Il a évoqué la possibilité de recourir au célèbre schéma de Saâdane
Habituellement évasif lorsqu’il s’agit d’aborder cet aspect, au point de laisser un doute auprès de ses interlocuteurs, cette fois-ci et dans le but précis de répondre favorablement aux interrogations d’une presse qu’il veut gagner, il a bien voulu s’engouffrer dans les détails qui n’étaient pas au rendez-vous avec Rajevac.
Depuis le départ de Gourcuff, le débat sur le jeu de l’EN et le projet de jeu avait cessé. Le Serbe, qui a beaucoup promis, n’a finalement pas tenu ses promesses et n’a fait que rendre les choses encore plus compliquées.
C’est dons dans ces circonstances-là que Leekens a pris les commandes de la sélection. Dès sa première heure en Algérie, il a été déjà briefé sur les exigences et les préférences d’un groupe pas comme les autres.
Jeudi passé, après son arrivée au CTN, Leekens a eu une rencontre avec Raouraoua, lequel lui a tracé un état des lieux, un constat quelque peu alarmant dans des conditions de travail rassurantes. Le président de la FAF en a aussi profité pour lui exposer les raisons des échecs de ses prédécesseurs, Vahid, Gourcuff et Rajevac. Ils ont abordé la façon de jouer des Verts. Il a fait comprendre au Belge que Feghouli et consorts préféraient jouer en 4-1-4-1, c'est-à-dire avec sentinelle, une remarque qui a fait rigoler le Belge.
A chaque match sa stratégie
«Je rigole quand on me dit qu’ils veulent le 4-1-4-1 ou le 4-3-3 ; je vais voir les joueurs, regarder aux entraînements ce qui est le meilleur, et il se peut que je choisisse le 3-5-2 avec deux 8 ou deux 10 ; ce n est pas le plus important, la verticalité pour moi, c’est très important», a déclaré entre autres Leekens mardi passé. Il faut dire qu’il était très surpris par tout ce qu’il a pu voir et écouter depuis son arrivée à Alger. Pour lui, le schéma se dessine en fonction des donnes de chaque match ; c’est pour cette raison qu’il a même laissé la porte ouverte à l’application d’un 3-5-2, mais est-ce que cela est réellement possible contre le Nigeria dans les conditions actuelles ?
La méforme de Zeffane lui aura été fatale, il a été tout simplement écarté du groupe, du coup, l’équipe nationale partira au Nigeria sans son latéral droit titulaire, et Leekens devra composer avec d’autres éléments, entre autres Mandi et Cadamuro, car ces deux éléments-là, en plus du fait qu’ils peuvent jouer dans l’axe, s’en sortent bien sur le flanc. Mandi a même joué une coupe du monde dans ce registre. Donc, ceci va être une solution envisageable pour ce souci à droite. Ceux qui ont pensé au 3-5-2 ont lié cela à l’absence de Zeffane qui était pourtant attendue, et ont pensé à la trouvaille de Saâdane en 2009 et 2010 lorsque l’EN ne disposait pas d’un vrai latéral droit. C’est à cause de ça que l’équipe évoluait en 3-5-2, mais est-ce que l’équipe actuelle peut rapidement s’habituer à ce schéma qui nécessite beaucoup d’application et de maîtrise, notamment dans l’axe ?
Parmi les méfaits de ce schémas avec 3 défenseurs axiaux, il y a le nombre de places qui resteront ensuite pour les joueurs au milieu et en attaque. L’EN, dont l’arme fatale réside en attaque, ne peut pas se permettre d’éliminer un des deux joueurs de couloir, voire sa ligne d’animation qui tourne autour de Slimani. Leekens l’a évoqué et a insisté sur l’importance d’un jeu vertical. Les connaisseurs savent que le 3-5-2 est parmi les schémas qui privilégient un jeu plus latéral que vertical. D’ailleurs, même les forces actuelles de l’équipe ne peuvent pas toutes être là en cas d’application de cette stratégie contre le Nigeria. On ne pourra pas avoir un duo Bentaleb-Taïder ensemble en même temps qu’un quatuor, voire d’un trio offensif homogène avec Slimani en pointe.
Vers un 4-2-3-1 ou un 4-1-4-1 à Uyo
«Le Nigeria devant c’est le top ; si tu joues en arrière, tu es cuit, si tu joues le hors-jeu stupide, tu es cuit, je demanderai un jeu avec animation, je m’en fou de celui qui marque», nous disait le Belge mardi. Le message est donc clair, l’équipe ne se contentera pas de défendre et elle animera le jeu comme elle l’a toujours fait. Voilà qui nous résume quelque peu la situation et surtout le plan que compte adopter Leekens. A vrai dire, il ne veut pas priver l’EN de son identité de jeu ; il sait que les joueurs ont appris à jouer dans un moule, et il lui sera difficile de les déraciner dans l’immédiat. C’est pour cette raison que l’ancien coach de Lokeren n’a pratiquement pas d’autre choix que de reconduire le schéma adopté et réclamé par le groupe, surtout qu’il lui permettra de réintégrer des éléments comme Bentaleb et de profiter d’une animation avec toutes les armes offensives chacune à sa place habituelle. Il lui restera à choisir entre le 4-2-3-1 et le 4-1-4-1, différents l’un de l’autre, et cela reposera sur le résultat des séances de visionnage effectuées par le coach. Si le Nigeria a tendance à écarter le jeu, nous dit-on, il est fort possible que le 4-2-3-1 soit appliqué avec des rôles de soutien défensif importants aux deux ailiers.
S. M. A.