Saâdi : «Notre foot n’est pas sorti de l’auberge»

Où en est notre foot ? Noureddine Saâdi marque une pause pour y répondre. Son constat ne prête malheureusement guère à l’optimisme.

Quel regard portez-vous sur le football national ?

A tout point de vue, il y a un volet auquel on ne prête pas assez d’attention, je parle de l’aspect organisationnel. On se plait souvent à faire la comparaison en voyant jouer le Barça ou le Bayern Munich, donc toujours avec une fixation sur l’aspect technique, alors que le gros problème de notre football a trait à son organisation. La pyramide, comme on a coutume de le dire, n’est pas respectée.

Qu’entendez-vous par là ?

Quand je suis revenu de Tunisie, on m’a demandé quelle est la différence avec l’Algérie. J’ai répondu qu’en matière de football, on se ressemble, mais qu’ils sont nettement mieux organisés que nous. En Tunisie, le club est l’employeur et le joueur n’est que son employé.

Chez nous, c’est l’inverse ?

Oui, la plupart des clubs algériens sont à la merci des joueurs. Je regardais récemment le match Club Africain - MO Béjaïa sur la chaîne tunisienne. Le speaker a indiqué que pas moins de 4 joueurs tunisiens étaient suspendus pour raisons disciplinaires. En parallèle, je note que, chez nous, ce sont les joueurs qui décident de ne pas jouer en coupe d’Afrique, comme cela s’est passé à l’ES Sétif. Dans notre pays, la seule chose facile est de brandir le bâton contre les entraîneurs. La pyramide est à reconstruire. Les clubs pleurnichent tous pour la «championnite». Il faut que le club soit respecté par tous. J’ai compris maintenant pourquoi un club comme le MC El-Eulma, créé en 1936, n’arrive toujours pas à voler de ses propres ailes.

C’est-à-dire ?

J’ai vu, cette année, comment le MCEE est géré, cela ne m’étonne pas qu’il n’ait fait aucun bond qualitatif. S’il a toujours été géré de cette manière, le résultat n’en est que la conséquence logique. Son envol n’est pas pour demain. Toute la motivation financière est axée sur l’équipe et le challenge à atteindre à tout prix. C’est totalement faux. Il faut construire sur les bases d’un règlement à respecter. Pensez-vous, par exemple, qu’il existe un règlement intérieur qui sanctionne d’un mois de salaire le joueur ayant fauté ? J’en doute fort. Tiens, ça me rappelle ce qui m’est arrivé à l’USMA.

Quoi au juste ?

Pour être revenu d’Oran avec un membre du Conseil d’administration et non pas dans le bus de l’USMA, le boss Ali Haddad n’a rien trouvé de mieux que de me soustraire 3 mois de salaire. C’est complètement illogique et antiréglementaire. Je vous le dis, notre foot n’est pas sorti de l’auberge. Ce qui est arrivé la semaine écoulée à Village Moussa le rappelle tristement.

Qu’en pensez-vous, justement ?

C’est du domaine de l’incroyable ! Soit la ligue s’est empressée de prendre une décision qui n’est pas valable, soit on la lui a imposée d’en haut, ce qui n’est pas normal. C’est un antécédent que les autres vont retenir et qu’ils pourront faire ressortir à chaque fois comme argument, en disant : pourquoi eux et pas nous ? Notre foot ne fonctionne pas sur la base d’un règlement établi, on n’est pas sortis de l’auberge.

H. D.

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