Installé au Qatar, Nasser Mekidèche, l’ancien international du NAHD et du CRB, livre son opinion dans le débat sur la pratique du jeu à onze durant le Ramadhan dans les pays du Golfe. Pour lui, c’est d’abord une histoire de diététiciens.

D'après vous, peut-on concilier le Ramadhan avec la pratique du foot ?

Il est clair qu'il est préférable de jouer en dehors du Ramadhan. Mais quand le mois arrive, il faut s'adapter. Chacun doit savoir comment préparer son équipe. Celui qui ne sait pas le faire aura des difficultés pendant la saison.

Dans les pays du Golfe, on ne joue pas du tout au foot pendant le mois sacré…

Oui, c'est parce qu'il fait tellement chaud qu'il est impossible de tenir le coup. Actuellement, on est en présaison, la plupart des équipes partent se préparer à l'étranger. On va en Europe, la Hollande et l’Allemagne en particulier, là où il y a un peu de fraîcheur. Cette fois, c'est la Turquie qui est privilégiée, elle a pris la place de la Tunisie après les événements qui ont secoué ce pays.

Est-ce que les joueurs des pays du Golfe jeûnent lorsqu'ils préparent la nouvelle saison durant le Ramadhan ?

Si, ils font tous carême parce que l'entraînement ne survient jamais avant la rupture du jeûne. Les séances ont lieu dans la soirée. Comme je vous l'ai dit, il fait tellement chaud qu'il est impossible de tenir le coup le jour. On est confrontés à des températures oscillant entre 45 et 48 degrés, en plus l'humidité est très élevée. Donc, il est quasiment impossible de travailler en diurne. Tous les clubs commencent l'entraînement après la prière d'El-Icha. Il faut souligner aussi une chose très importante.

Laquelle ?

Chaque club doit avoir un diététicien pour déterminer les apports alimentaires et établir le nécessaire équilibre. Durant le Ramadhan, pour pouvoir tenir un rythme d'entraînement poussé, l'organisme a besoin de certains aliments. Il faut également éviter certains produits, telles les sucreries. Quand on en abuse, on risque de prendre du poids. Le foot et le Ramadhan, c’est une affaire de nutritionnistes et de diététiciens, en plus des préparateurs physiques, bien sûr. Il ne faut pas trop manger lors de la rupture du jeûne, sinon on met plus de temps pour la digestion. C'est après l'entraînement qu'on mange bien. Il faut aussi éviter les viandes rouges qui ne sont pas recommandées lors des charges physiques. C'est le rôle du nutritionniste, il prescrit ce qu'il faut de façon minutieuse.

Avez-vous en mémoire un fait marquant durant le Ramadhan ?

Cette question me renvoie systématiquement au décès de Benmiloudi, l'ancien avant-centre international du CRB. Je ne veux pas lier sa mort au Ramadhan mais je me demande quand même : pourquoi jouer durant cette période qui exige de gros efforts ? Surtout quand on n'est pas bien pris en charge. Je pense qu'il ne faut pas programmer des matches en période de jeûne. Benmiloudi, Allah yerrahmou, était un gars de mon quartier, un fils du Chabab, sa disparition brutale nous a choqués.

H. D.