Juste après la tirage au sort, nous avons pris attache avec le capitaine des Verts Carl Medjani afin qu’il nous donne son premier avis sur ce groupe B, considéré déjà comme étant le groupe de la mort. Comme à son habitude, et sans langue de bois, Medjani nous fait savoir que c’est l’occasion ou jamais pour prouver une fois pour toutes sur le terrain cette réputation de meilleure équipe africaine. Entretien.

Le capitaine des Verts décrypte le tirage

 « Il faudra être costauds dans tous les matchs »

« L’occasion ou jamais pour faire honneur à cette réputation de n°1 en Afrique»

 « Parfaire tous les compartiments et pas seulement la défense »

Alors votre avis sur ce tirage assez compliqué…

Vous savez dans un tirage au sort, vous n’avez pas trop le choix, il faut l’accepter quelle que soit l’issue. Certes, c’est un tirage difficile regroupant les trois derniers mondialistes, mais c’est ça une qualification pour une Coupe du Monde. Il faudra s’arracher lors de tous les matchs pour espérer terminer les premiers. Laissez-moi vous dire une chose…

Oui, allez-y…

Vous savez au cours de ces derniers mois, on n’arrêtait pas de dire que notre équipe devait se frotter et jouer face à de gros calibres. Et bien là on aura cinq gros matchs avec deux anciens mondialistes, mais aussi la Zambie qu’il n’y a pas très longtemps que ça avait été la championne d’Afrique avec une très belle génération de joueurs. Tout le monde dit que nous sommes premiers et les meilleurs sur le plan africain, et bien ça sera l’occasion ou jamais pour le démontrer. Pour nous, ces éliminatoires ne commencent pas au mois d’octobre, mais ça commence maintenant. Dès maintenant, nous y sommes déjà, et nous devrions nous préparer du mieux possible pour répondre présents.

Justement, pas droit à l’erreur dans ces phases qualificatives pour la Coupe du monde, surtout face à des équipes comme le Cameroun, le Nigeria et la Zambie, non ?

J’ai eu la chance de faire déjà deux Coupes du monde, et les anciens à l’image de Ziani, Antar-Yahia ou même Bougherra nous ont toujours dit cette phrase : pour se qualifier à la Coupe du monde, il est impératif de faire carton plein à domicile, mais aussi ramener des points de l’extérieur. Vous avez le droit à un seul joker, pas plus que ça si vous voulez terminer les premiers de votre groupe. C’est pour dire que nous sommes déjà avertis et si on veut faire la passe de trois et être présents en Russie, il faudra se montrer très costauds et faire honneur à notre réputation de premier en Afrique.

Le Nigeria reste une grande équipe, mais cette sélection n’a même pas réussi à se qualifier pour la précédente CAN ?

Certes, les Nigérians n’étaient pas présents, mais ça reste une équipe très performante sur le plan international. Comme je l’ai déjà dit, c’est un billet pour la Coupe du monde qui est en jeu. Même si tout le monde nous ressort cette histoire de première équipe africaine, il faudra rester humble et aborder toutes les rencontres avec la même ferveur sans sous-estimer personne, ou se dire que cette nation est plus faible qu’il y a de cela quelques années. Sur une qualification de Coupe du monde, ce genre de discours ça ne marche pas.

Sincèrement, vous êtes déçu du tirage…

On ne peut pas être déçu d’un tirage au sort, et cela pour la simple raison qu’on n’a pas d’autres choix que de l’accepter. Encore une fois, j’en conviens que c’est le groupe de la mort, mais ça sera la meilleure des sources de motivation. On sait qu’il faudra être très bon lors des six matchs pour partir en Russie. En fait, l’équation est très simple.

Le président Raouraoua a précisé que le choix du nouveau coach se fera notamment suite à ce tirage au sort, à votre avis un grand coach s’impose-il maintenant ?

Déjà qu’est-ce qu’un grand coach ? Lorsque Vahid Halilhodzic a été recruté à la tête de notre sélection, il n’y avait pas beaucoup de gens qui le connaissaient, et son choix à l’époque était loin de faire l’unanimité. Pourtant quand il est parti, on disait presque qu’il fait partie des meilleurs coachs du monde. Donc, cette notion de grand entraîneur reste à mon avis relative et je suis sûr que le président sait ce qu’il fait. Il est clair maintenant que celui qui viendra poursuivra un travail déjà entamé, car cela fait un moment déjà qu’on bosse et forme cette équipe nationale pour que justement elle soit la plus performante possible.

Pour arracher des points de l’extérieur, il faudra surtout parfaire notre assise défensive…

Vous qui aimez les exemples, vous voyez bien que même l’équipe de France n’arrête pas de se faire critiquer lors de cet Euro par rapport à son axe central. Pourtant, ce dernier est composé de Rami auteur d’une saison époustouflante avec Séville et de Koscielny. C’est pour vous dire qu’il faudra travailler tous les compartiments pour passer ce tour et non pas seulement la défense. Je pense aussi qu’il faut cesser de stigmatiser le problème défensif, car pour avoir une bonne défense c’est tout le monde qui doit bosser à partir du premier attaquant.

Contrairement aux déplacements que vous avez eus à effectuer par le passé en Afrique, au Cameroun et au Nigeria, la pression sera terrible…

Je pense que nous avons déjà eu à vivre une grosse pression, ce fut lors du match à Ouagadougou face au Burkina Faso dont tout le monde connaît l’issue. Mais tous savent aussi dans quelles conditions nous avions perdu cette rencontre. D’ailleurs, il n’y avait qu’à voir la réaction de Vahid à la fin du match, ce dernier était hors de lui à la suite des fautes flagrantes de l’arbitre. Ce match-là nous a tellement forgés. Donc, j’estime que nous avons les capacités de jouer même dans des stades où la pression est grande. Vous savez, ce ne fut pas facile en 2010, ni en 2014 et ça ne le sera pas cette fois-ci encore. Donc, ça va être certes difficile mais pas du tout impossible.

Votre mot de la fin…

Comme je vous l’ai déjà dit, pour nous les éliminatoires, ça commence aujourd’hui. Avec ce groupe, nous n’avons pas besoin d’être motivés puisque nous le sommes déjà. A présent, pour faire partie du voyage en Russie, on sait ce qu’il nous reste à faire.

Asma H. A.