Christian Gourcuff est même allé plus loin en titillant la FAF, à sa tête Mohamed Raouraoua : «Maintenant quel serait l'intérêt d'une fédération de garder un sélectionneur qui souhaite s'en aller ?», s’interroge-t-il.
Une envie soudaine de quitter le navire de l’EN au mois de novembre dont les raisons invoquées par le coach national sont liées en premier lieu à une nouvelle façon de travailler qu’il n’apprécie guère : «J’aime trop travailler au quotidien. Rester près de deux mois sans voir les joueurs, c’est beaucoup trop long pour moi», avait-il expliqué aux joueurs.
La presse comme cause de démission, une première dans le monde du foot
L’autre raison qu’il ne cesse d’évoquer à chaque fois qu’il en a l’occasion réside dans ses relations avec la presse algérienne et les critiques dont il a fait l’objet. Des critiques que Gourcuff a considérés beaucoup trop exagérées, notamment après les deux matchs amicaux face à la Guinée et au Sénégal. La presse comme cause de départ, une première, il faut le dire, dans le monde du football, puisque, jamais au grand jamais, un sélectionneur national n’avait justifié sa démission par de mauvaises relations avec les médias de la sélection qu’il entraîne. Le temps de travail et ses relations avec la presse, des raisons qui ont donc poussé le coach national à partir. Mais est-ce les véritables raisons ? Telle est la question.
Ayant mené notre petite enquête, l’on apprend que les deux raisons citées ci-dessus ont certes influé sur sa décision, mais mais sont loin d’être les principales causes qui l’ont poussé à jeter l’éponge en plein parcours avec les Verts. C’est-à-dire la veille d’une qualification pour la CAN 2017 au Gabon et le début des éliminatoires de la Coupe du monde 2018 qui aura lieu en Russie. Deux objectifs assignés dans le contrat de l’ancien entraîneur des Merlus.
D’abord, une raison familiale
La première vraie raison est strictement d’ordre personnel et familial. En effet, la nouvelle compagne de coach national aurait du mal à s’y faire aux différents déplacements de son conjoint à Alger et à l’étranger. Des absences de plusieurs jours qu’elle a beaucoup de mal à supporter. Des pressions d’ordre familial pas toujours facile à gérer au quotidien pour Christian Gourcuff, chose qui l’a amené à vouloir rentrer définitivement en France afin justement de retrouver une vie de famille normale. Mais aussi une sérénité qu’il a perdue au cours de ces derniers mois : «Ce n’est plus le même homme. Il a beaucoup changé, on ne le reconnait plus…», nous dira un proche de l’ancien coach des Merlus.
Sa relation avec Raouraoua
L’autre vraie raison concerne la relation entre Christian Gourcuff et son boss, Mohamed Raouraoua. Après la défaite en amicale contre la Guinée le 9 octobre dernier, le coach national a carrément pété un plomb en faisant une déclaration qui a surpris, voire même un grand nombre d’Algériens : «Je pense que c'est difficile de trouver la sérénité en Algérie. Je commence à découvrir des choses ici que je ne voyais pas avant. On aime mettre la pression sur les joueurs et critiquer à tout-va», avait-il déclaré en conférence de presse juste après le match.
Une déclaration que son boss n’a pas du tout apprécié. D’ailleurs, Mohamed Raouraoua n’a pas manqué de le préciser quatre jours plus tard lors de son intervention sur les ondes de la Chaïne 3 : «C’est une réaction inexplicable pour quelqu’un d’expérimenté. Son énervement (en parlant du coach) est du certainement à ce qui s’est passé pendant le match et la réaction des supporters. Mais on se doit de garder son sang-froid et sa sérénité, notamment quand on est responsable, on doit donner l’exemple», dira le boss de la FAF.
Des propos qui n’ont pas laissé indifférent le coach national, lui, qui, à aucun moment n’a pensé à être critiqué par son président, encore moins publiquement et dans les médias. Pour le Breton, cette déclaration a une seule signification : «Il a été lâché par son premier responsable.» A partir de là, sa décision de quitter l’EN commence à lui trotter dans l’esprit. Il prend sa décision un mois plus tard après la débâcle de Dar Essalam, où l’EN a frôlé la catastrophe. Un match où, encore une fois, Christian Gourcuff fut lourdement critiqué. C’est pour dire qu’elles sont donc les deux véritables raisons d’un départ déjà annoncé au mois de novembre dernier.
Asma H. A.