Bentobal : «Les présidents ne s’entendront jamais sur le plafonnement des salaires»

Omar Bentobal, l’ancien boss du CSC, donne son avis sur le débat des plafonnements des salaires des joueurs, qui vient d’être remis au goût du jour.

Djamel Amani, le président du RC Arba, affirme que les clubs de Ligue 1 Mobilis, au terme d’une réunion avec le président de la FAF, se sont entendus pour plafonner les salaires des joueurs à 1 million de DA dès la prochaine saison, qu'en pensez-vous ?

C'est une bonne chose. Ça va permettre au club de mieux respirer financièrement. Il faut d'abord revoir le cahier des charges des clubs professionnels et identifier le joueur comme un produit de son club. Au jour d'aujourd'hui, le joueur est là, on le paie, on peut le vendre en milieu de saison, c'est donc un produit et pas un salarié. En redéfinissant le joueur comme un produit, le club respirera encore mieux puisqu'il sera déchargé de payer l'IRG des joueurs et pas mal d'autres charges. Quand j'étais à la tête du CSC, j'avais déjà procédé à une sorte de plafonnement des salaires.

Comment avez-vous opéré ?

Sur les 32 clubs de l'édite, j'étais le seul président à agir de cette manière. En fait, j'évaluais le joueur à sa juste valeur. Ainsi, le plus cher au CSC ne percevait pas plus de 130 ou 135 millions de centimes, je ne me souviens pas du chiffre exact, c'était Voavy. Les autres oscillaient entre 50 et 110 millions de centimes. De cette façon, j'ai pu réduire la masse salariale de 34,34%. Cela dit, il ne suffit pas de songer seulement à la masse salariale des clubs, il est impératif à mon sens de penser à la moyenne d'âge des joueurs. Je suis même d'avis à ce qu'on interdise aux clubs de recruter plus de 2 joueurs dépassant les 30 ans.

Pourquoi et sur quelle base juridique ?

Si on veut améliorer le football national, il faut donner la chance aux jeunes. On peut appliquer cette interdiction pendant deux ou trois années, décider un championnat à blanc aussi pendant cette période. Sur quelle base juridique ? Les responsables de notre football peuvent très bien trouver quelque chose de légal pour appliquer ça. C'est le Bureau fédéral qui décide, il peut pondre des lois à son niveau.

Mohamed Mecherara, membre de la Commission juridique de la FIFA, a été très clair pour dire que le plafonnement des salaires est illégal...

Oui, je suis d'accord avec lui, je sais que c'est illégal. En vérité, il ne s'agit pas de mettre une loi, c'est plutôt un consensus à trouver entre les présidents des clubs. Tous les présidents doivent s'entendre pour respecter le plafonnement des salaires.

Croyez-vous que les présidents vont respecter ça ?

Non, je ne le crois pas un instant. Je me rappelle que la première fois qu'on avait évoqué cette histoire, ce sont les présidents ayant fait cette proposition qui ont été les premiers à ne pas la respecter.

 

Finalement, nos présidents de club ne peuvent pas s'entendre sur le plafonnement des salaires ?

C'est impossible ! Chaque président est libre au niveau de son club et c'est à lui de décider combien il consent à octroyer à ses joueurs. Mais avant de penser au plafonnement des salaires, il serait plus judicieux de se pencher à la formation, c'est beaucoup plus important pour l'avenir de notre football. L'éclosion de jeunes talents pousse les anciens à revoir leurs salaires à la baisse. Au final, de cette manière, on plafonnera les salaires indirectement et de manière légale. Le vieux joueur s'alignera forcément sur les salaires des jeunes, au risque de se voir poussé vers la sortie.

H. D.

Tags:

Classement