Dans notre édition d’hier, on relatait le fait que Christian Gourcuff a été trahi par ses certitudes au cours de cette compétition. A présent, le coach qui va faire un bilan de tout ce qui s’est passé en Guinée équatoriale et sur sa première expérience en Afrique en tant que sélectionneur national. Le moment est propice pour poser 10 questions, qu’on a jugé pertinentes au technicien français dans l’espoir d’avoir les réponses nécessaires pour la suite du parcours et surtout pour l’avenir de la sélection. De ces certitudes, le coach pourrait avoir (ou pas) des regrets par rapport à certains choix.
1. N’aurait-il pas fallu adapter l’équipe à l’adversaire ? Depuis sa prise de fonction à la tête de la sélection nationale, Gourcuff a fait savoir qu’il avait un projet de jeu et des principes sur le schéma tactique à adopter pour les Verts. Lui l’adepte du 4-4-2 a durant les trois rencontres joué avec la même tactique (sauf quelques modifications sans importance face au Ghana), et ce, en dépit du fait que les trois équipes qu’ont affrontées les Verts présentaient des profils différents. Cette première question qui vient à l’esprit est la suivante : n’aurait-il pas été plus judicieux de présenter une équipe moins prévisible qui s’adapte au jeu de l’équipe adverse et qui est faite selon l’aptitude des joueurs qu’on a sous la main ?
2. Pourquoi ne pas changer de tactique quand Slimani n’est pas là ? Le coach national est resté fidèle à ses principes. Lors des 4 matchs disputés en Guinée équatoriale, il a fait confiance à pratiquement la même composante et le même schéma tactique. Malgré la blessure de Slimani, le coach n’a pas modifié sa composante tactique, ni son onze d’ailleurs. Quand le buteur de la sélection est présent, tout va bien, cependant, lorsqu’il est absent comme ce fut le cas sur les deux rencontres des poules, et même en quart, pourquoi le coach n’a pas changé son système de jeu ?
3. Au vu des conditions, pourquoi ne pas faire tourner l’effectif ? L’un des ennemis de la sélection national aura été sans aucun doute les conditions climatiques. D’ailleurs, sur le premier match, on a vu plusieurs joueurs fléchir sur le point physique. Pourquoi le coach n’a pas fait tourner son effectif lors des rencontres suivantes ? Le coach a préféré refaire confiance aux mêmes joueurs. L’ancien sélectionneur national, Vahid Halilhodzic a pour rappel utilisé 20 joueurs lors de la dernière Coupe du monde avec les résultats qu’on connaît et 120 minutes de haut niveau face à l’Allemagne, futur championne du monde.
4. Brahimi n’est-il pas meilleur à gauche ? L’utilisation de Yacine Brahimi a été le débat central de cette Coupe d’Afrique des nations. Aligné en tant que meneur de jeu, le joueur n’a pas eu le rendement qu’on attendait de lui durant cette compétition. D’ailleurs, sur les plateaux télé, tout le monde s’accorde à dire que le concerné est bien meilleur lorsqu’il est aligné à gauche sur le couloir comme c’est le cas lorsqu’il joue à Porto. Le joueur n’aurait-il pas été plus efficace dans cette position ?
5. Guedioura a-t-il manqué ? Gourcuff était sûr de ses choix lorsqu’il a décidé de dévoiler la liste des 23 joueurs retenus pour la CAN. Une liste dans la quelle ne figurait pas Adlène Guedioura. Ce dernier a à son actif une Coupe du monde en Afrique du Sud et une CAN dans le même pays il y a deux ans. Sa grande expérience n’aurait-elle pas été importante pour un groupe jeune ? Est-ce que son abattage et ses qualités physiques n’ont pas manqué à ce groupe ? Le coach a décidé de prendre à sa place un novice, Ahmed Kashi qui savait dès le départ qu’il allait avoir peu de chances de jouer. Certes, les qualités du joueur sont indéniables mais il n’a pas l’expérience de l’Afrique comme celle d’Adlène Guedioura qui venait de retrouver beaucoup de temps de jeu lors de son prêt fortuit à Watford. En plus, sa capacité à tenir et à frapper de loin ont fait de lui une arme redoutable, mais pas assez pour qu’il fasse partie des 23.
6. 4-4-2 : ne manque-t-il pas un attaquant dans la liste des 23 ? Christian Gourcuff est comme on le sait, un adepte du système en 4-4-2. Il s’appuie donc sur deux attaquants pour mettre en péril les défenses adverses. Cependant, il n’y avait pas de doublures pour Slimani et Belfodil. Soudani étant un joueur de couloir. Pourquoi le coach n’a pas misé sur deux autres doublures pour la compétition ? N’aurait-il pas été mieux de sacrifier un joueur d’un autre compartiment pour prendre un Ghilas ou un Bounedjah par exemple ?
7. A quoi sert Djabou ? Le cas d’Abdelmoumen Djabou reste une énigme dans cette sélection. Le petit lutin du club africain n’a pris part à aucune rencontre dans cette CAN. Le coach ne l’ayant pas dans ses petits papiers ou du moins le prend comme doublure de Brahimi. Néanmoins, Soudani peut aussi être une doublure du joueur de Porto. Pourquoi dans ce cas prendre l’ancien Sétifien pour le laisser sur le banc ?
8. A-t-il compris comment gagner une CAN ? Tentant sa première expérience de sélectionneur en Afrique et disputant par la même occasion sa toute première compétition sur le plan continental, le sélectionneur national a déclaré à la fin de la rencontre, qu’il allait attaquer la prochaine CAN d’une autre manière et qu’il sera plus sûr car il a eu une idée sur le jeu en Afrique. Le technicien breton a-t-il compris comment gagner la compétition ?
9. Quelles sont les options pour l’avenir ? Dans son intervention d’après-match, le coach s’est fondu d’une déclaration qui en dit long : «Certains joueurs ont avancé dans l’âge.» Cette phrase veut dire qu’il y aura bientôt du changement au sein de la composante de la sélection. Cependant, quelles sont les options qui se présentent devant le coach et quelles sont les postes à renfoncer ?
10. Pourquoi s’obstiner à faire jouer Soudani avant-centre ? Lors des deux derniers matchs, le coach a fait confiance à Hilal Soudani pour mener l’attaque algérienne face au Sénégal et face à la Côte d’Ivoire. Cette décision a été prise malgré le fait que le joueur ait refusé de jouer en tant qu’avant-centre en affichant clairement sa préférence pour le couloir gauche. Gourcuff ne regrette-t-il pas d’avoir fait jouer l’attaquant de Zagreb en pointe tout en sachant qu’il aime jouer sur le côté ? Autant de questions qui attendent des réponses de la part du sélectionneur lors de sa conférence de presse qu’il animera aujourd’hui. I. Z.