Quelle analyse faites-vous après la mort d’Ebossé ?
En 1996, devant les problèmes du Mouloudia, j’avais relevé dans un article sur Liberté : attention, la rue s’introduit dans la gestion ! Voilà où on en est aujourd’hui. Trêve de discussion avec les faux débats sur les plateaux télé, le problème de cette situation est l’Etat, point à la ligne. Tout le reste c’est de la petite littérature : le conseil interministériel, ceci, cela… Combien de ministres des sports se sont penchés sur le problème de la violence ? Tout ça est inutile. A la limite, c’est un problème politique, il faut de l’ordre dans ce pays. Lorsque le citoyen ne craint pas l’Etat, il n’y a plus d’Etat. Il faut aller au cœur du problème, l’Etat et ses structures, l’Etat et sa moralité...
Il ne sert à rien donc de suspendre le stade de la JSK, par exemple ?
Je vous l’ai dit, la rue s’est introduit dans la gestion et si on n’y met pas fin pas de façon dure, claire, on aboutira un jour à une anarchie totale, que Dieu nous en préserve. Le mort est un étranger, cela aurait été un joueur algérien, il serait aujourd’hui enregistré dans les pertes et profits. Je crains le pire pour l’avenir parce qu’on ne voit pas la main de fer de l’Etat. Le président de la FAF, lui, s’est au moins tu, mais quand on se penche sur les déclarations du président de la Ligue ou celles de Hannachi, il n’y a rien d’encourageant. La violence existe depuis longtemps, je n’ai pas été le seul à en parler.
A qui pensez-vous au juste ?
A beaucoup de gens honnêtes dans le sport, des personnes qui avaient une vision propre du sport et qui, il y a 18 ans déjà, m’avaient relayé et tiré la sonnette d’alarme. Aujourd’hui, on se réveille et on joue la vierge effarouchée. Pour moi, les marches et tout ça, c’est du cinéma triste, de série noire. La JSK est un club de dimension nationale, personne d’autre que moi ne vous le dira, tous les autres, quels qu’ils soient, sont des apprentis sorciers,. C’est quoi ce type de déclaration qui fait dire : on ne touche pas à la JSK ?
Vous faites allusion à Hannachi…
La JSK est un club algérien, d’une région algérienne, certes valeureuse comme d’autres régions, mais quand le club faute, on le sanctionne. Et quand il fait bien les choses, on l’encourage aussi. Il ne faut pas singulariser la JSK. On ne doit pas la mettre au dessus de tout.
Comment voyez-vous la suite ?
Je prends le pari de dire que, dans moins d’un mois, la mort d’Ebossé passera dans la rubrique des pertes et profits. C’est parce qu’on ne va pas au cœur du problème pour apporter des solutions réelles. La main de l’Etat doit frapper là où il faut, quelles qu’en soient les conséquences. L’autorité de l’Etat ne peut être défiée par personne. Ebossé était un garçon magnifique, je le voyais jouer, il pétait la vie, il pétait la jeunesse… Allah yerrahmou !
H. D.