Haïmoudi : «Voilà ce qu’il faut pour notre arbitrage»

Les décisions arbitrales sont sujettes à de nombreuses contestations. Djamel Haïmoudi, l’ancien arbitre international algérien, donne son avis sur ce qui ne marche pas et les solutions qu’il convient d’apporter.

L'arbitrage refait des siennes, celui du match USMA-JSK a été particulièrement décrié, que pouvez-vous en dire ?

Avant de parler de ce cas précis, je rappelle qu’en dressant mon bilan de la phase aller, dans les médias, j'avais attiré l'attention des gens en soulignant que la phase retour sera difficile pour les arbitres, qui sont souvent soumis à une grande pression. C'est la période où les destins des clubs se décident. Cela étant, il est utile de rappeler que des arbitres tels Boukhalfa, Bekouassa et Benbraham sont jeunes, ils manquent d'expérience et donc n'ont pas la maîtrise suffisante pour la gestion de la pression. Il y a un travail qui doit être fait dans les jours à venir.

Lequel ?

Il est impératif de réaliser un travail psychologique en direction de ces arbitres. La Commission fédérale des arbitres doit effectuer plusieurs séances de travail pour plancher sur les matches à pression, tels les derbies ou les rencontres à grand enjeu. Ces jeunes arbitres sont bons sur les plans technique et physique, mais cela ne suffit pas pour bien gérer la pression du public, des dirigeants, des joueurs et de la presse. Il faut qu'il y ait une discussion entre les techniciens de l'arbitrage et les jeunes arbitres qui montent. On peut même songer à prendre en charge les arbitres individuellement pour pouvoir ensuite décider qui est prêt ou pas pour officier les matches importants de la phase retour. Moi, je compare souvent les arbitres de l'élite à une équipe de joueurs.

C'est-à-dire ?

Une équipe de football est constituée de 11 joueurs titulaires et de 7 remplaçants. Quand un titulaire n'est pas en forme, il devient remplaçant et ce dernier devient titulaire. Pareil pour les arbitres, il faut des titulaires et des remplaçants. Quand un arbitre passe à côté, il doit devenir remplaçant et son substitut titulaire. C'est ainsi qu'on établit un équilibre et qu'on donne la chance à tout le monde. C'est de cette manière qu'on s'assure une bonne gestion des arbitres et du championnat, et qu'on évite les incidents auxquels nous assistons. S'agissant maintenant du match USMA-JSK, il y a eu essentiellement une situation d'arbitrage sujette à contestation. Je parle bien sûr du premier but de l'USMA.

Votre jugement est très attendu...

Il faut voir la position de l'arbitre directeur, le champ de vision qu'avait l'arbitre assistant, pour dire s'ils pouvaient voir l'attaquant usmiste manier le ballon de la main ou pas. Mais il est clair que le joueur a manié le ballon du bras et qu'il l'a bien contrôlé de cette manière. Il y avait une faute, le but n'était pas régulier. Maintenant, il s'agit de cerner les causes qui ont empêché l'arbitre de prendre la bonne décision, pour que les autres arbitres en tirent des leçons. Il faut surtout leur trouver des solutions. Et il s'agit d'agir rapidement pour que les contestations des clubs ne prennent pas de l'ampleur. Les contestations influent sur l'environnement et engendrent la violence. Il y a encore quelque chose qui se fait au niveau de la FIFA et qu'on doit appliquer régulièrement chez nous.

Quoi donc ?

Je parle des débriefings, soit tout de suite, c'est-à-dire deux jours après les matches, soit plus tard, mensuellement, pour débriefer les quatre matchs  du mois. On ne rend pas service à l'arbitrage si on laisse passer 8 ou 10 matches pour effectuer le débriefing. Cela doit se faire rapidement pour voir avec les arbitres les bonnes et les mauvaises choses qui auront été faites. L'arbitre qui aura réussi de bonnes choses durant le mois restera titulaire, celui qui aura commis non pas une mais plusieurs fautes deviendra remplaçant. Voilà la logique que suit la FIFA aujourd'hui et que nous sommes tenus de suivre, nous aussi. La FAF a réalisé un grand investissement pour le football national, y compris donc pour l'arbitrage. Les arbitres ont aujourd'hui tous les moyens matériels à leur disposition, ils doivent désormais faire preuve d'un esprit de responsabilité. L'image de l'arbitrage algérien est celle du football algérien, c’est également celle de la Fédération. Donc, chaque faute doit avoir la sanction qui lui convient.

Quel est, selon vous, l'arbitre qui s'est le mieux distingué jusque-là ?

Après 18 journées de championnat, l'arbitre Bekouassa est le meilleur, d'après moi. Un referee ne cherche pas qu'à arbitrer, il doit se soucier de progresser. Bekouassa a cherché la progression, il a atteint l'objectif, ses performances sont bonnes. Toutes les fois que je l'ai vu à l'œuvre, il a été bon. C'est ce qui me laisse vraiment penser que, à ce jour, c'est le meilleur arbitre du championnat.

H. D.

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