Mecherara : «Plafonner les salaires est illégal»

Ces derniers jours, le plafonnement des salaires des footballeurs professionnels a été remis sur le tapis. Mohamed Mecherara, l’ancien boss de la Ligue, donne son avis éclairé sur le sujet.

Les présidents de club reparlent du plafonnement des salaires des joueurs, peut-on connaître votre avis sur la question ?

Sur le plan juridique, on n'a pas le droit de limiter les salaires. La loi ne limite que le minimum, elle fixe le salaire minimum garanti. Il n'y a aucune loi qui interdit d'octroyer 300 millions de centimes en salaire. La loi intervient ensuite dans l'imposition des salaires, c'est tout.

Donc, la démarche actuelle des présidents de club est anti-réglementaire ?

Bien sûr ! De toute façon, ils ne sont pas allés au bout et ils ne le feront pas. A notre époque, la Ligue avait proposé une démarche, sur la demande des clubs d'ailleurs, qui est beaucoup plus respectueuse de la loi.

Rappelez-la nous…

On avait situé les salaires en trois niveaux de rémunération. Le premier niveau est le salaire de base qui comprend trois catégories : l'international confirmé ayant joué par exemple 10 sélections, l'international en ayant joué mais qui est quand même une star, enfin le joueur professionnel classique. Au premier, on peut fixer un salaire de base de 40 000 DA, au second 30 000 DA et au troisième 25 000 DA. Après, il y a un second niveau de rémunération.

Qui propose quoi ?

Il est lié au rendement, lequel est établi par le classement mensuel. Contractuellement, on peut négocier cela avec un joueur en lui proposant, en plus donc du salaire de base, une prime de rendement. Si l'équipe est entre la première et la troisième place, il aura par exemple trois fois 300 000 DA de prime. Entre la quatrième et la huitième place, on offre deux fois 300 000 DA. Au-delà de la dixième place, on donne une fois 300 000 DA. Enfin, il y a le troisième niveau de rémunération.

Il propose quoi, celui-là ?

C’est une prime annuelle liée au classement final. Si on finit champion, on offre 12 fois le salaire mensuel. Si on est second c'est 10 fois, si on se classe troisième c'est 9 fois...

Et ça c'est réglementaire ?

Bien sûr que oui ! C'est parce qu'on n'est plus dans la limitation des salaires. Et c'est juste surtout. Celui qui reste toujours dernier n'aura pas plus de 30 millions de centimes, alors que le super joueur champion empochera le gros lot.

En réalité, la démarche des présidents de club ne repose-t-elle pas finalement sur leurs propres intérêts, puisque le plafonnement des salaires leur permet de garder leurs postes ?

Non, ce n'est même pas ça. Le drame est qu’il n’y a pas la moindre notion de gestion de la ressource humaine. Quand on négocie un contrat, on parle d'argent en ignorant superbement le volet fiscal. Plus que ça, aucun joueur n'est assuré sérieusement. Quand un joueur se blesse chez nous, il est carrément fini, le pauvre ! Nous n'avons pas du tout de gestion de la ressource humaine dans notre système footballistique et c’est vraiment malheureux.

H. D.

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