Le joueur batnéen n’est accusé, d’abord par son club, de… rien. Oui, Dif n’est absolument coupable d’aucun délit, d’aucune infraction, il a juste enlevé son maillot après avoir inscrit un but. Dans l’euphorie de cette réalisation, Dif retire son maillot ; en dessous, il a un autre maillot sur lequel il est écrit «Ici c’est Paris». Les dirigeants du CA Batna s’insurgent et, dans la foulée, suspendent le joueur et le mettent à l’amende. «Ici c’est Paris» est le cri de ralliement des supporters du Paris SG, il n’est ni haram, ni délictuel, ni blasphématoire, ni insultant, ni attentatoire, ni rien d’autre. Pourquoi donc les dirigeants du CAB ont-ils suspendu leur joueur et lui imposé une amende ? Sur le maillot de corps de Lotfi Dif était écrit «Ici c’est Paris» comme il aurait pu être écrit «You’ll never walk alone» (Liverpool), «Mia sans Mia» (Bayern) ou encore «E pluribus unum» (Benfica). C’est juste des devises ou des cris de ralliement des clubs, sans plus. Pourquoi alors verser dans cette forme rare de la paranoïa pour accuser Dif d’un crime qu’il n’a jamais commis ? Certains, sans doute plus éclairés que d’autres, ont cru voir dans le geste de Dif un hommage aux victimes des attentats de Paris. Si tel était le cas (apolitique, le joueur se défend d’avoir voulu rendre hommage à quiconque), on devrait le remercier, sachant que deux de nos compatriotes ont trouvé la mort dans cette tragique soirée. Et puis, il ne faut pas oublier que l’Etat algérien a vigoureusement condamné ces attentats meurtriers, pourquoi donc un citoyen est-il condamné quand il condamne cet acte barbare ? En tout cas, Lotfi Dif est victime dans cette affaire. Beati pauperes spiritu, les dirigeants cabistes se devaient de faire preuve de largesse d’esprit et de ne pas voir le diable partout. Lotfi Dif n’a pas commis de crime, il a juste manifesté sa joie à sa manière sans arrière-pensée aucune.
M. O.