La presse lisboète d’avant-hier et d’hier en plus de celle d’aujourd’hui ne parlent que de ce match, surtout que le club le plus populaire du Portugal (Le SL Benfica joue contre une toute petite équipe, Estoril). A Bola, Record ou Ojogo, et même la presse d’information générale comme Diario de Noticias, ne parlent que du clasico. La ferveur de ce match est telle que dans les campus on ne parle que de lui. Au centre universitaire de Lisbonne, des jeunes que nous avons rencontrés nous ont fait part de leur passion pour ce match. Cependant, dans la tiédeur moite d’un matin automnale, la cité longeant le Tage s’était réveillée dans la torpeur. De Terreiro de Paço jusqu’à Alvalade les discussions vont bon train. En remontant la rua Augusta en passant par l’Arquo, et tout au long de cette piétonnière très arpentée, les signes d’une fébrilité ne trompent pas.
Leons contro Portista
Il est 10h, la rue la plus marchande de Lisbonne s’active, une longue queue se forme dans la rua da Vitoria, des centaines de curieux sont là depuis l’aube pour pénétrer dans les entrailles du vieux Lisbonne à la découverte des ruines romaines enfouis des dizaines de mètres sous terre. Coefficient de marée favorable, la municipalité ouvre le ventre de la ville aux centaines, voire des milliers de touristes qui viennent admirer ce joyau de la nature souterraine. Mais retour sur terre, les Leons (supporters du Sporting) commencent peu à peu à se montrer. C’est que le match est prévu en tout début de soirée alors qu’il est à peine 10h. Arrivée à la Praça Duarte Quarte, plus connue sous l’appellation Praça Rossio, quelques grappes se forment déjà. Dans le métro, la Linha Vermela les gens sont très affairées, ils vont très vite, tous avec un journal à la main, sont plongés dans une lecture que rien ne dérange pas même l’annonce de l’hôtesse qui rappelle les mesures de sécurité et de prévention face à la montée des vols à la tire dans ce mode transport qui conquiert de plus en plus les Lisboètes. Arrivé à la cité universitaire, des supporters du Sporting chambrent ceux qui apparemment sont des Portistas.
Le ton est très aimable, mais les piques assez acerbes quand même. «Nous allons vous en mettre plein la gueule ce soir», lance un jeune à une de ses copains, ce dernier n’ayant pas sa langue dans sa poche réplique immédiatement : «Mais nous, on ne demande que ça, et puis au passage n’oubliez pas que mardi vous jouez Chelsea de Mourinho, notre Mourinho là on verra bien de quoi vous en êtes capables, vous qui n’avez jamais gagnez quoi que ce soit en dehors de chez nous.» Le ton est donné, Mourinho est inévitablement cité par les Portistas qui le considèrent encore comme étant un des leurs.
Station Campo Grande, Alvalade est là
Arrivé à Campo Grande, le métro quitte les entrailles de la terre pour sortir au grand jour. Sur la droite, Alvalade est là. Imposant. Majestueux, presque impérial. Tout de vert drapé, pouvait-il en être autrement ? Le stade Alvalade écrase les lieux par son imposante masse de béton. Les supporters commencent déjà à affluer. La vente des billets se fait dans le calme. Disons le tout de suite, sur les 70 000 places que compte le stade, plus de la moitié est déjà vendue à l’année. C’est dire…
Un agent de police en faction, un steward du club, ajouté au civisme des supporters et le tour est joué. Chacun son tour, chacun ses billets. Ni cohue, ni tohu-bohu. Tout se passe comme dans le meilleur des mondes. Nous entrons dans le ventre du mastodonte, la LojaVerde est déjà pleine. On vient se ravitailler en toutes sortes d’objets montrant son appartenance à la Torçida Verde. Le préposé à la sécurité de la boutique officielle du club, en faction à l’intérieur, nous interdit de sortir la cam, ni de prendre une quelconque photo, ce que nous ferons en douce sans qu’il se rende compte. Quelques clichés volés et c’est bon pour nous.
Slimani par-ci, Slimani par-là
On demande à Eugenio pourquoi il a choisi le maillot floqué du numéro et du nom de l’international algérien. «C’est simple parce que c’est un joueur qui mouille son maillot. En une heure et demie, Slimani donne tout ce qu’il a pour l’équipe. Je l’apprécie pour sa combativité et pour tout ce qu’il fait sur le terrain.» La boutique officielle du SCP ne désemplit pas, et ce, tout au long de l’après-midi. Plus l’heure de la rencontre approche et plus il y a du monde. La ferveur montre crescendo et tous ceux qui savent que nous sommes venus pour ce match n’ont qu’un souhait pour nous : «Que le Sporting gagne et Slimani marque.» OK, muito obrigado, mais… Pour nous, Algériens, il y a aussi Yacine Brahimi dans l’équipe adverse et c’est là tout notre dilemme.
M. O.
Sergio : «Brahimi ? Je l’aime, c’est un combattant» (PHOTO)
Sergio est un jeune supporter du Sporting, nous lui avons demandé pourquoi il est venu si tôt au stade et que pense-t-il de Slimani ? «Je suis venu très tôt parce que j’aime voir les autres arriver, ils me font monter l’adrénaline. Pour Slimani, je vous le dit d’emblée, je l’aime bien, parce que c’est un bagarreur, un combattant. Sur le terrain, il n’a peur de rien, il va au charbon sans compter, il est génial.»
Et Brahimi du FC Porto, Sergio, il en pense quoi ? «Brahimi é mais tecnico» (comprendre Brahimi est plus technique).
Les télés s’activent, ce match est très important (PHOTOS)
Les camions-régies de toutes les chaînes ayant les droits de retransmission du clasico étaient là très tôt dans la matinée d’hier. D’importants moyens techniques et humains ont été mobilisés pour cette rencontre.
Le Sporting, c’est… la foi
Tout autour du stade José Alvalade XXI, des posters. Et quels posters ?! Une photo d’une équipe vêtue de la traditionnelle tenue du Sporting, composée de personnes anonymes et un slogan «Tu es a nossa fé» (Tu es notre foi !! Fallait oser, non ?)