Né le 1er janvier 1989, Essaïd Belkalem vit les pires moments de sa carrière. Il n’a pas joué un «vrai» match de football depuis plus d’une année. De retour à Watford cette saison, il se contente de s’entraîner avec la réserve sans jouer la moindre minute. Par conséquent, l’ancien de la JSK n’est plus sélectionné. Son nom n’est cité ni par la presse ni par le public, encore moins par le sélectionneur national. Cette valeur sûre, cet excellent défenseur central, vu son âge et sa grande marge de progression, est, qu’on le veuille ou pas, le meilleur espoir, en compagnie de Bensebaïni, que l’Algérie possède au poste de défenseur central. Mal en point avec son club, certes, l’enfant de Mekla peut rebondir en Algérie ou ailleurs dès ce mercato hivernal. De par cette vérité que personne ne peut nier ou contredire, on se posera les questions suivantes : qu’a fait la FAF pour ce joueur ? Que fait le sélectionneur national pour l’aider ou le soutenir ne serait-ce que psychologiquement ? Pourquoi appelle-t-il Haliche pour prendre de ses nouvelles et pas Belkalem et, surtout, pourquoi Rabah Saâdane et Mohamed Raouraoua ont-ils sacrifié plusieurs joueurs aptes lors de la CAN 2010 et le Mondial de la même année pour aider d’autres qui étaient blessés ou en manque de compétition avec leur club (on parle bien sûr d’Antar Yahia et de Ziani, NDLR) et décident 5 ans plu tard de ne pas le faire avec Belkalem ? Et enfin et c’est le plus important, fait-il toujours partie des joueurs sur qui Gourcuff compte, qu’il suit, attend ou regrette ? On ne peut répondre aux premières interrogations, c’est aux concernés de le faire, mais, pour cette dernière, on a toutes les raisons de penser que non. Explication.
Museler Müller et Lukaku n’a pas été suffisant
Essaïd Belkalem était l’un des préférés de Vahid Halilhodzic. Titulaire indiscutable sous son règne, le Bosnien a compris qu’avoir un gaillard comme lui en défense était indispensable en Afrique. Vahid a donc fait de lui sa muraille et son arme fatale face aux géants africains forts dans le jeu de têtes et impitoyables dans les duels. Belkalem l’a d’ailleurs suivi à Trabzonsor et a été lors des quelques mois qu’il a passés en Turquie un titulaire indiscutable et un joueur estimé par le public local. La première fois que Gourcuff l’a vu à l’œuvre, c’était au Brésil. Essaïd Belkalem a fait un excellent tournoi, notamment face à l’Allemagne o il avait réalisé en compagnie de Halliche une prestation de très haut niveau. On ne peut pas avoir le même regard technique que le coach Gourcuff et on ne sait pas comment ce dernier l’a trouvé lors de ce tournoi, mais ce qu’on sait c’est que, durant toutes ses rencontres, le natif de Djamâa N’Saridj a été bien noté par la presse mondiale et les techniciens des quatre coins du monde. Ce qui s’est passé après que Gourcuff eut pris les commandes indique que Belkalem n’est pas le défenseur que voulait le Breton.
Comment vous avez trouvé Belkalem ? «… Medjani était bon !»
Christian Gourcuff n’avait pas beaucoup de temps pour préparer son premier match officiel avec l’Algérie. Après trois jours de stage, il a décidé de ne rien toucher à la méthode Vahid. A Addis-Abeba, il a alligné d’entrée Medjani et Belkalem dans l’axe, avec comme latéraux Mesbah et Mandi. Le match s’est soldé sur le score de 2 buts à 1 pour les Verts, signés Soudani et Brahimi. A la fin du match, on s’est rapprochés du coach pour avoir ses impressions. A la question de notre envoyé spécial sur la prestation d’Essaïd Belkalem en particulier et de la paire centrale de manière générale, Christian Gourcuff répondra : «Je connaissais Medjani pour l’avoir eu comme joueur à Lorient. C’est une assurance pour moi. Il a fait un bon match, il a bien dirigé sa défense ; ses interventions, ses jaillissements ont été à chaque fois réussis…». Aucun mot, aucune remarque et aucune critique sur l’ancien joueur de Trabzonspor.
Une dernière chance face au Mali et puis rien
Un mois plu tard, l’Algérie recevait la redoutable équipe du Mali. Gourcuff donne une seconde chance à Belkalem. Alligné avec Medjani dans l’axe, l’ancien capitaine de la JSK fera une partie correcte qui s’est soldée par une victoire pour l’Algérie un but à zéro, signé Medjani sur une position de hors-jeu flagrante dans les dernières minutes du match. Lors de la conférence de presse d’après-match, Gourcuff, qui a fait le tour de la question, ne dira rien à propos de Belkalem. Ce match était l’avant-dernier que ce joueur comptera à son actif avec la sélection. Puisque, depuis, c’est Halliche, qui avait signé au Qatar quelques semaines avant, qui prendra sa place. Avec Medjani, il dirigera la défense des Verts face au Malawi en aller retour et enfin l’Ethiopie à Tchaker. Ayant assuré sa qualification à la CAN avec 5 victoires en autant de matchs, Gourcuff alignera au mois de novembre 2014 une équipe bis à Bamako. Un match qui a signé la première défaite de Gourcuff en sélection. Belkalem était titulaire, Cadamuro et Mesbah aussi. Ce fut le dernier match d’Essaïd Belkalem avec la sélection.
Belkalem rate la CAN 2015, le début de la fin
Retenu dans la liste des 23 pour la CAN 2013, Essaïd Belkalem a été contraint de déclarer forfait à la dernière minute suite à une blessure contractée au genou. C’est le réserviste Liassine Cadamuro qui le remplacera. Ce dernier, titulaire et buteur en amical face à la Tunisie, a grillé toute chance de jouer après son expulsion bête lors de ce même match. La CAN débute, c’est logiquement la paire Halliche-Medjani qui a commencé la compétition avant que Bougherra ne fasse une entrée en force. Le Magic a été magique, il a été titularisé lors des 3 derniers matchs de la CAN, et ce, malgré la guérison de Rafik Halliche. Que Belkalem rate la CAN lui a été fatal sur le plan sportif. Il a, d’un côté, confirmé Haliche et Medjani dans l’axe, mais l’a privé aussi d’une bonne opportunité de plaire aux nombreux recruteurs présents en Guinée équatoriale.
Complètement guéri, Gourcuff ne l’emmène pas au Qatar
Quelques mois après cette CAN ratée, Bougherra et Lacen prennent leur retraite internationale. Cela devait laisser place à Belkalem à long terme, puisqu’il était blessé, mais non. Essaïd n’entrait plus dans les calculs du coach, et ce, même après son retour de guérison. Blessé début janvier lors d’une rencontre face à Fenerbahçe, l’international algérien a eu le feu vert de ses médecins de reprendre les entraînements en groupe le 16 mars 2015. Le mois d’avant, il avait travaillé comme un forcené en salle. Il avait perdu 10 kilos. La liste élargie pour les deux matchs face au Qatar et Oman tombe. Belkalem y est en compagnie de 36 autres joueurs. Tout le monde pensait revoir ce joueur qui a beaucoup manqué à la sélection à l’occasion de ce tournoi ô combien banal, mais non. La liste des 23 comptait Chafaï, Benlamri, Mandi et Medjani, mais pas Belkalem. Un coup dur pour celui qui a été durant 3 ans le protégé de Vahid Halilhodzic qui, malgré l’absence de Cadamuro, Bougherra et Halliche, n’est pas sélectionné. Il est vrai que Belkalem manquait de rythme et sa condition physique n’était pas au même niveau des autres défenseurs sélectionnés, mais quand on voit que Benlamri n’a pas joué la moindre seconde face à ces deux faibles sélections et que Chafaï s’est fait griller lors du premier match perdu face à Belmadi et ses capés on ne peut que s’interroger sur les vraies raisons de leur sélection. N’est-il plus approprié de convoquer un joueur sur qui on peut compter à l’avenir ? N’était-il pas plus noble d’aider un jeune international qui a prouvé par le passé qu’il était une valeur sûre ? N’était-il pas plus logique que la sélection et le sélectionneur lui montrent du soutien au moment où son club lui faisait vivre un cauchemar ? Gourcuff l’a fait avec Zeffane Mehdi, pourquoi ne l’a-t-il pas fait avec Belkalem ?
Il prend des nouvelles de Halliche, pas de Belkalem
Dernièrement, Christian Gourcuff dira qu’il a appelé Halliche pour prendre de ses nouvelles. S’il avait fait de même avec Belkalem, c’est sûr qu’il l’aurait dit. En parallèle, on apprend de source sûre que la prospection d’ici le mois de mars touchera deux secteurs principaux. Le milieu défensif et l’axe central. Une raison de plus que Belkalem n’entre pas dans ses projets d’avenir ? Possible. Par ailleurs, on dira que Belkalem, un joueur exemplaire sur et en dehors du terrain, est, malgré son jeune âge, un cadre de la sélection algérienne. L’Algérie gagnerait beaucoup si elle l’aidait à sortir de cette situation. Raouraoua a aidé par le passé plusieurs internationaux en difficulté, Gourcuff peut faire de même. Rien n’indique pour le moment que Belkalem fait bonne presse chez le coach breton de l’Algérie. Le problème ne peut pas être relationnel puisque Belkalem est un joueur discipliné, professionnel et si besoin parle très bien le français. Il est selon toute vraisemblance d’ordre technique, à moins que Gourcuff ait voulu de par sa décision éliminer un titulaire en puissance dans le but d’affaiblir le clan des locaux qui est déjà assez fort avec Slimani, Soudani, Belkaroui et Doukha…
A. B.