Karim Ziani a fait long feu en sélection, il fait partie des joueurs toujours actifs mais qui suivent de loin l’actualité de l’EN. Comme tout algérien, il a suivi les derniers événements qui ont suivi le match du Cameroun. Dans cet entretien, il nous parle de tous ces cas d’indiscipline et surtout des chances de l’EN dans ce qui reste dans les éliminatoires.

 

Vous avez sans doute eu vent de ce qui s’est passé tout au long de la semaine, et le départ de Rajevac, que pensez-vous de tout cela ?

Je ne pense pas que j’ai un avis à donner, je ne suis pas à l’intérieur de l’équipe.

Les gens n’oublient pas qu’il n’y a pas si longtemps vous faisiez les beaux jours de cette sélection, votre avis compte beaucoup…

Non, mais je ne sais pas ce qui s’est passé exactement, je ne peux donc donner un avis.

Même pas d’une manière générale ?

Je sais que le coach a été démis de ses fonctions, mais, franchement, je n’en sais rien.

C’est les joueurs qui ont réclamé son départ et ils ont eu gain de cause…

Ah, mais je ne sais pas ce qui s’est passé, c’est difficile de parler, mais, après, si c’est vraiment les joueurs qui ont réclamé son départ, à eux de subir les conséquences.

Pour un départ dans une longue campagne qualificative, un nul a domicile suivi d’un limogeage, ça ne risque pas de perturber la sélection ?

Ça dépend, c’est une arme à double tranchant, on verra ça au prochain match. C’est sûr que ça ne sera pas facile, car il faudra partir sur une autre personne qui donnera ses idées à lui aussi. Donc, c’est sûr que ce n’est pas la même manière de préparer un match d’éliminatoires de Coupe du monde.

Les gens n’hésitent pas à critiquer aussi la FAF qui s’est complètement ratée en optant pour cet entraîneur qui, au départ, ne répondait pas aux critères, lui qui ne parle même pas français… je ne pense pas que la barrière de la langue soit un problème, le foot est international, après peut-être qu’il y a des raisons. Je ne sais pas comment se sont passés les entraînements, comment ont été préparés les matches.

Ce n’est que le 2^e stage pour ce coach, une 2^e semaine de travail, et déjà un conflit et un départ, ne pensez-vous pas que les joueurs se sont quelque peu précipités ?

En fait, ce qui est compliqué, c’est le fait de ne pas être à l’intérieur du groupe, c’est vraiment compliqué de savoir pourquoi, c’est sûr. De l’extérieur, dire que oui au bout de 2 stages et 2 matches, c’est inconcevable de réclamer un départ, après, peut-être que, lorsqu’on est à l’intérieur il y a des choses qui se passent et seuls eux le savent.

Le président de la FAF a reconnu hier que le courant ne passait pas entre les joueurs et cet entraîneur…

Si le courant ne passait vraiment pas, dans ce cas-là, c’est évident de s’en séparer.

Donc, les joueurs ont raison…

Ah non, je n’étais pas là, donc je ne donne raison à personne.

L’équipe est à un mois d’un match au Nigeria, et le président est déjà à Paris où il va apparemment rencontrer quelques entraîneurs, un profil peut-être de coach que vous suggéreriez pour cette équipe ?

(Rire) Non, du tout. C’est bien de commencer à penser comme ça à l’entraîneur, mais il faut aussi mettre les points sur les i avec les joueurs, c’est eux qui sont sur le terrain, c’est eux qui doivent tout donner pour le drapeau, il ne faut pas tout remettre sur le sélectionneur, chacun a sa part de responsabilité.

Puisqu’on dit que c’est les joueurs qui ont réclamé le départ de l’entraîneur, est-ce que cela veut dire que ces même joueurs doivent être consultés avant que la FAF n’opte pour le prochain ?

Je ne sais pas, peut-être que ça été déjà fait, après je ne veux pas parler de choses que je ne maîtrise pas.

Avez-vous suivi le match ?

Oui, bien sûr.

Ce n’était pas la même équipe d’Algérie, n’est-ce pas ?

Non, ce n’est pas les mêmes adversaires non plus.

Ici on dit que la piètre prestation est due aux chamboulements dans le onze…

Non, je ne pense pas, je pense que 23 joueurs sont sélectionnés, tout le monde doit être concerné et apte à jouer ce match-là. On a été un peu moins bons, c’est tout. Et puis, l’adversaire était plus coriace que d’habitude, c’est tout.

Avec une prestation et un jeu pareil, est-ce qu’on peut aspirer à gagner au Nigeria le mois prochain ?

Non.

C’est mission impossible, selon vous ?

En jouant comme ça, oui, c’est impossible.

Ici les gens ont pris l’habitude des scores larges à 6 et 7 buts (il nous coupe)…

Oui, mais c’est contre la Tanzanie, contre l’Ethiopie. Là on a joué une grande nation et le Nigeria c’en est une aussi, qui est partie ramener une victoire de l’extérieur. C’est pour ça qu’on a dit qu’on est dans un groupe relevé, mais on n’a pas fait le match qu’il fallait pour pouvoir gagner, ça arrive. Avec une équipe plus en forme, on peut gagner au Nigeria, mais surtout pas avec le rendement du dernier match.

Mais on dit que c’est le malaise avant le match qui a causé ce rendement…

Oui, mais ce ne sont que des excuses, le résultat est là, et on n’a pas le temps, on n’a que 5 matches.

Faut-il éviter de perdre au Nigeria ou viser la victoire ?

Il faut éviter de se prendre la tête pour des extra sportifs, on est tous Algériens, et on a tous ce but d’aller en Coupe du monde.

Que voulez-vous dire par extra-sportif ?

Les malentendus, la feuille du match, qui va jouer et qui ne va pas jouer. Il y a un entraîneur, c’est le patron, c’est lui qui décide, on est des joueurs, on ne doit pas l’oublier.

Pour le prochain coach, les spéculations vont bon train, et un nom revient souvent, c’est Courbis. Le plébiscitez-vous ?

C’est quelqu’un qui a beaucoup d’expérience, et qui est un bon coach. Après, un club et une EN, ce n’est pas pareil...

Cette fois, c’est Rajevac, le coach, qui a été sacrifié. Le peuple n’acceptera pas d’épargner les joueurs si cela se répétait, êtes-vous de cet avis ?

Ce qui compte à présent, c’est d’essayer de les soutenir. Il y a un match important qui vient et qu’il ne faut pas perdre, on n’a plus le temps de chercher qui a fauté, qui était victime, ce qui a été fait est fait, tous les joueurs jouent dans de très bons clubs, mais l’Afrique ce n’est pas l’Europe, il faut élever le niveau de jeu, car on ne jouera pas contre l’Ethiopie.

Vous avez côtoyé Mansouri en sélection, et actuellement certains essayent de l’accuser d’avoir comploté contre Rajevac, est-ce le genre d’hommes capable de faire tout cela ?

Je ne pense pas, je ne vois pas pourquoi. C’est un Algérien comme tout le monde, il veut que l’EN gagne, je ne vois pas l’intérêt d’un Algérien de faire ça ; ce qui se dit, c’est un bruit de couloir, il bosse pour la FAF et je ne connais pas quelqu’un qui est contre son pays. Je ne pense pas que ça soit vrai, maintenant peut-être qu’il a écouté les joueurs, mais ça serait quoi son but ? Franchement non.

Brahimi et Feghouli ont été apparemment les instigateurs de ce changement à la barre technique. Si l’on revient au match, est-ce que ces deux-là n’ont pas manqué à l’équipe ?

Ceux qui les ont remplacés, c’est des joueurs de qualité. Il y avait Hillel et Boudebouz, le premier fait de très bons matches avec le Dinamo Zagreb, Boudebouz aussi à Montpellier. C’est facile de dire ça, moi je pense qu’ils méritent autant, mais quand tout le monde est en forme les donnes vont changer. Mais à ce que je sache, Hillel et Ryad jouent dans leurs clubs.

Après aligner Slimani et Boudebouz aussi après leur différend n’est pas le meilleur choix à faire…

Moi, je dirais que c’est l’adversaire qui n’était pas du même calibre. Vous n’allez pas me dire que Ryad et Hillel étaient au-dessous de Brahimi et Feghouli. Sur ce match-là, peut-être qu’ils étaient moins bons, mais ce n’est pas un scandale de faire jouer Ryad, c’est un très, très bon joueur.

On revient un peu vers vous, comment ça se passe à Orléans ?

Là je suis en train de revenir de blessure. Incha Allah, après on verra.

Vous êtes 4 Algériens dans cette équipe, et le plus proche de revenir en à l’EN, c’est Belkalem, est-ce qu’il revient bien ?

Oui, il commence à revenir bien.

Son retour ainsi que celui de Halliche sont souhaités…

Je l’espère, je l’espère pou eux. Pour ‘’Belka’’ ça sera une bonne chose pour lui, je pense que c’est bien. Dans l’impact physique, il nous manque.

C’est le genre de joueurs qui nous apporterait un plus ?

Bien sûr, c’est quelqu’un qu’on connaît, il a de l’expérience, il a fait une Coupe du monde.

Après plus d’un an et demi d’arrêt, ça ne sera pas évident…

Je le vois, et il revient bien physiquement, je pense que ça va bien se passer.

Pensez-vous que la Coupe du monde va se jouer pour nous sur ce match du Nigeria ?

Non, pas spécialement, rien n’est pas perdu, il ne faut pas se mettre une pression ; rien n’est perdu, il faut les laisser travailler, il n’y a rien d’alarmant.

Une dernière question concernant l’identité du prochain coach. Il paraît qu’on privilégie la piste française, à cause des difficultés de communication qu’avait le Serbe, est-ce nécessaire ?

Non, un bon coach, c’est un bon coach. Rajevac n’est plus là, on verra ce qui va se passer.

S. M. A.