Le football est-il compatible avec le Ramadhan ?
Les Saoudiens sont censés être les plus connaisseurs en matière de religion musulmane. Si le football était compatible avec le mois sacré, pensez-vous qu'ils auraient hésité à programmer le championnat durant cette période ? En Arabie Saoudite, on ne joue pas au foot pendant Ramadhan, cela veut tout dire à mon sens. C'est aussi l'avis des nutritionnistes, des médecins et des scientifiques en général. En plus, l'Algérie est un pays chaud, comme ceux du Golfe, il faut éviter au maximum la pratique du foot durant le mois sacré.
Que faire, donc, quand le mois survient en période de préparation d'intersaison ?
Il faut se contenter de petites préparations fractionnées, des petits regroupements essentiellement pour entretenir le volet mental. On peut travailler un peu le physique, mais on ne peut pas le faire comme en dehors du Ramadhan. Vous savez, le corps humain s'use à la longue. Les deux premières semaines, le corps humain garde encore son énergie, il puise dans ce qu'il a emmagasiné auparavant. Le joueur peut donc avoir du répondant, tenir et travailler correctement. Mais les deux dernières semaines, c'est l'enfer !
A ce point !
Ecoutez, j’en parle en connaissance de cause. C'est l'épuisement, la souffrance, la perte de poids et de l'énergie. Le joueur descend en dessous de son poids de forme. Quand on perd du poids et de l'énergie, le mental est affecté et on n'est alors plus réceptif. Le joueur devient moins consciencieux dans son travail. Il y a aussi le gros souci de l'hydratation.
Et que dites-vous à ce propos ?
Après la rupture du jeûne, c'est l'envie de boire qui finit par esquinter le joueur. Parce qu'il faut le dire, dans un pays chaud, on songe essentiellement à s'hydrater. C'est la réalité. Cela n'est malheureusement pas suffisant. Il faut également manger pour apporter un équilibre.
Comment ça se passait pour vous quand vous jouiez en France et au Portugal ?
Je vais vous dire la stricte vérité. Pendant la semaine, je jeûnais. Quand il y avait des séances biquotidiennes, on essayait de me ménager au maximum. Cela ressemblait à une double séance de déshydratation, c'est trop. Mais le jour du match, ce n'était pas possible de jeûner ! Les efforts déployés lors d'un match officiel sont le double de ceux à l'entraînement. Lors d'une séance d'entraînement, on peut s'arrêter à tout moment, on peut tricher même, mais, pendant une rencontre officielle c’est quasiment impossible. Tous ont le regard braqué sur toi : le coach, le public, les journalistes... Dans ce cas, si tu triches ou si ton niveau baisse les gens le remarquent vite et la sanction sportive est souvent au bout. Ça ne pardonne pas.
H. D.
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