EN: Gourcuff : «L’automne dernier, il y a eu une rupture»

Pour une surprise, c'en est une, Christian Gourcuff, après avoir rompu son contrat avec la FAF, c’est son silence qu’il a décidé de rompre, en accordant une interview au quotidien sportif spécialisé L’Equipe.

 

«Le football algérien est pris en otage»

«Pour être bon, il faut être heureux»

«L’Algérie peut surprendre en Russie»

 

PAR SMAÏL M. A.

 

Moins d’une semaine après son retour d’Ethiopie et les déclarations faites dans les colonnes du Télégramme, revoilà Gourcuff qui reparle à nouveau en évoquant son départ de l’EN, histoire d’expliquer, même partiellement, ce qui s’est passé réellement pour qu’il décide de tout balancer et d’abandonner son projet entamé il y a 2 ans avec la FAF.

 

«Mon travail sur la formation des cadres est resté dans les tiroirs»

Christian Gourcuff raconte son histoire avec l’EN depuis le début, il reconnaît avoir bien commencé son aventure, avant de buter sur une CAN ratée.

Il enchaîne en avouant que son projet consistait aussi à prendre en charge le domaine de la formation des joueurs mais aussi des cadres, un volet où il a rencontré, visiblement, beaucoup d’obstacles, sans citer la DTN, ni Korichi, ni Raouraoua, il laisse entendre qu’on lui a mis des bâtons dans les roues, lui qui avait reçu des garanties pourtant pour qu’il puisse exercer son métier au quotidien  et ne pas se sentir loin de ce qu’il a toujours fait  : «Quand j’y suis allé, c’était pour m’occuper de l’équipe nationale, qui était la priorité, mais aussi impulser une politique technique globale pour aider au développement du football algérien. Ce que j’avais fait à Lorient, j’avais pour ambition de le définir au niveau d’une fédération. J’ai habité à Alger la première année. Avec l’équipe nationale, ça c’est globalement bien passé. À l’exception, c’est vrai, de la CAN. Pour des raisons diverses, on n’a pas réussi à la gagner et c’était une déception. En parallèle, j’ai donc mené un travail sur la formation en général et celle spécifique des cadres qui est restée dans les tiroirs. Tout ce volet sur la formation ne s’est jamais mis en place. Il y avait des paramètres qui ne permettaient pas de le mettre en place sur le plan technique et politique. Au niveau des clubs, c’est très compliqué.»

 

«J’ai découvert un environnement violent»

Le Breton continue de déballer le disfonctionnement du système footballistique algérien, il tire sur les clubs qui changent d’entraîneurs comme des chaussettes, chose qui ne lui a pas permis d’instaurer son programme : «J’ai découvert un environnement violent dans les stades ou encore l’absence de formation dans les clubs, on faisait également des réunions avec les entraîneurs de D1, mais quinze jours plus tard, la moitié n’était plus en poste, cela ne permettait pas de structurer, d’organiser quelque chose, ce volet de ma mission était donc vite tombé à l’eau.»

 

«Le travail à mi-temps ne pouvait  pas me satisfaire» 

Le stage du mois  d’octobre aura été l’une des raisons de la rupture définitive entre les deux camps, Gourcuff reconnaît que c’est à cette période là que tout était déjà fini, il n’oublie pas de rappeler sa préférence pour le travail au quotidien, ce qu’il ne pouvait plus faire avec l’EN à partir de cette rupture qui l’a contraint de passer le maximum de son temps chez lui en France, la presse aussi il la pointe du doigt, mais visiblement il n’en fait pas la principale raison de son départ : «Il y a eu une dégradation dans l’environnement de l’équipe nationale, ce n’est pas un problème de pression, mais à un moment donné je ne cherche pas la gloire, l’argent, et je ne suis pas imperméable à la bêtise, il y a eu des trucs complètement aberrants au niveau médiatique, la presse et le vice, ça compose un drôle de cocktail, même si ce n’est pas spécifique à l’Algérie, d’une manière générale je ne me retrouvais pas du tout dans ce contexte, je me sentais en décalage. A l'automne dernier, il y a eu une forme de rupture.  J'en ai tiré les conséquences car je n'allais pas rester à Alger pour ne rien  faire. J'ai donc quitté mon domicile et je ne me rendais en Algérie que pour  les rassemblements. C'était donc un peu un travail à mi-temps qui ne pouvait  pas me satisfaire.»

 

«C’était une équipe très attachante, sur le plan relationnel, c’était un régal»

En aucun cas, Gourcuff n’a voulu incriminer ses joueurs, son départ n’a rien à voir avec ses poulains qui auront préservé leur sérieux jusqu’au bout, il les encense, lui qui trouvait le travail avec Feghouli and Co comme un vrai régal, mais le fait de patienter jusqu’en 2018 lui paraissait comme étant une attente interminable, il a fini donc par jeter l’éponge : «La sélection a récemment franchi un cap. C'est une équipe qui a du talent et qui est très attachante. Sur le plan relationnel et dans l'application  à l'entraînement, c'était un régal, malheureusement je n'avais que trois entraînements lors de chaque rassemblement. Pour  moi qui ai vécu ce métier au quotidien pendant vingt-cinq ans, c'est peu. L’objectif c’était la Coupe du monde 2018, c’est dans 2 ans, j’aurai 63 ans, et ça me paraissait trop loin pour surmonter toutes les frustrations quotidiennes, même si les relations humaines étaient riches, car beaucoup de gens sont sensibles au football dans ce pays.»

 

«A 61 ans, je n’ai plus de temps à perdre»

L’environnement, un mot qui revient lui aussi assez souvent dans les descriptions faites par Gourcuff de son passage en Algérie, ça aura été visiblement l’une des raisons de son départ, car en même temps il évoque toujours ses joueurs en louant leur mérite, histoire de braquer les projecteurs sur cet ‘’environnement’’ aussi qu’il a fini par le pousser à le fuir, préférant aller où il exploitera chaque minutes et chaque heure de son précieux temps : «Mon départ a constitué un crève-cœur, il y avait une sensibilité partagée au niveau humain et sportif avec eux, de ce côté-là oui c’est un gâchis, reste qu’on ne peut pas faire abstraction de tout un environnement, les rassemblements, c’était toujours sympa et enrichissant,  mais comme je l’ai dit aux joueurs, eux, après les stages, retrouvaient leur quotidien en club, moi, à 61 ans, je n’ai plus de temps à perdre, je n’ai plus de temps à attendre.»

 

«Trop de violence dans le foot algérien»

Le coach mathématicien français a été visiblement marqué par la violence en Algérie, sinon comment expliquer le fait qu’il en parle à deux reprises dans la même interview, il va même plus loin, il pense même que le foot algérien est condamné, en évoquant une prise d’otages de la part de qui ? Seul Gourcuff pourra le dire. «J’ai découvert un environnement violent dans les stades… En Algérie il y a un tel contraste entre cette richesse humaine vécue au quotidien et la violence rencontrée dans le football… le football algérien est pris en otage.»

«Je quitte la FAF pour être actif»

Concernant son avenir, l’ancien driver de Lorient est catégorique, s’il a quitté l’EN c’est bien pour rester actif, il laisse entendre que par respect aux gens qui sont encore en place, il ne communiquera pas beaucoup sur sa prochaine destination : «Déjà, je suis libre, ce qui n’est jamais arrivé dans ma carrière et il est clair que je quitte la Fédération algérienne pour être actif, maintenant, il y a des gens qui travaillent dans les clubs et il faut les respecter. Pendant longtemps, j’étais tellement attaché à Lorient que tout le monde imaginait que je ne partirais jamais de là-bas, mais les liens ont été coupés (sourire).»

 

«Je peux me retrouver en Ligue 2, mais je n’ai plus l’âge pour refaire ce que j’ai fait à Lorient»

La prochaine destination du coach va être la France, il se pourrait qu’il ait tout réglé avec son prochain club, mais il n’en dit rien, il se contente de dire que la Ligue 2 reste une option, même s’il ne se voit pas capable de reproduire le travail effectué pendant des années avec Lorient faute de temps : «Je ne fonctionne qu’à l’affectif et à la passion, je peux me retrouver en Ligue 2, si j’y trouve un challenge intéressant, sauf que j’ai 61 ans, et ce que j’ai fait à Lorient, évidemment, je ne le referai plus, c’est le temps qui me manque et si je quitte l’Algérie, c’est aussi lié à ma frustration dans mon implication, j’ai besoin d’être à 100% pas à 30%, je ne me fixe pas de limite, je veux juste un environnement qui me convienne.»

 

«Mon départ peut être contre mes intérêts, mais…»

Pour terminer, Gourcuff nous rappelle qu’il a bien pris le soin de réfléchir avant de prendre sa décision, au point de reconnaître que son départ peut être contre ses intérêts, avant d’évoquer l’importance de se sentir bien au quotidien : «Je pense que pour être bon, il faut être heureux, j’ai eu la chance dans ma carrière de pouvoir toujours partir quand je n’étais pas bien, là encore, je le fais, ça peut être contre mes intérêts, car cette équipe d’Algérie peut faire quelque chose de grand à la Coupe du monde dans deux ans, Mais de toute manière, plus qu’un palmarès, j’ai besoin de me sentir bien au quotidien, pour moi c’est ça qui compte», conclut-il.

S. M. A.    

 

 

Des agents ont envoyé leurs CV à la FAF 

Pellegrini, Santini et Domenech veulent driver les Verts

Les CV des entraîneurs continuent d’arriver sur les bureaux de la FAF.

Hier, soit 48h après le retrait officiel de Christian Gourcuff de la barre technique nationale, le siège de la FAF a été destinataire de plusieurs CV d’entraîneurs de renommée mondiale, envoyés et proposés par des agents.

Parmi les CV reçus, de grands noms d’entraîneurs chevronnés, à l’image de Jaques Santini l’ancien sélectionneur de l’équipe de France avec qui il avait remporté la Coupe des confédérations en 2003 au Japon.

L’autre coach proposé par des agents n’est autre que le successeur de Santini chez les Bleus, à savoir Raymond Domenech, défait en finale de la Coupe du monde 2006 par les Italiens.

La FAF qui n’est pas chaude de conclure avec un nouveau coach français, après tout ce qui s’est passé avec Gourcuff, a reçu ces CV qu’elle étudiera comme tous les autres, entre autres celui de l’entraîneur actuel de Manchester City, le Chilien Manuel Pellegrini, lequel sera libre de tout engagement l’été prochain puisque Guardiola sera son successeur à City.

Les 3 CV s’ajoutent donc à une très longue liste qui risque d’être encore plus longue. Ce qui est sûr, c’est que les propositions ne manquent pas et la FAF a d’ores et déjà commencé à en faire une short-list qui l’aidera dans la grande opération des négociations, certes elle a commencé à sonder certains agents, à l’image de ce qui a été fait avec Wilmots, mais la décision finale, Raouraoua prendra tout le temps qu’il faut pour la prendre, on dit même que son prochain voyage au Brésil risque d’être décisif, ce qui veut dire que rien ne pourra se décider ni se faire avant une dizaine de jours, attendons pour voir.  

S.M.A

 

 

 

 

 

 

 

 

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