La FAF lui a préféré Leekens
«Être le plan B ne fait pas sauter au plafond»
Décidément, il se voyait déjà comme sélectionneur, mais il va devoir encore une fois prendre son mal en patience. Il s’exprimait hier dans une interview accordée à LCI : «Si, j’ai rencontré le président de la FAF à Paris il y a une dizaine de jours. Je faisais partie des quatre ou cinq possibilités pour eux. Mais mon nom, contrairement à ceux de mes concurrents, revient depuis sept ans pour ce poste. Ça s’était joué entre Vahid (Halilhodi?) et moi (en 2011, ndlr), ça a été Vahid. Ensuite, c’était entre Christian Gourcuff et moi, ça a été Gourcuff (en 2014, ndlr). Et puis Gourcuff est venu me remplacer à Rennes (cet été) ; je pensais qu’on allait faire une sorte d’échange : moi qui lui fais un bilan sur les joueurs rennais et lui sur les Algériens, ce qui me paraissait tout à fait logique. Mais il n’a pas eu besoin de me le faire puisqu’ils ont pris le Serbe (Milovan Rajevac, ndlr). Et derrière, ça n’a pas marché…»
«Les Algériens étaient favorables à ma venue, mais… »
Courbis semble vraiment contrarié après que Raouraoua a décidé de le zapper une nouvelle fois ; il pensait visiblement que le coup était joué cette fois-ci en sa faveur, surtout que, d’après ce qu’il dit, il avait le soutien des médias et du public ; il précise même à la radio que son poste n’allait pas constituer un souci : « Les sondages des grands quotidiens algériens pour le poste de sélectionneur me placent en tête. Les joueurs sont favorables à ma venue. Les journalistes aussi. Mais l’affaire ne se fera pas. Alors que mon contrat avec RMC et BFM me permet de prendre en charge une sélection... »
«Pourtant, l’Algérie avait ma priorité»
Contacté par Lorient en vue de son recrutement comme nouveau coach, Courbis affirme avoir donné la priorité à l’EN, une autre source de déception pour le Corse : « L’Algérie avait la priorité. En plus, sélectionneur et entraîneur sont deux métiers totalement différents. Quelque part, c’était à moi de choisir le challenge. Mais je n’ai même pas eu à choisir, parce que le plan A des dirigeants algériens, c’était (Marc) Wilmots, le plan B, c’était moi, et le plan C, c’est (Georges) Leekens. En ce qui me concerne, les discussions ont eu lieu il y a quatre ou cinq jours. Je leur ai souhaité bon courage et bonne chance. Parce que, avant la CAN, il y a quand même un déplacement périlleux au Nigeria. Le calendrier et les adversaires à affronter m’ont fait réfléchir. Mais pas au point de refuser le poste.»
« Aller en Algérie aurait été un plaisir»
En mai dernier, dans Le Parisien, Courbis évoquait le rêve d’entraîner les Verts ; le revoilà impliqué dans le dossier, mais cette fois-ci, il précise qu’il n’a jamais parlé de rêve : « Un rêve, non ! Mon propos a été déformé, mais oui, le poste m’a intéressé. Disons qu’aller en Algérie serait un plaisir.»
«Je refuse d’être le plan B»
Le fait d’avoir été dans les plans de la FAF en tant que plan B n’a pas été du goût du Corse ; il affirme que sa fierté ne lui permettait pas d’être dans cette situation : « À partir du moment où j’ai su que je n’étais pas le plan A… Je ne suis pas susceptible, mais j’ai aussi ma petite fierté. Sur pas mal de points, je suis un peu Algérien ou Méditerranéen sur les bords. De temps en temps, je me formalise un peu. Ça ne veut pas dire que Wilmots était une mauvaise idée. Je leur ai d’ailleurs dit que j’étais désolé que ça n’ait pas marché avec lui. C’était une très bonne idée.» Et de continuer : « Mais moi, je n’ai pas eu besoin de refuser. Je leur ai dit que c’était dommage pour Wilmots, et que j’étais en train de discuter avec Lorient. Ensuite, je n’ai pas pu me libérer de mon contrat avec RMC, parce qu’une clause m’autorise juste à prendre une sélection.»
«Suis-je vraiment le perdant ? »
L’ancien entraîneur de l’USMA est presque sûr que l’Algérie regrettera de l’avoir mis de côté ; il était tellement motivé pour prendre en main les Verts qu’il pense que Raouraoua a fait le mauvais choix en lui choisissant un Belge ; sans vraiment le dire, il déclare : « Je ne suis pas prétentieux comme Mourinho dans mes déclarations, mais bon, qui a le moins de chance dans cette affaire ? Est-ce que c’est vraiment moi ? Si l’Algérie et Lorient trouvent une meilleure solution, j’en serai ravi et je regarderai ça avec beaucoup de curiosité.»
«Un sélectionneur a besoin d’être mis en confiance»
Courbis rappelle qu’il a déjà eu une expérience avec le Niger comme sélectionneur ; il a même joué une CAN 2012 avec la formation de ce pays dans un groupe relevé, mais reconnaît à la fin que le fait de n’avoir pas été choisi par la FAF était une belle chose. Il évoque le calendrier difficile des Verts et surtout cette histoire de 2e choix, qui n’encourage aucun coach ni le motive à être au top : « J’ai eu une expérience avec le Niger (en tant que conseiller technique, ndlr), qui avait une petite équipe sympathique à la CAN (en 2012, ndlr). L’objectif était de ne pas être ridicule dans un groupe horrible avec le Gabon chez lui, le Maroc et la Tunisie. On a fait un parcours honorable. Pour revenir à l’Algérie, le calendrier est vraiment compliqué. Alors, en plus, voir que je n’étais pas en tête de liste… Je l’accepte, mais qu’on accepte aussi que je ne me sente pas en totale confiance. Les sélectionneurs en ont besoin aussi. Être un plan B, ça ne fait pas sauter au plafond.
«Je reste quand même un fervent supporter des Verts»
Pour terminer, Courbis réaffirme son attachement à l’EN algérienne ; il dit qu’il continuera à la supporter : «Quand je suis à Alger, je n’ai pas l’impression d’être à l’étranger (rires). Attendez, ça ne fait pas une semaine, ça fait sept ans qu’on cite mon nom pour la sélection. Eh bien qu’il continue de circuler ! En revanche, j’insiste sur le fait que je reste un fervent supporter de l’équipe nationale algérienne. Ma susceptibilité ne change rien à mon affection.»
S. M. A.
Les insinuations du coach Courbis
A travers l’interview accordée à LCI, Courbis a confirmé qu’il espérait vraiment prendre en main la sélection ; même son contrat avec la radio le lui permettait. Il avait à cœur de pouvoir, enfin, confirmer son savoir-faire cette fois au niveau d’une équipe bien armée et qui n’a besoin que d’actionner sa gâchette.
Avec son franc-parler, Courbis a reconnu qu’il était déçu après le choix de la FAF de recruter un autre, alors qu’il était, selon ses dires, le 2e choix. Il reconnaît aussi avoir été vexé d’être relégué comme roue de secours, mais admet toutefois que le choix initial de la FAF, celui de Wilmots, était « une bonne idée ». Autrement dit, il aurait accepté sans souci de « perdre » une nouvelle fois la bataille au profit d’un coach du niveau du sélectionneur belge lors du dernier Euro 2016. Mais ce qui semble le déranger, c’est de l’avoir perdue contre un « 3e choix», comme il a choisi de l’appeler, Leekens en l’occurrence. D’ailleurs, Courbis a évité de commenter ce choix de la FAF d’une manière qui reflète un petit peu sa stupéfaction face à cette décision de la Fédération. Il est clair que Courbis est en train de se poser une sorte d’interrogation après ce choix intrigant de Raouraoua que les gens ont du mal à comprendre, encore moins le Corse qui n’arrive pas à digérer sa « rétrogradation». Ce qui met encore davantage de pression sur les épaules de Leekens, qui devra prouver à tout ce monde qu’il s’est trompé sur son compte.
S. M. A.