Nabil Fekir a annoncé qu’il va devoir choisir entre l’Algérie et la France d’ici le mois de mars, il s’est mis la pression, et l’a mise au même moment sur les sélectionneurs des deux équipes, que ce soit sur Gourcuff ou sur Deschamps.
Du côté de la FAF, le message n’a pas eu de bons échos, il reste la version côté français, qui n’a pas tardé à venir de la bouche même du sélectionneur qui s’exprimait hier sur RMC dans l’émission animée par Luis Fernandez, à savoir «Luis attaque».
30 minutes seulement étaient passés depuis l’arrivée du sélectionneur français sur le plateau de l’émission quand Luis Fernandez a abordé la question de la convocation ou non de Nabil Fékir chez les Bleus lors du prochain stage et la rencontre attendue entre la France et le Brésil, l’ancien joueur et entraîneur de la Juve n’a pas caché son admiration pour la cible algérienne, mais n’a pas cédé non plus à sa pression : «Fekir est un joueur qui joue beaucoup, il est performant. Il est efficace dans un registre différent.
C’est un potentiel intéressant», dira-t-il d’emblée.
«Il a le niveau des Bleus, mais je ne sais pas quand et comment il nous rejoindra»
A la question de savoir si le joueur a le niveau pour jouer en équipe de France, Deschamps a répondu avec une grande franchise, d’après sa réponse, ça va sûrement intervenir, mais quand ? Le mystère reste entier : «Il a 6 mois en Ligue 1, il est efficace et il a une marge de progression, oui, il est sélectionnable, mais il reste à savoir quand et comment, surtout avec la concurrence qu’il y a dans ce poste-là.»
«Je ne saurais vous dire s’il va être retenu en mars, mais je le suis»
Deschamps a tenu à maintenir le suspense jusqu’au bout, il n’a pas voulu donner des indices sur ses vraies intentions, il se dit pas encore prêt pour prendre cette décision : «Je ne suis pas prêt, je ne pourrais pas te répondre sincèrement, mais évidemment que je le suis, lui et d’autres, je le regarde, il est dans un registre différent, des qualités, propres à lui, bien spécifiques, il est redoutablement efficace.»
«Le choix lui appartient, il a sa liberté, je ne peux la lui enlever»
Pour le moment, le plus grand gagnant de cette bataille reste le joueur qui a le choix de prendre le pays de ses ancêtres ou celui qui l’a vu grandir, d’ailleurs l’entraîneur des Bleus évite de se mettre la pression, car il sait que quelle que soit sa décision et sa liste, le joueur pourra toujours tourner le dos à la France : «Si les deux l’appellent ? Il faudra qu’il choisisse, il a cette liberté, là je ne peux pas la lui enlever, si je ne l’appelle pas il ira ailleurs, mais si je l’appelle, il peut aussi aller ailleurs, parce que même si je le prends on n’a que des matches amicaux, donc ça ne compte pas, il pourra encore choisir l’Algérie ça sera son choix.» Une possibilité qui reste à écarter au vu de la dernière interview accordée par Nabil à L’Equipe où il écarte cette éventualité de changer de camp après un premier choix.
«Ce qu’il fait n’est pas du chantage, ce n’est pas facile pour lui mais…»
Quand l’animateur de l’émission propose l’idée machiavélique au coach, celle de convoquer le joueur pour barrer la route aux Verts, Deschamps joue la carte de la diplomatie, il ne veut pas se mêler dans un discours politique et baisse le ton en relativisant, et en évoquant une décision difficile et importante pour le joueur : «Je ne fais pas de la politique, je ne prends que les joueurs qui me semblent capables d’apporter un plus, mais je ne vais pas sélectionner Nabil demain pour l’empêcher d’aller dans une autre nation, si je le prends c’est parce que je suis convaincu qu’il peut apporter un plus, je sais aussi que ce n’est pas facile pour lui, c’est une décision importante qu’il doit prendre, après il y a une sélection qui peut l’appeler avant l’autre.»
«Mes contacts je les garde pour moi et tant pis si on le perd»
Très cachotier, Deschamps n’a pas voulu dévoiler s’il existait des contacts entre lui et le joueur de l’OL, il ne veut pas non plus assumer la responsabilité de la perte du joueur si Nabil décidait d’aller chez les Verts : «J’ai la liberté de pouvoir ou de ne pas pouvoir, je ne suis pas obligé de téléphoner, ça reste une possibilité, mais je suis sûr d’une chose, c’est qu’il ne fait pas de chantage, je ne suis pas obligé de faire état de mes contacts ou de mes appels, ça fait partie de mon travail.» Et d’enchaîner concernant la possibilité de rejoindre l’autre camp : «Il y en a eu d’autres avant lui qui sont partis, car même si je le prends, il choisira entre dire oui ou non, c’est ça liberté je ne peux pas lui enlever ça, il a la liberté, après il y a ceux qui disent oui, il y en a d’autres qui disent non.»
«Je ne me battrai pas contre les règlements»
Avant de clore ce dossier et passer à d’autres sujets liés à sa sélection, Deschamps s’est montré compréhensif par rapport à la loi du Bahamas qui a donné la liberté aux binationaux, se contentant de faire son boulot d’entraîneur et éviter d’entrer dans un labyrinthe : «Je n’ai pas à me battre contre les règlements, c’est comme ça, ils ont ce libre choix, et ça ne pose aucun problème», conclut-il.
S. M. A.