L’absence de Slimani a donc crée un climat d’incertitude au sein du staff technique, d’autant que l’ancien joueur du CRB allait jouer le rôle d’une arme offensive indéniable contre les très robustes joueurs sénégalais. Il faut dire que les imposants gabarits des Sénégalais ne vont sûrement pas se contenter de la simple figuration contre l’EN, ils vont tenter d’exploiter les difficultés que notre équipe a habituellement face à des équipes physiques, et c’est là que notre attaque doit en profiter pour marquer un maximum de buts pour être toujours devant.
Tous les chemins menaient vers lui
Le visage affiché par Soudani aux entraînements aura été donc important, mais pas décisif, car Gourcuff a d’abord attendu la constatation de l’indisponibilité de Slimani pour ensuite décider d’incorporer un autre avant-centre. Il avait le choix entre Belfodil et Hilal, finalement, il a opté pour l’ancien sociétaire du championnat algérien, car le joueur de Parme ne l’a pas du tout convaincu contre le Ghana, et a eu du mal à peser sur la défense de cette dernière avec ses courses un peu trop latérales, dans la largeur du terrain, conjuguées à une méforme inquiétante du duo Feghouli-Brahimi, qui n’ont pas su profiter des ouvertures, que le Parmesan a su créer, et jouer dans l’intervalle.
Incompatibilité
L’incompatibilité entre le jeu de Belfodil, très remuant, mais peu efficace, avec la finesse et la vitesse de Feghouli, Brahimi et même Bentaleb qui a joué sur le flanc gauche, ont poussé le Breton a envisager une autre solution, mais à conditions que celle-ci ne vienne pas chambouler son adoré schéma du 4-4-2. Il voulait tant remettre Slimani, avant que ce dernier ne déclare forfait, et ouvre la voie à Soudani qui refait surface après plusieurs matches d’absence. Ce ne sera pas le même profil que le joueur du Sporting, mais Hilal aussi présente des caractéristiques propres à lui, qui peuvent apporter des choses nouvelles et permettront aux Verts de contrecarrer les plans de Giresse.
Pied gauche
Habile du pied gauche et ayant un bon jeu de tête, malgré une taille moins impressionnante que Slimani, mais avec une détente remarquable, Soudani est donc bien armé pour planer dans un match où tous les espoirs seront placés sur lui pour emmener l’EN plus loin dans cette compétition. Si certains coïncidèrent son jeu basé essentiellement sur le pied gauche comme une force, Benchikha par exemple n’aimait pas trop cette dépendance, c’est pour ça d’ailleurs qu’ils ne l’avait pas promu rapidement des A’ vers les A qu’il avait sous sa coupe aussi, Hilal préfère souvent se mettre sur son pied de prédilection pour assurer, mais cela lui fait perdre des instants précieux. «Mettre le pied droit lui éviterait que son ange gardien n’arrive pas à le tacler», nous disait Benchikha, en 2011, mais ça c’était il y a 4 ans, car, entre-temps, le joueur a gagné en maturité et en expérience en Europe, même si cette fâcheuse habitude de vouloir coûte que coûte marquer du gauche est encore présente dans son jeu.
Élimination
Avec un pied parfait aux dépens de l’autre, Soudani a déjà quelque chose que son concurrent blessé n’a pas, d’autant que ce dernier ne s’applique que pour mettre des têtes, alors qu’il manque souvent des situations favorables du pied.
Celle-ci n’est pas la seule différence entre les deux hommes. La capacité d’élimination des joueurs en 1 contre 1 est aussi élevée chez l’ancien chélifien, et cela apporte une touche de provocation à une attaque déjà bien lotie dans ce registre. Le fait d’avoir aussi des joueurs talentueux comme Mahrez et Brahimi, voire Ghoulam sur le coté gauche, où l’EN préfère de plus en plus jouer, va l’aider à improviser et surtout anticiper et se mettre toujours dans les bonnes position pour marquer, son efficacité étant aussi assez bonne.
Verticalité et profondeur
En vrai chasseur de buts, Soudani guettera donc la moindre erreur des défenseurs sénégalais pour secouer les filets ; il suivra attentivement les mouvements de ses plus proches équipiers pour mettre une jambe ou la tête pour marquer, mais un attaquant est appelé aussi à avoir certains mouvements devant lorsque le ballon est chez son équipe, mais aussi lorsqu’elle le perd.
Comme Slimani, l’une des caractéristiques du jeu de Soudani, c’est ses mouvements verticaux fréquents et ses appels de balle dans la profondeur ; le fait d’avoir autour de lui des joueurs capables de faire la différence avec un geste technique, lui impose d’être toujours proche de l’action et faire des appels de balle dans le dos des défenseurs, avec la possibilité d’enchaîner des passes.
Reste à savoir maintenant quel sera le rôle défensif qu’il jouera, car, dans ce registre-là, Slimani accomplit un grand travail avec ses courses interminables vers l’avant et vers l’arrière où il contribuait souvent au travail de récupération du ballon, puis dans la construction du jeu, ce qui ne fait pas partie habituellement des habitudes de Soudani. Le coach insistera sûrement pour qu’il apprenne à le faire sans pour autant oublier que sa mission numéro un sera de marquer des buts.
S. M. A.