple, mais le coach s’est attelé à redonner un fond de jeu adéquat qui représente la valeur du footballeur algérien. Petit à petit, les matches de l’EN commençaient à devenir de vraies parties de plaisir, avec un jeu attrayant, fait de finesse, de technique et de débordements, où chaque joueur peut changer le cours d’un match. Le public, et après avoir boudé son équipe nationale à cause du fait qu’elle ne déployait pas un beau jeu, a commencé alors à retrouver le sourire et petit à petit et au fur et à mesure que les qualifications à la Coupe du monde avançaient, l’EN voyait ses chances de retrouver la plus prestigieuse des compétitions internationales grandir. En plus, les Algériens étaient séduits par la nouvelle personnalité de l’équipe. Insouciante, pleine d’audace et surtout jeune, cette équipe a très vite conquis son peuple qui a retrouvé les vertus du football algérien. Des vertus transmises par un ancien buteur qui se tue à la tâche et qui travaille toujours pour faire avancer les choses dans le bon sens. L’EN se prend à marquer beaucoup de buts lors de chacune de ses sorties et s’installe comme une force tranquille du continent. La qualification à la Coupe du monde n’est qu’une simple récompense pour une équipe qui aura tout fait pour atteindre son objectif et montre qu’elle a une grande force de caractère pour rebondir d’une élimination précoce de la CAN 2013 à une qualification historique pour la Coupe du monde 2014 au Brésil.
La consécration Bien qu’il ait été décrié à un certain moment par certaines personnes malintentionnées, Vahid Halilhodzic a préféré se concentrer sur son travail et surtout préparer son équipe pour la plus prestigieuse des compétitions. Après un premier match difficile face à la Belgique avec une défaite à la clé, le coach a revu ses plans face à la Corée du Sud et a vu ses efforts récompensés par une victoire historique et des chances retrouvées pour passer le premier tour. Le match face à la Russie aura été sans aucun doute celui de la consécration pour Vahid qui a propulsé ainsi l’équipe en huitièmes de finale de la Coupe du monde. avant-hier face à l’Allemagne et alors que personne ne donnait cher de la peau des Algériens, le sélectionneur national a une fois de plus prouvé à son monde qu’il était un des meilleurs coaches sur la planète puisqu’il a fait couler des sueurs froides à Joachim Löw durant toute la partie. D’ailleurs, ce dernier peut dire merci à son portier Manuel Neuer qui lui a sauvé la mise à plusieurs reprises. Après un match héroïque, l’EN est certes éliminée mais sort par la grande porte et surtout s’installe comme l’une des 16 meilleures nations du football mondial, bien mieux que l’Italie, l’Angleterre ou encore l’Espagne championne du monde en titre qui n’a même pas pu passer ce premier tour de la compétition. Alors oui, la FAF a mis les moyens mais la responsabilité de Vahid Halilhodzic est bien, très bien engagée dans le bon parcours de l’EN durant cette Coupe du monde. Qu’on le veuille ou non, il aura marqué l’histoire du football algérien de son empreinte.
Gourcuff Maintenant que la décision de quitter la sélection est prise, Vahid Halilhodzic devrait céder la place à son successeur qui n’est autre que l’ancien entraîneur de Lorient, Christian Gourcuff, qui devrait prendre le relais très rapidement pour attaquer la préparation des éliminatoires de la prochaine édition de la CAN qui se déroulera au Maroc. Cependant, ce qu’il convient de dire, c’est que Vahid a mis la barre haut, très haut même pour Gourcuff car il n’est jamais facile de prendre le relais dans de telles situations pour atteindre des objectifs qui seront bien plus importants. Quoi qu’il en soit, Vahid Halilhodzic laissera un souvenir impérissable pour les supporters algériens qui l’ont adopté et l’ont soutenu et continuent de le soutenir. Merci Coach Vahid et bon vent.
I. Z.
Les coups de gueule de Vahid
S’il est connu pour être rigoureux et n’aime pas dévoiler la vie privée de la sélection nationale, n’empêche qu’Halilhodzic s’est illustré par quelques coups de gueule qui resteront bien présents dans les mémoires. L’épisode le plus édifiant reste sans aucun doute celui de la chicha et ce qui s’était passé avec Ryad Boudebouz qui a été sanctionné et a continué à payer cette bourde durant de longs mois. Ce jour-là, face à la presse, le coach avait passé un savon à ses joueurs à la suite de l’utilisation de la chicha en Afrique du Sud.
Des rapports difficiles avec la presse
L’un des points qui avaient fait aussi l’actualité, ce sont certainement les rapports entre l’homme et les gens de la presse. On se souvient de l’épisode en Afrique du Sud à la suite de l’altercation verbale entre le sélectionneur et un journaliste algérien. Si depuis les choses ont connu une nette amélioration, il n’en demeure pas moins que le coach national a toujours entretenu des rapports vraiment compliqués avec la presse algérienne.
I. Z.
Le coup de maître Mbolhi
Quelques mois avant le coup d’envoi de la Coupe du monde, tout le monde s’inquiète de l’état de forme de Mbolhi et ne cesse de réclamer sa tête au vu de son statut de remplaçant au CSKA Sofia. Pire, plusieurs voix se sont élevées pour dénigrer le joueur formé à Marseille et ont exigé sa destitution de son poste de titulaire. Cependant, le coach national avait d’autres plans. Il a pris ces critiques en pleine face et a laissé la pression retomber sur son portier pour le mettre en confiance. Une fois la Coupe du monde entamée, il a lancé Mbolhi dans son rôle de numéro1 et a tenté un coup de poker. Cependant, au final, c’était un coup de maître. Mbolhi aura été de l’avis de tous les spécialistes le meilleur joueur algérien durant la Coupe du monde. Hervé Renard, Sonny Anderson, Elie Baup, Philippe Genin ou encore Bruno Cheyrou se sont tous montré dithyrambiques envers Mbolhi qui est par conséquence une victoire de plus pour Vahid Halilhodzic puisque malgré les critiques, il a réussi son pari et les personnes qui étaient là à critiquer Raïs se sont mises à l’applaudir.
Soutenu par l’ensemble des joueurs
Avant-hier, à la fin de la rencontre face à l’Allemagne, Vahid était en pleurs, comme beaucoup d’autres joueurs déçus du résultat mais fiers en même temps de ce qu’ils ont accompli durant cette Coupe du monde. Le coach a fini par faire l’accolade à chaque joueur comme s’il leur disait au revoir à tour de rôle. En larmes, il n’a pu contenir ses émotions. Il faut dire que malgré ses prises de tête avec certains de ses joueurs, notamment Feghouli lors du stage de Suisse, le coach national n’a pas manqué l’occasion de gagner l’estime de ses joueurs puisque tous es joueurs le soutiennent comme Feghouli, Djabou, Medjani…
Bougherra : «Merci pour tout»
«Au nom des tous les joueurs, je tiens à remercier Coach Vahid, il a pris l’équipe alors qu’elle était au plus bas et a su lui redonner son âme. Je tiens à le remercier pour ça.»
Mbolhi : «Il a fait un travail colossal»
Bougherra n’est pas le seul joueur à penser de la sorte puisque Mbolhi aussi a lancé un message de soutien à son coach : «Si nous sommes arrivés là, c’est en grande partie dû au bon travail réalisé par le coach national. Avec lui, on a beaucoup bossé et si nous sommes là, c’est grâce à lui. Depuis trois ans il fait de belles choses. Maintenant, on ne sait pas officiellement s’il va partir ou s’il va rester mais on tient à le remercier pour tout ce qu’il a fait pour nous.»
Maintenant à Trabzonspor ? Maintenant que l’aventure de Vahid Halilhodzic est terminée avec l’équipe nationale, tout semble coordonner un départ en Turquie dans le grand club de Trabzonspor qui insiste pour l’avoir. D’ailleurs, la presse locale en est plus que sûre, Halilhodzic sera le prochain entraîneur du club et il a même fait ses demandes pour le recrutement estival avec un certain Hilal Soudani comme cible potentielle. Même s’il a démenti l’information sur RMC dernièrement en affirmant qu’il n’avait rien signé, le coach national semble prendre la direction du Bosphore pour tenter une toute nouvelle aventure. Même si les supporters gardent toujours l’espoir de le voir poursuivre son travail et que des pages de soutien ont vu le jour sur les réseaux sociaux pour mettre la pression sur les dirigeants de la FAF pour les convaincre de faire le nécessaire afin de prolonger le contrat du sélectionneur.
I. Z.