C’est en sa langue maternelle, le serbe en l’occurrence, que le nouvel entraîneur de l’équipe nationale s’est adressé aux différents médias hier en fin de matinée au stade du 5-Juillet pour sa première conférence de presse en Algérie. Comme prévu, c’est son adjoint de toujours Kristijan Cvijetic qui a servi d’interprète. Pour sa première rencontre avec la presse algérienne, Milovan Rajevac a répondu à toutes les questions des journalistes, même si par moments il n’a pas trop souhaité faire dans le détail, notamment concernant son projet de jeu, sa façon de manager et les chantiers qu’il aura à attaquer dès le stage de la fin août à l’occasion du dernier match qualificatif pour la CAN face au Lesotho. Un match de préparation du moment que les Verts ont déjà arraché leur billet qualificatif pour le Gabon. Avant l’entame de la conférence de presse, le coach des Verts a tenu à saluer et à remercier tout le monde pour le chaleureux accueil, tout en espérant que la période qu’il aura à passer à la tête de la sélection nationale connaîtra beaucoup de succès et de réussite.

 « J’ai déjà mon plan pour les Verts »

« 2 bons joueurs par poste pour relancer la concurrence »

La barrière de la langue : « Le football est un langage universel »

L’une des premières questions posées à l’entraîneur national se rapporte à sa manière de communiquer avec ses joueurs du moment qu’il ne parle pas français. Le moins qu’on puisse dire, c’est que pour Rajevac, la langue ne sera nullement une barrière : «On m’a posé exactement la même question à mon arrivée au Ghana car je ne parlais pas non plus l’anglais. Ce qui est certain, c’est que je vais me mettre au français. Je dirai aussi que le langage du football est universel et que beaucoup de joueurs au sein de cette sélection algérienne parlent anglais ; donc à mon sens, il n’y aura aucun souci », dira Milovan Rajevac.

«On ne jouera pas de match amical en septembre»

Comme on vous l’avait annoncé il y près d’une semaine, les Verts ne disputeront pas de rencontre amicale au mois de septembre prochain ; l’entraîneur national nous l’a confirmé hier lors de sa conférence de presse : «Lors de mon entretien avec le président de la Fédération de football, il a été décidé qu’on ne jouera pas de rencontre amicale au mois de septembre. Il n’y aura donc que le match face au Lesotho. Je profiterai de ce long stage pour faire connaissance avec les joueurs et aussi afin que ces derniers puissent aussi se familiariser avec ma méthode de travail. Donc c’est à présent officiel, on n’aura que le Lesotho pour préparer le rendez-vous du mois d’octobre face au Cameroun », nous a précisé l’entraîneur serbe.

« Etre compétitif aussi bien à domicile qu’à l’extérieur »

Comme tout le monde le sait, les Verts ont hérité d’un des plus difficiles groupes lors de la dernière phase qualificative pour le Mondial : « Il est évident que c’est un groupe très difficile, le groupe de la mort comme on l’appelle. Toutes les sélections qui le composent souhaitent aller en Coupe du monde, et c’est bien évidemment la meilleure qui ira en Russie et j’espère que ça sera l’Algérie. Maintenant, il faudra préparer l’équipe afin qu’elle joue aussi bien à domicile qu’à l’extérieur. Il faudra se concentrer sur notre jeu afin d’être compétitifs en toute circonstance», dira l’entraîneur national.

Faire peur aux grands d’Afrique : «On fera honneur à notre réputation de 1^re nation africaine »

Même si les Verts sont premiers sur le plan africain - le classement FIFA d’hier vient encore une fois le confirmer -, il n’en demeure pas moins face aux ténors du continent, l’EN a toujours éprouvé de grandes difficultés. Interrogé à ce sujet, Rajevac dira : « Durant ces dernières années, le football se développe à grande vitesse dans le continent africain. Il est vrai que les équipes que nous affronterons seront difficiles à jouer, mais je pense que l’Algérie fera honneur à cette réputation de première équipe africaine. Dans le football, ce qui est important ce n’est pas d’encaisser des buts, mais d’en marquer toujours plus », a-t-il déclaré.

La défense : «Toutes les équipes que j’ai entraînées prenaient très peu de buts » 

Ce n’est un secret pour personne, l’un des plus grands chantiers du nouveau sélectionneur sera de constituer une défense compacte. Une défense très fébrile sous la houlette de Christian Gourcuff et qui a connu toutes les peines du monde : « Si vous pensez que la tâche défensive est seulement du ressort des défenseurs, vous vous trompez. Il est impératif que toute l’équipe défende et que toute l’équipe attaque. Lorsqu’un but est marqué, le mérite revient à toute l’équipe, et lorsqu’on encaisse, la responsabilité incombe à tout le monde. La CAN et les éliminatoires approchent à grands pas, c’est pour cette raison qu’il faudra profiter de chaque minute durant le stage pour bien travailler et peaufiner notre préparation en prévision de ces échéances. Comme je l’ai déjà dit, l’important dans le football ce n’est pas de ne pas encaisser de buts, mais d’en marquer. Le Portugal n’a pas gagné un seul match avant la demi-finale et pourtant il a été sacré champion d’Europe. Il y a aussi beaucoup d’autres paramètres qui sont importants comme la gestion des vestiaires, la bonne ambiance et la volonté de vouloir travailler ensemble. En ce qui me concerne, et de manière générale, les équipes que j’ai eu à entraîner prenaient très peu de buts. Lors de la phase qualificative avec le Ghana, en quatre matchs, nous n’avions pas encaissé le moindre but et nous en avions marqué 16. C’est pour dire qu’il faudra travailler tous les secteurs et non pas seulement la défense. En tout cas, je vous avoue que j’ai déjà mon plan quant au travail que je vais effectuer à la tête de la sélection algérienne. Mais pour l’instant, ce qui est important pour moi c’est de bien connaître les joueurs », affirma l’entraîneur national.  

Joueurs non compétitifs : «J’utiliserai les joueurs les plus aptes »

« Je souhaiterai parler avec Vahid prochainement »

Que ce soit Vahid Halilhodzic ou Christian Gourcuff, tous les deux ont fait appel à des éléments qui ne jouaient pas ou qui jouaient peu. En voulant savoir si lui aussi agira de la sorte, Rajevac dira : « Certes, Vahid et moi-même venons de la même école, celle de l’ex-Yougoslavie. Mais pour répondre à votre question, personnellement j’utiliserai les joueurs qui, à mon sens, peuvent donner le résultat souhaité au moment voulu. Pour revenir à Vahid, je vous avoue que depuis la CAN 2010 en Angola, je ne l’ai pas eu. Mais il est vrai que je souhaiterais lui parler prochainement», se contenta de dire le coach des Verts.

Public exigeant : «Oui, je suis déjà au courant»

« Vous savez, le public est partout très exigeant. Je sais très bien que les supporters algériens sont des fervents supporters. Lorsqu’il y a une victoire, tout le monde est très heureux, et en cas de défaite, c’est tout un peuple qui est triste. Mais le soutien des fans est très important surtout dans des moments où ça ne va pas très fort. C’est pour vous dire que nous avons besoin de tout le monde, y compris vous les médias.»

Philosophie de jeu : « Gagner 5 fois 1 à 0 qu’une fois 5 à 0 »

Même si les Algériens ne connaissent pas bien le nouvel entraîneur des Verts, nous qui avions suivi le Ghana à l’époque, on a pu constater que Rajevac est davantage partisan des schémas tactiques avec un milieu de terrain étoffé. « Comme je vous l’ai déjà dit, toutes les équipes que j’ai eu à entraîner n’encaissaient pas beaucoup de buts. Moi je préfère gagner cinq fois 1 à 0 que de gagner une fois 5 à 0. C’est-à-dire que je préfère moins bien jouer et gagner des matchs que très bien jouer et perdre des rencontres. C’est ça ma philosophie de jeu », nous a avoué l’entraîneur serbe, avant de poursuivre : « Le match du Lesotho, il ne faudra surtout pas sous-estimer l’adversaire. Il est important de se donner toujours à fond en donnant le meilleur de soi-même.»  

Discipline : «Je n’ai jamais eu le moindre souci disciplinaire»

« L’atmosphère de l’équipe est très importante à mon sens. Aussi, il est important d’avoir deux bons joueurs par poste afin d’avoir une concurrence saine au sein de l’équipe. Personnellement, je n’ai jamais eu de problèmes disciplinaires avec mes joueurs. Il se peut que des choses que vous n’aviez pas forcément prévues arrivent à un moment donné, mais il faut toujours trouver des solutions pour régler les problèmes. Pour ce qui est de la sélection algérienne, c’est d’abord un honneur pour moi de travailler avec de bons et grands joueurs. C’est une question qui m’a été posée au Ghana quand je suis arrivé, car on m’a demandé comment j’allais gérer les stars de l’équipe. J’estime tout simplement que lorsque vous faites du bon boulot, les joueurs se rendent compte de votre travail et l’autorité vient naturellement. Le bon jeu collectif fait ressortir forcément les grandes individualités qui s’exprimeront sans aucun doute mieux», conclut-il.

Asma H. A.