Star parmi les plus grandes du football algérien, le Valencien était un des éléments clés de la sélection nationale. Il avait de très grandes responsabilités dans l’animation de jeu de l’équipe. Lors des éliminatoires de la CAN 2013 et celles de la Coupe du monde 2014, On n’avait d’yeux que pour lui. Devant, il était de tous les bons coups. Tantôt à droite, tantôt à gauche, Feghouli donnait des ailles au compartiment offensif des Verts. C’est lui qui, dans la troisième zone du terrain, celle où était installée la dernière ligne adverse, avait comme première mission de la transpercer. Et il en était très capable. Véloce, technique, doté d’une excellente lecture du jeu, Feghouli, très altruiste, ne se privait jamais de mettre un coéquipier dans une position idéale pour marquer un but. On s’en rappelle tous le but inscrit en Coupe du monde contre la Corée du Sud. Une action collective, conclue en un une-deux avec Brahimi jusque dans les bois coréens. Un chef-d’œuvre en la matière et l’étalage de l’insolent talent de Sofiane Feghouli. Mais la Coupe du monde terminée, Halilhodzic parti, le rendement de Feghouli en sélection a vite régressé. Sur le plan personnel le joueur est toujours en forme. La meilleure des preuves, il nous la donne à chaque sortie avec son club, le FC Valence. En effet, dans les différents terrains espagnols et même d’Europe, Feghouli montre de bien belles, choses. Il est souvent crédité d’«une excellente prestation», la presse espagnole et européenne ne tarit pas d’éloges sur lui. A tous les coups, à tous les matches il y a un truc à dire sur lui et sur sa belle prestation. Qu’il soit meilleur joueur africain de la saison en Espagne en est la meilleure preuve que le problème ne vient pas de lui, mais de la façon avec laquelle le sélectionneur national Christian Gourcuff l’utilise.
Plus de liberté
Mais alors pourquoi les prestations de Feghouli en sélection ne sont-elles pas conformes à celles qu’il produit dans son club ? Une question légitime quand on sait, comme dit plus haut, que le joueur est en excellente forme dans son club, et dans ses petits souliers en sélection. En fait, d’aucuns ont très vite pris le raccourci le plus facile mais qui fait le plus mal en affirmant que Feghouli ne mouille pas le maillot vert. Cette thèse est une énorme absurdité, elle est très loin de la réalité et en plus elle fait mal au joueur. L’international algérien de Valence ne s’est jamais dérobé à ses responsabilités en sélection. Dès le premier intérêt que lui avait manifesté la FAF, il s’est montré disponible et a répondu avec un sens aigu de l’amour du pays et des couleurs, dès sa première convocation chez les Verts. Il était d’ailleurs le seul joueur à avoir refusé tous les contrats publicitaires avec les partenaires de la FAF, une autre preuve si besoin que ce joueur est venu par amour au pays et aux couleurs nationales…Ce n’est pas parce que son rendement s’est effiloché qu’on va remettre en question son attachement à son pays. Il y a eu ensuite cette histoire d’incompatibilité d’action avec Yacine Brahimi. C'est-à-dire que ces deux là sont dans (presque) un même registre, ils risquent de se marcher sur les pieds si on les aligne tous les deux dans une même équipe. Ce qui est complètement faux, en ce sens où ils ont déjà été dans une même équipe et leur rendement n’a été que sublime, rayonnant, voire éclatant comme le témoigne si bien le match Algérie-Corée du Sud. En fait, Feghouli a plus besoin d’espaces et d’une certaine liberté sur un terrain, comme dans son club le FC Valence. Dans l’une des interviews qu’il nous a accordées, le capitaine de l’Equipe nationale d’Algérie nous dira : «J’aime rester dans mon coin attendre le ballon. J’adore toucher le ballon, j’ai besoin de ça… » L’inciter à revenir à chaque fois défendre, ce qu’il fait avec abnégation et sans rechigner, le cantonner à un travail strict, le maintenir dans une zone, le placarder dans un schéma où il a trop peu de liberté dans le jeu, ne fait que le consumer., Avec Gourcuff qui le met complètement sur le côté droit sans cette liberté d’aller sur le flanc opposé, Feghouli voit alors ses responsabilités et son rôle d’organisateur limités. Son jeu dépérit, il paraît alors amorphe.
Blessure
Dans son club, que ce soit avec Valverde, Nuno Espírito Santo ou avec Unai Emre, ses ex-entraîneurs, et il le sera c’est sûr aujourd’hui avec Gary Neville, Feghouli est très efficace, son apport au jeu de son équipe est immense. Avec cette liberté qui est la sienne, il ne peut que briller, lui qui se dépense sans compter. C’est lui qui, avec ses incessants déplacements et multiples permutations, souvent, allume l’étincelle. Le grain de folie qui manque à l’équipe quand la situation est difficile à débloquer, comme ce fut le cas à Lyon cette saison lors de la première journée des poules en Ligue des champions. Cependant, il faut savoir que depuis un certain temps
Feghouli souffre d’une talalgie, et de ce fait il gère ses efforts afin de ne pas aggraver sa blessure. Tout en se soignant, le numéro 10 des Verts continue à jouer, c’est ce qui a quelque peu influé sur son rendement. Mais force est de dire que ce n’est pas tant cette blessure qui l’handicape, mais plus le rôle qu’on lui confie sur le terrain.
S. G.