Après avoir réintégré les rangs de l’EN en juin dernier, après une CAN à mettre aux oubliettes et un stage de Doha raté à cause d’une blessure, l’international algérien est revenu cette fois en sélection dans la peau d’un joueur plus mûr et avec un CV déjà meilleur qu’avant. Son équipe, le Dinamo Zaghreb, s’est brillamment qualifiée à la phase des poules de la Champions League européenne, de quoi le rendre heureux et lui donner un coup de pouce dans sa carrière, il espérait aussi bénéficier d’un traitement de faveur pour cet exploit, mais en sélection. Les échos étaient favorables, et ce depuis l’annonce de la blessure de Mahrez, on a pensé à un coup de main du destin, d’autant que les deux hommes jouent pratiquement dans le même contexte, du moins, c’est ce qu’a toujours affirmé le Chélifien qui a même refusé de jouer en pointe lors de la CAN, quoi de mieux donc pour un tel match pour briller, dans des conditions parfaites, en l’absence de son concurrent, celui qui lui a chipé sa place depuis son arrivée chez les Verts.
29 août : 20 minutes en championnat, on ne se fatigue pas avant un long voyage
La semaine a commencé le 29 août, son équipe le Dinamo jouait un match de championnat contre Belupo, un team qui ne fait visiblement pas peur au staff technique du club croate. Le staff du dinamo a, en effet, choisi de laisser Hilel-Larbi au repos, il l’a ménagé en le mettant sur le banc, lui qui devait voyager après deux jours vers l’Afrique du Sud, avec toutes les contraintes que cela pourrait avoir. La Champions League européenne approche très rapidement, son club a besoin de lui et de sa santé, c’est donc à la 69’ qu’il a fait son entrée juste pour marquer le pas, il se contentera de ces 20 minutes sans marquer mais pas grave, car le meilleur allait en tout cas venir.
Le 31 août : revoilà l’EN, revoilà…Mahrez
Soudani a ensuite rejoint Paris pour entrer en stage avec l’EN, un tour à l’hôtel, une petite séance de décrassage puis une longue expédition vers l’autre bout du monde, en Afrique du Sud, ce pays qu’il connaissait déjà, cette fois il y est revenu avec d’autres intentions, reconquérir une place de titulaire, néanmoins, son court passage à Paris était porteur d’une info pas trop bonne pour lui, Mahrez était là et malgré sa blessure il allait quand même embarquer en direction de Johannesburg, l’espoir demeurait encore permis.
1er août : entraînement et satisfaction
Gourcuff n’a pas perdu son temps, aussitôt arrivé à Pretoria, il a soumis ses joueurs a une première grosse séance d’entraînement, il ne s’agissait pas d’un décrassage mais d’une vraie séance, et lors de cette dernière, Soudani a confirmé ce qu’il attendait, voire ce qui lui aurait promis, un retour aux sources, vers son côté gauche ou il excelle si bien. Sans Mahrez laissé pour des soins à l’hôtel, l’EN s’est entraînée avec Soudani dans le onze, le joueur était content, il est déjà entré dans l’ambiance du match contre le Lesotho, mais il ne s’attendait sûrement pas à ce qu’il allait vivre le lendemain.
2 septembre : Mahrez revient, Hilel-Larbi saute et décide de parler
Dans son programme, Gourcuff savait que la séance de mercredi allait être la seule qui allait avoir dans les meilleures conditions, il a donc décrété le huis clos, il a fermé les portes au nez des journalistes et des supporters, c’est lors de cette séance que l’incroyable a eu lieu. Annoncé un temps out, Mahrez s’est rétabli plus rapidement, il est revenu et a vite réintégré le onze de départ, aux dépens de qui ? De Soudani, l’enfant de Chlef s’est retrouvé une nouvelle fois marginalisé, des trucs se seraient passés dans sa tête, et la séance était un lourd fardeau pour lui, sans parler de ce chasuble bleu qui ne lui va pas trop, il travaille sans faire de bruit et au bout de deux heures, et au moment où tout le monde allait quitter le stade, il se dirige vers son entraîneur, du côté de la touche, un peu éloigné des joueurs, mais pas du staff médical, il entame une discussion avec des gestes qui en disaient long sur ce qui se disait à ce moment-là entre les deux hommes, cela ressemblait à une explication, car il ne restait que le bruit, pour évoquer un accrochage verbal, le tout s’est passé dans le calme, mais étant quelque peu impulsif, Soudani a laissé paraître sa colère de se retrouver encore une fois sur la touche dès le retour du joueur annoncé initialement blessé.
3 septembre : Soudani confirmé remplaçant, et se lâche dans un match d’application….à droite
Ces faits-là, on vous les a rapportés au fur et à mesure du stage, on ne fait que vous rafraîchir la mémoire, tout cela a été vécu et rien ne repose sur de l’imagination, tout comme l’excellent match fait par Soudani avec les remplaçants sur l’annexe du Loftus Versfeld Stadium de Pretoria, jeudi, soit la veille du départ à Maseru, Soudani, visiblement soulagé par tout ce qu’il a pu dire et exprimer la veille, s’est complètement lâché sur une pelouse pas facile, mais il a fait un match exceptionnel, marquant pas moins de 4 buts à Doukha et aux titulaires, un message fort de sa part à tout le monde, et le plus surprenant c’est cette position où il a été aligné, une position inédite à droite de l’attaque, à ce moment-là déjà Gourcuff se serait rendu compte des carences de Boudebouz sur ce côté-là, il aurait décidé de «caser» Soudani.
4 et 5 septembre : Hilel-Larbi donne satisfaction
Les deux séances d’entraînement avant le match n’ont fait que confirmer le constat du 3 septembre, Hilel-Larbi peut jouer à droite comme à gauche, Gourcuff peut se permettre ce coup.
6 septembre : Hilel-Larbi marque un doublé, il suffisait de lui faire confiance
Le jour J a fait que les choses se passent comme Hilel-Larbi le souhaitait, et peut-être comme Gourcuff l’aurait imaginé, rapidement Boudebouz a montré des signes d’incompatibilité avec la situation du match, le coach le laissera tout de même terminer sa mi-temps pour ne pas avoir davantage de problèmes avec ses poulains, il décide de lancer l’ancien joueur de Guimarães, ce dernier tentera plusieurs fois de marquer, il réclame des ballons, de plus en plus de ballons, il montre même sa colère à Bounedjah un peu trop égoïste sur une action, sa faim était visible de tous, même Matete le coach du Lesotho l’a remarqué, tout le monde s’est accordé à dire que Soudani était l’homme de la situation, et l’homme du match, il a profité de cette occasion et a montré à son entraîneur ce qu’il pouvait faire avec un petit peu de confiance. Telle a été la folle semaine de Soudani, il retrouve son club aujourd’hui plus fort que jamais et plus boosté pour entamer une nouvelle aventure, celle-ci est encore plus dure, la Champions League européenne.
S.M.A