Compétition voit en Ryad Mahrez le nouveau Assad. L’ancien patron du RC Kouba le confirme. Il dit que c’était évident dès qu’il a vu son premier toucher de ballon.

Beaucoup voient en Mahrez votre héritier en sélection, vous reconnaissez-vous en lui ?

Oui, sincèrement. D’ailleurs, la première fois que je l’ai vu, au toucher de balle, j’ai relevé qu’il apportait du nouveau par rapport aux ailiers qui l’ont devancé en sélection nationale. Ses chevauchées, ses percées au milieu de terrain en venant balle au pied de l’aile, ses bons centres m’ont de suite fait réaliser que c’est un joueur de qualité. En plus, à 22 ans seulement, il a une marge de progression très importante, il peut devenir encore meilleur que ce qu’il est. Dans les deux années à venir, il peut gagner plus de force pour muscler son jeu. On attendra beaucoup de lui, je lui souhait d’être le plus performant possible et devenir le grand footballeur que l’Algérie aura à l’avenir. Il va faire très mal, incha Allah !

Votre marque de fabrique était le «ghoraf», la louche, quelle pourrait être la sienne ?

Lui, c’est les grandes chevauchées sur le côté gauche. Des fois, quand il veut rentrer au milieu, il agit avec une facilité déconcertante. Avec plus de force, il sera unique. Quand il traverse le terrain, il prend le ballon en course, il aime jouer en course.

D’ailleurs, il a failli marquer un joli but de cette manière contre le Malawi…

Oui, c’est exact. C’est sa manière de faire. Avec un peu plus de force, il aurait pu conclure son action par un but. C’est ce qui lui permettra de faire encore la différence dans les 20 derniers mètres. En tout cas, cela fait longtemps qu’on n’a pas vu un joueur avec de telles qualités. J’aime bien ce qu’il fait. Il réussit ce qu’il entretient facilement pendant 40 mètres. Le reste, il le gagnera en développant sa force. Cela lui permettra de mieux finir ses actions, en envisageant le tir en force ou en terminant de manière plus vive. J’apprécie une qualité chez lui.

Laquelle ?

Il provoque l’adversaire, il n’a pas peur d’aller à sa rencontre. Il va vers l’avant sans jamais songer à revenir en arrière. Toujours de face.

Le championnat anglais est-il celui qui sied le mieux à ses qualités ou serait-il plus à l’aise dans la Liga espagnole, par exemple ?

Ce serait bien pour Mahrez de faire encore une à deux années en Premier League. Il a fait une année en seconde division anglaise, cette fois c’est à l’étage supérieur et c’est là qu’il va améliorer son physique. Après, la récompense serait effectivement d’aller en Espagne évoluer dans un championnat technique, vif et spectaculaire. Il peut faire carrière en Espagne, je l’y vois bien.

Un mot sur Christian Gourcuff, que vous avez dû côtoyer quand vous jouiez à Mulhouse ?

Oui, il est de mon époque. On sent et on voit que les joueurs se sont libérés avec Gourcuff. C’est un gars de dialogue, il communique bien, on en voit la traduction sur le terrain et à travers les déclarations des joueurs dans les journaux. C’est perceptible, il y a un bon courant qui passe entre les joueurs et le sélectionneur.

H. D.