C’était le conte de fées de l’ESS samedi passé au stade Mustapha Tchaker. En effet, Sofiane Khedaïria venait de s’offrir la plus belle revanche qu’il puisse y avoir dans le monde du football. Tout proche de la porte de sortie en début de saison, l’intéressé était à deux doigts de se faire renvoyer, s’attirant les foudres de l’entraîneur, des dirigeants et même des supporters qui ont exigé son départ. D’ailleurs, il s’en est fallu de peu pour que leur doléance ne soit satisfaite. Cependant, la sagesse a fini par l’emporter et tout le monde a décidé de passer l’éponge. Reprenant sa place de titulaire, le keeper formé au Mans s’est offert un retour exceptionnel et étant l’un des hommes forts de Madoui dans la compétition. Ayant acquis une grande expérience continentale, son retour a été la meilleure chose qui puisse arriver puisque, depuis qu’il a pris sa place dans la cage, il s’est illustré en sauvant son équipe de plusieurs situations chaudes. Lors du match aller, s’il ne peut rien sur les deux buts du Vita Club, il réalise trois arrêts déterminants qui permettent à l’ESS de rentrer avec un précieux ascendant pour la manche retour. Avant-hier, même s’il n’a pas été trop sollicité, il a su gérer son match et est parvenu à calmer ses équipiers en jouant intelligemment. Une belle revanche pour celui que tout le monde veut voir continuer sur cette voie et devenir le meilleur portier du championnat. Recruté il y a trois ans en provenance du Mans, Sofiane Khedaïria s’est très vite imposé comme le titulaire indiscutable au sein du onze de départ de l’Aigle Noir, alignant des prestations de premier ordre et dégageant une grande sérénité. D’ailleurs, il a eu l’honneur de goûter aux joies de la sélection. Ça tombe bien, Gourcuff était présent à Tchaker et a très bien vu la prestation du portier. L’objectif équipe nationale est toujours dans ses cordes.
I. Z.
Il se confie à Compétition
«C’est une revanche sur mon passé»
«Je naviguais en L2 française, aujourd’hui, je suis champion d’Afrique»
«Je travaille dur pour revenir en EN»
Accosté par nos soins en fin de match, le dernier rempart de l’Entente s’est confié et a abordé plusieurs sujets avec nous. De la finale à ses déboires en passant par l’équipe nationale et ses objectifs prochains, Khedaïria n’a rien laissé au hasard. Entretien.
Sofiane, l’Entente est championne d’Afrique. Ça vous inspire quoi ?
Je suis très content. C’est un trophée de plus pour l’Entente et un trophée pour nous les joueurs. Franchement, je ne sais vraiment pas quoi dire, je suis très heureux et je dédie ce sacre à tous les supporters sétifiens qui sont venus en masse nous soutenir ce soir. Il y avait une grosse pression qui régnait sur nous. Toute la matinée, je regardais la télé et cette date du 1er novembre. Je me disais, non ce n’est pas possible, on ne peut pas flancher aussi près du but et voilà maintenant, c’est un peu le cadeau qu’on voulait faire à l’Algérie pour cette date symbolique. J’espère qu’on va fêter cette victoire avec tous les Algériens.
Vous vous êtes parlé entre vous les joueurs. Qu’est-ce qui s’est dit ?
Effectivement, à la mi-temps, on a pris le temps de se parler. On a dit qu’il ne fallait pas s’affoler. On n’arrivait pas à fournir le ballon. On a dit qu’on allait les attendre et c’est ce qu’on a fait. Après, ils se sont découverts, on a réussi à marquer le premier but. Malheureusement, on s’est fait vite rattrapé. Cependant, on a su rester confiants et, par la suite, nous avons géré le match comme il le fallait.
A un certain moment, le doute s’est-il installé ?
Non, pas du tout. J’étais très confiant depuis le début de la compétition. On a fait un excellent parcours et je pense qu’après avoir battu le TP Mazembé, on ne peut qu’accumuler encore plus de confiance pour la suite du parcours. Dieu merci, on a été récompensés et à la fin nous y sommes, on l’a fait. On est champions d’Afrique. C’est le fuit d’un long travail effectué depuis quelques saisons déjà. Maintenant, on va savourer et préparer la suite.
Sofiane, ça fait quoi de jouer la Coupe du monde des clubs ?
Pour le moment, on attend, la compétition débute prochainement. C’est gratifiant pour nous. Après, c’est des compétitions que je rêvais de jouer quand j’étais petit. Maintenant, ça devient une réalité. J’espère qu’on va y aller et faire bonne impression, histoire de faire honneur au football algérien. On est en train de monter en puissance et on va bien préparer ce rendez-vous pour faire bonne figure et honorer le football algérien.
La possibilité d’affronter le Real Madrid demeure le rêve de tout joueur, non ?
Oui, c’est vrai. Il faudra passer par d’autres équipes auparavant pour aller jouer le Real Madrid. Maintenant, l’essentiel est de savourer cette victoire en premier lieu. Après, on aura l’occasion d’entamer la préparation pour cette compétition de grande envergure et on espère faire bonne figure.
Revenons à vous. Vous avez été exemplaire lors des deux matchs face au Vita Club…
C’est vrai que je me suis bien senti durant ces deux matchs. Je sentais que je montais en puissance. J’ai fait mon travail au cours des matchs disputés, mais il faut aussi dire que tout le mérite revient à l’équipe, pas seulement à moi. On est un groupe solide et solidaire. La réussite est à titre collectif et non individuelle. C’est le plus important à mes yeux.
Peut-on parler d’une revanche à titre personnelle ?
Bien sûr. Pour moi, c’est une belle revanche sur le plan personnel. Je viens de France, j’ai un peu navigué en Ligue 2 et voilà, aujourd’hui, je gagne la Ligue des champions africaine. Ce n’est pas tout le monde qui peut la gagner. En plus, on le fait avec une équipe remaniée. C’est une revanche sur mon passé et mon destin.
Vous avez connu pas mal de déboires en début de saison et là vous êtes le héros de toute une région, voire d’un peuple…
Franchement, héros, je ne sais pas trop. Cependant, je suis fier d’avoir participé à l’acquisition de cette coupe. C’est vrai qu’en début de saison la situation n’était clairement pas favorable pour moi, et ce, sur plusieurs points. J’avais connu des soucis et des problèmes extra sportifs qui ont influé négativement. Après, je me suis remis au travail et je pense que tout s’est réglé le plus naturellement du monde. C’est à force de travail qu’on revient plus fort. Maintenant, j’ai repris confiance, je suis monté en puissance et cela nous a permis aujourd’hui de nous retrouver sur le toit de l’Afrique et surtout de procurer de la joie à tout un peuple. C’est une grande fierté.
Votre retour en force est bien perçu. On imagine que vous pensez à l’équipe nationale…
Bien sûr. Comme tout joueur ambitieux, je me dois de penser à la sélection. Pour espérer faire partie du groupe, je sais que je dois sortir des prestations honorables qui pourront m’aider à retrouver le groupe de l’EN. Maintenant, il faut travailler encore et toujours et penser à faire de belles performances. Si je suis appelé, alors je travaillerai encore plus afin de démonter que je mérite une place dans cette équipe et tout faire pour y rester le plus longtemps possible.
I. Z.