L’entraîneur Azzedine Aït Djoudi suit avec beaucoup d’intérêt l’actualité footballistique nationale. Bien qu’il soit en poste au Maroc, où il est décidé à propulser le MC Oujda en première division, l’ancien sélectionneur national olympique livre ses impressions sur le football algérien qu’il a parfaitement marqué, remportant de nombreux titres avec des géants de la stature de la JS Kabylie et de l’USM Alger. Lisez et appréciez !

 

 

« Le MCA prend la forme d’une sélection redoutable »

 

«Il faudra compter avec l’ES Sétif»

 

«L’USMA est en mesure de gagner la Ligue des champions»

 

«Attention au CSC ! »

 

Entretien réalisé par

Rafik Khaled

 

Nous venons d’apprendre que votre démission de la barre technique du MC Oujda a été refusée. Qu’en est-il au juste ?

Vos informations sont exactes. Effectivement, j’ai décidé de remettre ma démission, estimant que le club et moi-même sommes particulièrement ciblés. Le MCO aurait pu assurer sans contrainte son maintien parmi l’élite, n’étaient des facteurs exogènes qui nous ont beaucoup perturbés. Un arbitrage difficile, des suspensions à répétition contre mes joueurs et ma personne, puisque j’ai écopé d’une sanction de quatre matches, ont fait que mon équipe a été grandement perturbée. Le paradoxe est que les dirigeants ont tenu à mes services, décidant de me maintenir à la tête du staff technique. Ailleurs, j’aurais été déjà sacrifié. Cela me donne du courage à aller de l’avant.

 

Quels seront les objectifs du MCO la saison prochaine ?

Nous allons jouer l’accession. Je  tâcherai de remettre le plus tôt possible le MCO en première division. J’ai pense recruter des étrangers du championnat d’Algérie, mais j’ai fini par assurer la stabilité de l’effectif.

 

Revenant à l’actualité du football national. L’équipe nationale est tombée dans un groupe composé de grands du continent, à savoir le Cameroun, le Nigéria et la Zambie. Un commentaire ?

Une première lecture de la constitution de la poule de l’équipe nationale fait naître un sentiment d’une mission laborieuse pour les nôtres. Il est clair que la tâche des Verts sera d’une grande difficulté eu égard à la qualité de nos adversaires connus et reconnus pour leur caractère de conquérants. Toutes les équipes du groupe s’estiment en mesure d’arracher l’unique billet qualification à la Coupe du monde 2018.

 

Où situez-vous réellement les chances de l’Algérie ?

Il ne faut pas nourrir le discours de doute. Nous avons une très bonne sélection nationale comprenant des joueurs de haut niveau. Nos joueurs se produisent dans de grands clubs européens, ils ont acquis de l’expérience africaine, d’où leur capacité de s’en sortir.

 

Vous semblez optimiste…

Effectivement. J’ai la nette conviction que notre pays a les moyens de se qualifier pour la troisième fois de suite au mondial russe.

 

Certains observateurs pensent même que le coup est amplement jouable pour les Verts vu que le Cameroun et le Nigéria ont perdu de leur aura. Partagez-vous cette lecture ?

Je suis d’accord avec cette analyse, mais il faudra, de mon point de vue, faire une petite nuance : le Cameroun et le Nigeria seront doublement motivés en affrontant notre sélection, la meilleure actuellement à l’échelle africaine. Ils seront très décidés à tirer leur épingle du jeu, ne serait-ce que par orgueil. Toujours est-il que l’Algérie et ses joueurs ont le profil de passer avec succès le cap de ce groupe.

 

L’Algérie a l’avantage de recevoir la première journée le Cameroun, puis le Nigeria lors du dernier match. Qu’en pensez-vous ?

Je pense qu’une victoire à domicile contre le Cameroun lors de la toute première aura des répercussions très positives sur le moral des joueurs. Battre le Cameroun est le scénario idéal pour une suite du parcours favorable.

 

Le Championnat professionnel de Ligue 1 Mobilis devra débuter ce mois-ci. En votre qualité d’ancien coach de la JSK, comment voyez-vous ses chances cette saison ?

La JSK semble avoir tiré les enseignements des années écoulées quand elle avait frôlé la relégation. Nous enregistrons présentement une stabilité au niveau technique et l’effectif. C’est un signe positif. La direction aura procédé, par ailleurs, à un recrutement selon les besoins. Franchement, je pense que la JSK peut vivre une saison nettement tranquille que les derniers exercices.

 

Moussa Saïb, dans une interview accordée à Compétition, dit qu’avec la composante actuelle de l’équipe, il y a lieu de jouer la carte du titre. Votre avis ?

Pour moi, la JSK a les moyens de réaliser une bonne saison. Je crois que l’équipe est en mesure de décrocher une place au podium. Si cela venait à être conjugué par une qualification à la phase des poules de la Coupe de la CAF serait un beau scénario pour la JSK et ses supporters.

 

Suivant votre analyse, peut-on comprendre que cette saison devrait servir de transition ?

Ecoutez, la JSK est un grand club. Il faudra qu’elle joue pour les titres. Je pense qu’après l’inauguration du grand stade Tizi Ouzou, le club retrouvera toute son aura. C’est dire que cette saison pourrait être utile en ce sens que le club cible des objectifs plus grands.

 

Le MCA fait déjà parler de lui par un recrutement important. Pensez-vous que le Mouloudia de cette saison est bien placé de jouer le titre ?

La direction du MC Alger a procédé à un recrutement conjuguant la qualité à la quantité. Plusieurs joueurs de renom sont venus renforcer le club. J’estime que le Mouloudia a composé une sélection en mesure de procurer de la joie à ses joueurs. J’estime aussi que Menad et Ghrib font un bon duo dont les répercussions seront positives sur le club.

 

Mais le MCA nous a habitués de mauvaise surprise pendant la compétition…

C’est un constat né de l’expérience vécue sur le terrain. Cela ne veut pas dire que ce sera le cas aussi cette saison. Avec de la stabilité et les capacités de Menad et Ghrib de protéger leur équipe, je crois qu’il y a lieu d’espérer. Le MCA dispose cette saison d’un effectif particulièrement riche. Un atout considérable pour le staff technique qui en puisera des solutions certaines pour faire face aux différents challenges en Supercoupe d’Algérie, championnat et compétition africaine.

 

Peut-on, d’après vous, compter sur l’Entente de Sétif ?

J’ai toujours de l’admiration pour ce club. Ses dirigeants travaillent actuellement dans la sérénité loin de toute forme de médiatisation souvent nocive. Peu présente dans les médias, l’ESS est en train de se préparer discrètement pour une saison bien particulière. Je suis certain que l’ESS donnera de ses nouvelles pendant le présent exercice devant débuter sous peu.

 

Les observateurs tablent également sur le CSC…

Franchement, je partage cet avis. Le CSC a tous les moyens de réussir. Le retour de Boulahbib s’est répercuté positivement sur la sérénité de la maison constantinoise. Ses supporters doivent se montrer patients. La prétention n’a pas été pour arranger ses affaires.

 

L’USM Alger, le champion en titre, est aussi en pole position pour rafler des titres cette saison. Qu’en pensez-vous ?

C’est tout le mal que je souhaite à Adel Amrouche, ancien équipier à la JSK et un grand ami à la fois. Je pense aussi que le président Haddad est en train de cueillir les fruits de son adaptation avec les spécificités du football national. Je crois que l’USMA est en mesure de gagner d’autres titres, plus particulièrement la Ligue des champions. Ce club a beaucoup grandi, d’où la nécessité de traduite cet état de fait sur le plan continental. J’ai la conviction que si l’USMA avait pris part à l’actuelle édition de la Ligue des champions, elle l’aurait remportée. J’espère que ce sera le cas lors de la prochaine édition de cette prestigieuse compétition.

 

Un invité surprise est attenu cette année dans les épreuves continentales. La JS Saoura représentera l’Algérie en Ligue des champions. Comment voyez-vous ses chances ?

Depuis son accession en Ligue 1, la JSS n’a jamais cessé de laisser une forte impression. Elle a confirmé cette saison, terminant à la deuxième place qualificative à la Ligue des champions. C’est vraiment une bonne chose pour le football du Sud. La JSS va pouvoir se frotter au football africain. Une bonne chose pour son expérience en la matière.

 

Y a-t-il une possibilité d’un retour prochain du coach Aït Djoudi au football algérien ?

C’est une question de destin. Je ne me suis jamais opposé à mettre mon expérience au service de mon pays. Tout dépendra toutefois de ce que nous cache la volonté divine. 

R. K.