Il explique enfin son erreur face au Nigeria
«Je l’assume entièrement»
«Dans le football moderne, le premier défenseur c’est l’attaquant»
«On traverse une période difficile, que nos supporters soient indulgents»
Entretien réalisé par
ASMA H. A.
Avant tout, comment vous portez-vous, car on croit savoir que vous étiez blessé ?
Dieu merci, je vais bien. Certes, j’étais bloqué du dos à la suite d’un choc avec Zaâbiya lors d’un match de championnat, et de ce fait j’ai été contraint de rater deux rencontres avec mon club, mais là ça va beaucoup mieux. J’ai, d’ailleurs, repris les entraînements avec l’Espérance le plus normalement du monde. Aujourd’hui (NDLR : entretien réalisé hier après-midi), mon équipe a gagné face à Olympique de Béja. C’est le dernier match que je rate, je rependrai incha Allalh la compétition à partir de la prochaine journée face à l’AS Marsa.
Bien évidemment on va évoquer le match face au Nigéria, vous n’avez pas été épargné par les critiques à la suite de votre erreur…
Je tiens à préciser une chose. Même les plus grands défenseurs du monde commettent des erreurs. S’il n’y a pas d’erreurs, il n’y a pas de buts dans la plupart des matchs. J’ai fait une faute qui, malheureusement, a coïncidé avec une rencontre décisive comptant pour les éliminatoires de la Coupe du monde, mais je l’assume entièrement. Il est vrai que tout le monde a critiqué Hichem Belkaroui après le match, mais que voulez-vous y faire, c’est comme ça. J’ai la chance d’être une personne à fort caractère et comme je viens de vous le préciser, j’assume ma faute.
Pouvez-vous nous expliquer l’action justement, beaucoup se sont demandés pourquoi n’avez-vous pas dégagé le ballon ?
Tous ceux qui ont suivi la rencontre ont pu voir que l’attaquant nigérian avait sollicité une une-deux avec son coéquipier. Ayant senti le coup, j’ai voulu anticiper avec l’extérieur, mais malheureusement le ballon a rebondi sur mon pied et a atterri dans les pieds de Moses qui a inscrit le premier but. Mon intention, c’était de sortir le ballon et de le donner à Ziti qui était juste à côté. Comme on dit souvent, c’est de nos erreurs qu’on apprend, et il est certain que cela me poussera à travailler et à me surpasser encore plus lors des entraînements pour être meilleur à l’avenir.
Ne pensez-vous pas que vous avez été critiqué plus que les autres parce qu’à la base vous êtes un joueur local ?
Personnellement, je ne fais pas de comparaison entre un joueur évoluant à l’étranger et un autre en Algérie. J’estime que nous défendons tous le même drapeau et un seul et même pays. Moi, j’ai fauté et de ce fait je parle de mon erreur, et je n’ai pas à parler ou à critiquer un de mes coéquipiers. On m’a toujours appris et inculqué l’esprit d’équipe : quand on gagne, c’est toute l’équipe qui gagne ; et quand on perd, c’est tout le monde qui perd. Même si on m’a critiqué plus que les autres, ce n’est pas grave, je l’assume, cela fait partie de la carrière d’un footballeur, il y a des hauts et des bas. Peut-être parce que je ne suis pas le genre de joueurd qui parle beaucoup dans la presse ou qui s’expose médiatiquement, mais permettez-moi quand même de préciser une chose.
Oui, allez-y…
Même si j’ai commis une erreur, je pense que j’ai quand même réalisé de bonnes choses, parmi elles le fait d’avoir gagné tous mes duels aériens.
On vous a vu abattu après le match, cette erreur commise a-t-elle laissé des traces ?
Si vous m’avez vu abattu à l’issus de ce match, c’est surtout en raison de la défaite et non de mon erreur. Déjà en temps normal, une défaite est mal vécue, alors imaginez-vous lors d’un match décisif qualificatif pour la Coupe du monde. J’étais à la fois abattu et déçu. Une telle défaite, ça marque forcément. Après, il faut revenir dans les clubs et travailler. A l’Espérance, l’entraîneur et plusieurs responsables sont venus me parler, et comme je vous l’ai déjà précisé, avec mon fort caractère j’essaye de rebondir, en ayant fait de bons matchs et faire en sorte que cette faute me serve pour l’avenir.
Suite à votre erreur et celle de Mandi, encore une fois l’axe central de l’EN est mis à l’index…
Il faut que vous sachiez une chose : que je fasse partie ou non de la sélection, je demeurerai toujours un très grand supporter de notre équipe nationale, comme ce fut le cas en 2010, en 2014 ou même lors de toutes les sorties des Verts…
Mais est-ce qu’il faudra encore changer cet axe ou persister avec pour avoir les automatismes ?
En tant que joueur de cette sélection je ne peux répondre à cette question, car il y a un entraîneur et un staff technique habilités à prendre ce genre de décisions. Maintenant ce que je peux dire, c’est que dans le football moderne, le premier défenseur c’est bien l’attaquant. Tout le monde a vu le clasico. Quand vous voyez Messi défende sur le côté gauche et Ronaldo sur le côté droit, vous comprenez bien que, même si vous avez la meilleure défense du monde, si tout le monde ne défend pas, vous finirez tôt au tard par encaisser. La défense du PSG est l’une des meilleures au monde, elle vient d’encaisser 3 buts. Est-ce que cela veut dire que leurs défenseurs sont mauvais ?
Vous voulez dire que devant et au milieu en EN, ça ne défend pas assez, c’est ça ?
Je parle de manière générale. Quand on voit le football moderne, vous remarquez que les équipes attaquent et défendent ensemble. Me concernant, je le redis encore une fois, même si je ne serai pas sélectionné, je resterai supporter de l’EN et je défilerai comme je l’ai fait en 2010 et en 2014 avec grande joie.
Mais vous devez certainement penser à cette liste des 23 pour la CAN, non ?
Ce que je peux dire, c’est que je travaille dur et je continue à le faire afin d’être prêt et au top à chaque fois que l’équipe nationale me fera appel. Je fais toujours de mon mieux pour apporter un plus à l’équipe. Pour nous, l’objectif de cette CAN c’est de la remporter, ou au moins atteindre la finale car on en a raté pas mal. Mais même si je n’y serai pas, je soutiendrai l’EN du plus profond de mon cœur.
Vous avez travaillé avec plusieurs coachs en EN, que pensez-vous de Leekens ?
C’est un entraîneur qui a beaucoup d’expérience au niveau des équipes nationales pour avoir entraîné plusieurs sélections. Il connaît aussi bien la mentalité algérienne, et j’espère vraiment qu’il réussira de belles choses à la tête des Verts.
Un dernier mot peut-être ?
D’abord, je souhaite que la pression qui existe actuellement de la part des supporters autour du président de la fédération diminue un peu. En toute sincérité, c’est quelqu’un qui a fait beaucoup pour l’équipe nationale ainsi que pour le football national. A ce niveau-là, personne ne peut le nier. J’aimerais bien aussi que les joueurs soient moins critiqués en ce moment. En 2014, je suis sorti défiler grâce à l’EN mais aussi à Islam Slimani un ami, qui avait envoyé l’Algérie en huitièmes de finale de la Coupe du monde. Je demande donc aux supporters un peu d’indulgence car on traverse une période difficile, mais il faut qu’ils continuent à nous soutenir et à croire en nous.
A. H. A.