Dérapage dangereux d’un commentateur belge
Une phrase à connotation tendancieuse d’un commentateur belge de la télévision RTL (Marc Delire), lors du match ayant opposé le Standard de Liège à Celta Vigo (Espagne), jeudi soir, dans le cadre de l’Europa League. Une grande polémique éclate au terme d’un match pourtant sans incidents terminé sur le score de parité (1-1). L’attaquant algérien est victime, en effet, de propos racistes. Le journaliste en question sait bien ce qu’il dit. Il a tenté, certes, de rectifier le tir en laissant entendre que ses propos se sont glissés (naïvement) pendant qu’il commentait le match, loin de toute prétention raciste. Personne ne le croira, car la suite de la phrase, certes laconique, est lourde de sens : «Vous voyez ce que je veux dire.» Marc Delire aura fait croire que le calme dont a fait preuve l’Algérien est loin d’être la vertu d’un Algérien. Le mal est fait. La Toile, à travers les différents réseaux sociaux, a explosé sous les réactions nombreuses d’internautes qui n’ont pas hésité à stigmatiser le journaliste belge dont les «écarts communicationnels» sont légion. Cette nouvelle affaire de racisme dans le monde footballistique a suscité également l’indignation des médias étrangers. Le grand quotidien espagnol Marca lui a consacré un article en indiquant même que des développements nouveaux pourraient intervenir dans les prochains jours en ce sens que toutes les institutions mondiales œuvrent dans le but de bannir le racisme dans toutes les contrées du monde et les activités humaines. Le dérapage verbal et raciste enregistré lors d’un match d’une compétition de l’envergure de l’Europa League relance une nouvelle fois le débat sur un dossier sensible qui nuit davantage à une discipline porteuse d’un message d’humanisme et de respect d’autrui.
Le phénomène prend de l’ampleur
La balle est désormais dans le camp des structures chargées de lutter contre un phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur dans les différents stades du monde. Les joueurs africains en sont, faut-il le souligner, principalement victimes des supporters et maintenant des gens des médias. Seul un durcissement des sanctions est en mesure de mettre un terme à une situation qui se dégrade au fil des saisons.
Rafik Khaled
Après le forcing de Standard de Liège
Marc Delire présente ses excuses, mais…
Le club de Standard de Liège n’est pas resté les bras croisés devant les propos tendancieux de Marc Delire contre son attaquant algérien Ishak Belfodil. Juste après le match, le club belge a publié, jeudi soir, un communiqué condamnant la sortie du journaliste de la télévision locale RTL. La direction de Standard de Liège a également rendu publique la position du journaliste refusant, dans un premier temps, de présenter ses excuses en indiquant : « Après avoir pris contact avec l’intéressé, celui-ci a refusé catégoriquement de présenter ses excuses ou de nuancer ses excuses publiquement. Dans ce contexte, notre club se doit de condamner vivement un tel discours totalement contraire aux valeurs véhiculées tant par le Standard de Liège et l’ensemble de ses supporters que par l’UEFA.» Ledit communiqué aurait pesé lourd sur les épaules de Marc Delire décrié de partout. Ce dernier s’est retrouvé, du coup, obligé de réagir en publiant un communiqué où il s’excuse à demi-mot auprès de l’ancien joueur de Beni Yas. « Si mes propos ont blessé, je m’en excuse et le regrette très sincèrement. Cela n’a jamais été dans mon intention. Ce n’est une nouvelle pour personne, je suis quelqu’un qui vit à fond les matches que je dois commenter. Ma seule préoccupation est de permettre aux téléspectateurs d’être plus encore dans le match. Je ne prétends à rien d’autre. Mes propos hier soir ne visaient qu’à souligner le calme olympien de Belfodil en comparaison à l’un de ses illustres prédécesseurs, Zinedine Zidane, qui, en des circonstances similaires, s’était lui emporté. L’image que j’ai utilisée hier pour m’exprimer n’a visiblement pas été comprise de cette manière et souffre du contexte dans lequel nous vivons depuis plusieurs années. J’en ai bien conscience et le regrette. L’impulsivité des commentaires d’un match peut faire dire des choses qui sont sujettes à interprétation, c’est ce qu’il faut éviter au maximum. Et c’est bien là mon intention », écrit-il dans un communiqué loin d’être convaincant.
R. K.
Le journaliste de RTL fustigé
La Toile prend la défense de Belfodil
Après avoir été victime de propos racistes de Marc Delire, le nouvel attaquant de Standard de Liège a suscité la sympathie des internautes. Ceux-ci ont vigoureusement contesté les « délires » de Delire. « Pour avoir parlé en PV longuement avec lui, je confirme, Marc Delire est bien raciste», estime un internaute visiblement homme des médias. Plusieurs autres commentaires ont été également publiés sur la Toile où l’on pouvait lire : « Souvent, j'ai défendu sa verve, mais il exagère. Il n'a plus de recul, on dirait qu'il est dans son salon. » Ou encore : «Mais c'est quoi cette remarque de Delire ? » « Il est plutôt calme pour un Franco-Algérien ! » Ça veut dire quoi ça ? Franchement Marc !» Un intervenant est allé jusqu’à réclamer des sanctions histoire de mettre un terme à ces dépassements en écrivant : «Ce n'est pas la première fois que Marc Delire dérape. À quand une sanction pour montrer l'exemple ? Banalisation du racisme.»
R. K.
L’attaquant algérien ne branche pas
Belfodil : «Personnellement, je me sens bien à Standard»
Pendant que le journaliste de RTL a lâché sa bombe, Ishak Belfodil se battait, en homme vaillant, avec ses coéquipiers sur la surface de jeu. L’Algérien aura tout donné avant de céder sa place à la 70e minute à son coéquipier, Croche-pied. Belfodil ne semblait nullement intéressé par les propos tenus à son encontre. Il est plutôt heureux en Belgique et surtout au sein de son club Standard de Liège. Approché par les gens de la plume en fin de match, Belfodil dira : «Personnellement, je me sens bien parce que j’ai été bien accueilli.» Interrogé, par ailleurs, sur le nul concédé à domicile face au représentant espagnol de Celta Vigo, l’attaquant algérien estime : « Il y a clairement un goût de trop peu car c’est dommage de ne pas avoir concrétisé les occasions que l’on s’est créées. Mais nous devons continuer sur ce chemin et retenir que c’est un bon match nul malgré tout. Dans l’engagement, on a encore été présents et nous avons accompli les efforts qu’il fallait les uns pour les autres.»
R. K.
Les principales «dérives» du commentateur :
«Les veaux» du Standard. Lors de la saison 2010-2011 du championnat de Belgique, sur l’antenne de Belgacom 11 à l’époque, le journaliste avait traité de «veaux» certains supporters du Standard lors du duel contre La Gantoise, suite notamment au comportement de certains hooligans liégeois qui avaient mené à l’arrêt provisoire de la rencontre. Le public de Sclessin l’avait toutefois mal pris et avait dévoilé de nombreuses banderoles à son encontre la semaine suivante : « Delire, les veaux de Sclessin saluent l’âne que tu es », pouvait-on notamment lire dans les tribunes du stade mosan.
«On a oublié de fermer les portes de l’étable»
Trois ans plus tard, il reparlait de cette expression dans une chronique dans le magazine Telepro. Marc Delire évoquait ainsi les jets de sièges et fumigènes lancés lors du match entre Zulte Waregem et le Standard. « Il y a quelques années à La Gantoise, dans des circonstances plus ou moins similaires, j’avais comparé ces quelques hooligans de veaux. Le week-end dernier, à Sclessin, on avait oublié de fermer les portes de l’étable», lançait-il à propos de ce public qui avait dépassé les bornes au stade Arc-en-Ciel.
«Ils ont touché le fond»
La saison dernière, toujours en championnat de Belgique, Marc Delire avait également critiqué vertement Anderlecht : «Ils ont souvent été à la ramasse cette saison mais là, ils ont touché le fond», confiait-il à propos du match Ostende-Anderlecht, arrêté après des nouveaux débordements de supporters. «Des supporters ‘barakis’ et un joueur hooligan (ndlr : Kara, auteur d’un coup de boule sur Akpala non sanctionné), tout cela n’est pas très reluisant pour le club le plus titré de notre foot.»