Vita Club –ESS : Sétif aux portes de la gloire

Les deux finalistes de la Ligue des champions de la CAF 2014 ont dû patienter de longues années avant de retrouver la lumière. L'AS Vita Club (RD Congo) a été sacrée championne d'Afrique pour la seule et unique fois en 1973.

Les Dauphins noirs n'avaient plus atteint la finale depuis 1981. Ce 26 octobre à Kinshasa, ils recevront l'ES Sétif (Algérie), lauréate de l'épreuve en 1988. Le vainqueur gagnera le droit de représenter le continent lors de la prochaine Coupe du monde des clubs de la FIFA, en décembre au Maroc. 

 

L'affiche

Cette affiche oppose l'équipe qui présente le meilleur bilan à domicile, l'AS Vita Club, à celle qui s'est montré la plus performante en déplacement, l'ES Sétif. Les Congolais ont remporté six de leurs sept matches au stade Tata Raphaël. Seul le TP Mazembe est reparti de Kinshasa avec un nul vierge au terme d'une rencontre sans enjeu, les deux représentants congolais ayant déjà validé leurs billets respectifs pour les demi-finales. L’Aigle noir a glané loin de ses bases trois succès, deux nuls et une seule défaite, concédée en RD Congo, sur la pelouse du TP Mazembe. 

Les joueurs de l'AS Vita Club vont cependant devoir gérer une pression importante : ils n'ont d'autre choix que de remporter la finale s'ils veulent figurer à nouveau en Ligue des champions la saison prochaine. Florent Ibengé, qui occupe également les fonctions de sélectionneur de la RD Congo, est conscient de l'ampleur de la tâche. "C'est un match capital, mais nous avons travaillé dur pour être présents à ce niveau. Nous savons que nos adversaires seront difficiles à manœuvrer", annonce le technicien de l'AS Vita Club, qui a construit son succès sur les joueurs locaux. Au sein de cet effectif, quelques étrangers se distinguent néanmoins, comme le gardien camerounais Lukong Bongaman, son compatriote Paolo Mondo Mouegni, le Burkinabé Issoufou Dayo ou encore l'Ougandais Yunus Sentamu qui, à 20 ans, espère devenir le premier représentant de son pays à soulever le trophée continental.

De son côté, l'ES Sétif est la première formation algérienne à se hisser en finale depuis la JS Kabylie, vainqueur en 1990. «Nous avons enregistré de nombreux départs à l'intersaison. Nous avons pratiquement dû reconstruire notre équipe», rappelle l'entraîneur Kheireddine Madoui, qui se présente en RD Congo avec un effectif amoindri. El-Hadi Belameiri, meilleur buteur de la Ligue des champions avec six réalisations, se trouve actuellement à l'infirmerie en compagnie d'Abdelhakim Amokrane. Les défenseurs Farid Mellouli et Abdelghani Demou sont également incertains. Malgré les blessures, Madoui se veut confiant. «Nous avons construit notre succès sur la solidarité. Notre état d'esprit et nos qualités techniques font de nous un adversaire coriace», prévient-il.

 

Le joueur à suivre

Mbala Ndombe est à égalité avec Belameiri et deux autres joueurs en tête du classement des buteurs. Le joueur de 20 ans se sait donc attendu au tournant. Capable de trouver des espaces dans les défenses les plus resserrées, l'attaquant de l'AS Vita Club s'était illustré lors des tours préliminaires en signant un triplé contre Kaizer Chiefs.

 

La stat

4 - Comme le nombre de buts encaissés par l'AS Vita Club en sept matches de Ligue des champions disputés à domicile cette saison. Le TP Mazemble est la seule équipe à être repartie invaincue de Kinshasa, après avoir arraché un nul vierge.

 

Florent Ibengé, entraîneur de l'AS Vita Club

«Certains pensent déjà à la Coupe du monde des clubs. Ils imaginent une affiche entre l'AS Vita Club et le Real Madrid. Mais avant ça, il va falloir affronter Sétif. Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs.»

 

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Khedaïria, monsieur 50%, est prêt

Si au football le gardien de but est indifféremment appelé "goal" ou "dernier rempart", il existe un autre vocable qui sied à merveille à Sofiane Khedaïria : portier. Car s’il est aujourd’hui un véritable porte-bonheur pour l’ES Sétif, le numéro 1 de l’Aigle noir a vu bon nombre de portes se fermer tout au long de sa jeune carrière. Mais à force de patience et de talent, le gardien de 25 ans est parvenu à entrouvrir celles du paradis : en cas de victoire en finale de la Ligue des champions de la CAF face à l’AS Vita Club, il participera à la Coupe du monde des clubs de la FIFA, Maroc 2014.

«Ce serait l’aboutissement d’une carrière, même si je n’ai que 25 ans. C’est une compétition que je suivais petit à la télévision. Ce serait fantastique d’y participer», confie l’intéressé, à quelques heures du match aller qui se déroulera à Kinshasa. «Disputer cette finale est déjà pour moi une petite revanche sur le destin. Je garde un peu d’amertume liée à mes années en France où l’on ne m’a pas donné ma chance. Aujourd’hui, à la veille de ce rendez-vous, je suis remonté à bloc.»

La voix calme et posée, le portier n’est pas du genre à sortir de ses gonds.  Pourtant, à l’évocation de ses années de galère qui ont suivi sa formation effectuée à Toulouse, le ton de l’ancien joueur de Besançon, Cassis-Carnoux et du Mans monte : «En France, en L1 comme en L2, je n’ai pas eu la chance que j’aurais méritée. J’ai navigué en national, j’ai le sentiment d’y avoir fait des matches de qualité. Mais on ne m’a jamais fait confiance à l’échelon supérieur. Ça me laisse des regrets. J’espère que tous mes anciens entraîneurs en France, ceux qui n’ont pas cru en moi, auront un œil sur cette finale.» En attendant, au risque d’avoir des remords, ceux-ci pourraient déjà se pencher sur sa magnifique demi-finale de Ligue des champions face au TP Mazembe, car Khedaïria a été le principal artisan de la qualification de Sétif pour la deuxième finale de son histoire en Ligue des champions de la CAF. Exemplaire au match aller (2:1), il a porté à bout de bras son équipe au retour malgré trois buts encaissés (3 - 2) : «Je n’ai fait que mon travail. On  n’attend de moi que je sois décisif. Je l’ai été. Tant mieux», analyse-t-il.

 

Un Aigle chez les Fennecs ?

Peut-être plus encore que ses anciens entraîneurs, il y a un technicien dont il aimerait particulièrement attirer l’attention : Christian Gourcuff. Comme son prédécesseur Vahid Halilhodzic, le nouveau sélectionneur de l’Algérie n’hésite pas à faire appel à des gardiens du championnat local, Mohamed-Lamine Zemammouche (USM Alger) et Azzeddine Doukha (JS Kabylie) en tête. "Je crois en mes chances. D’ailleurs, j’ai déjà été appelé chez les Fennecs par le passé, en mai 2013. Une nouvelle convocation passera par de bonnes performances. Je prends mon mal en patience", souligne-t-il, conscient qu’il sera tout de même difficile de reprendre la place de titulaire à Raïs Mbolhi, auteur d’une superbe Coupe du monde 2014. "Il a été tout simplement fantastique, comme tout le reste de l’équipe d’ailleurs."

 

Si les Fennecs méritent ces éloges pour leur retour au premier plan sur la scène internationale, que dire de l’ES Sétif ? Il a fallu attendre 24 années et le sacre de la JS Kabylie en 1990 pour que l’Algérie place l’un de ses représentants au plus haut niveau sur le Continent Mère. Une éternité. En tout cas, cet exploit est révélateur de la bonne santé actuel du football algérien. "Notre football connaît une révolution ! L’équipe nationale est revenue au sommet de l’Afrique. Et les clubs locaux ont pris son sillage, à l’image de l’ES Sétif", confirme Khedaïria.

Alors que l’ESS est aux portes de la Coupe du monde des clubs et que les Verts se sont d’ores et déjà ouvert celles de la prochaine Coupe d’Afrique des Nations de la CAF, le portier de l’Aigle noir se verrait bien passer l’hiver au Maroc. «Avant, des participations à ces compétitions n’étaient que des rêves. Aujourd’hui, ce sont des buts.» Paroles de portier.

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