Saâdi : «Pourquoi ne pas interdire les stades aux moins de 19 ans ?»

Sans la police, la violence a refait surface dans les stades. Noureddine Saâdi, l’entraîneur de l’ASM Oran, traite le phénomène. Il donne des solutions qui méritent d’être prises en considération.

Selon vous, pourquoi la police a été retirée des stades ?

J’ai lu dans la presse, un jour, que ça bouge un peu partout avant la rentrée sociale. Ce n’est pas moi qui le dis mais les rapports publiés dans la presse par la Gendarmerie et la Sûreté nationales. Partant de là, le chef de la Sûreté nationale, à qui je dois respect, et je le dis sans «chita» aucune, a réfléchi en songeant à la sécurité du citoyen. Il a alors pris la décision de retirer la police des stades, pensant que les gens du sport peuvent eux-mêmes assurer leur sécurité.

Ce qui est loin d’être le cas…

Oui, au vu de ce qui s’est passé durant la première journée de championnat, il est clair que l’importance accordée aux stadiers est loin d’être celle qu’on croyait. En la présence de la police, déjà, on avait enregistré des actes de violence, comment veut-on qu’il n’y en ait pas en son absence ? Au vu des images saisissantes du week-end passé, connaissant l’esprit de la «championnite» qui anime certains dirigeants, la volonté aussi de ceux qui veulent accéder à tout prix, j’imagine un peu ce qui pourrait se produire durant la phase retour dans certains stades où il n’y aura ni stadier ni rien du tout. Et puis, il faut dire qui est stadier dans notre pays.

Dites-le nous…

Ce sont automatiquement des gens dénichés par le club et ceux-là vont tous le favoriser. C’est malheureux à dire, mais c’est comme ça que ça se passe. Ce sera une forme d’aide aux équipes évoluant à la maison et la vengeance sera le maître mot chaque semaine. A ce rythme, on ne comptabilisera plus le nombre de buts, mais celui des blessés et peut-être même des décès.

Donc, la présence de la police reste indispensable ?

Sincèrement, c’est une décision qui doit être revue. La médiatisation du phénomène du football, à travers les réseaux sociaux surtout, ne rendra pas du tout service au pays puisque les images catastrophiques circulent et sont affichées au niveau mondial. Personnellement, j’en ai souffert à l’étranger lorsqu’on évoquait la nature trop violente de notre championnat. Qu’en adviendra-t-il désormais sans la police ? Certes, la circulation du citoyen passe avant tout en général, mais il y a aussi l’image de l’Algérie à sauvegarder.

Quelles solutions préconisez-vous pour concilier les deux ?

Si on n’a pas assez d’effectifs pour assurer la sécurité dans les stades, pourquoi sommes-nous obligés de jouer tous les matches le même jour ? Pourquoi ne jouerions-nous pas chaque jour de la semaine, s’il le faut ? Le problème serait en partie réglé. Aussi, il ne faut pas avoir honte de faire comme en Tunisie lorsque les esprits se sont échauffés dans les stades : on n’a pas hésité à décider d’en haut le déroulement du championnat à huis clos. Puis peu à peu, on autorisait un nombre restreint de supporters à certains clubs jusqu’à ce que tout rentre dans l’ordre. Il ne faut pas non plus hésiter à prendre des décisions encore plus extrêmes.

Comme quoi, par exemple ?

Sur le plan réglementaire, en Algérie, l’enfant ne devient adulte qu’à 19 ans. Pourquoi sommes-nous obligés d’accepter des bambins de 13-14 qui font la loi dans nos stades ? Pourquoi ne pas décider l’interdiction des stades aux moins de 19 ans, carrément ? Malheureusement, chez nous, on attend souvent une catastrophe ou un événement honteux pour réagir. Cela me rappelle l’histoire de la pelouse du stade du 5-Juillet. On avait tant de fois décrié sa médiocre qualité pour qu’elle soit changée, en vain. Il a fallu la grosse «tbahdila» contre la Serbie pour que la décision d’en haut tombe et que le stade olympique dispose enfin d’un bijou ; une pelouse qui peut accueillir toutes les grandes équipes d’Europe. Il faut en retenir la leçon et apprendre à réagir en temps opportun.

H. D.

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