C’est un Leekens en mode combat qui s’est présenté hier face à la presse. Le technicien belge a multiplié les signes positifs montrant aux Algériens que la prochaine CAN peut faire partie du premier événement festif de cette nouvelle année.
«Je ne suis pas un homme qui prend des risques », avouera le technicien belge en réponse à une question d’un de nos confrères. Cette phrase résume sans doute l’état d’esprit de Monsieur Leekens qui, honnêtement, pense agir jusqu'à présent selon des normes techniques préétablies par lui et l’ensemble de son staff. Mais en fait tout au long de son explication face aux medias, M Leekens n’a fait que multiplier les risques en ne répondant pas clairement à la question fatidique de l’objectif de l’équipe nationale pendant cette CAN. «Le président de la FAF a raison de vouloir remporter le trophée. Je veux gagner tous les matchs », ou encore : « On doit pouvoir rêver », autant de déclarations qui agissent comme un message subliminale chez les Algériens. « Oui, on peut gagner la CAN ! » A aucun moment, tout au long de la conférence de presse, M Leekens n’apportera la moindre contradiction à cette éventualité, assumant ce coup de pression supplémentaire dont il pouvait bien se passer. Quand on sait au même moment que Monsieur Leekens a décidé de faire sa petite révolution en renvoyant deux cadres de l’équipe pour motif pas très convaincant « du manque de compétition ». Il y va sans dire que le technicien belge vient de créer les conditions idéales pour sa mise à l’écart, en cas de parcours malheureux des Verts en terre gabonaise.
Qui a conseillé à Leekens d’adopter une telle ligne de conduite ? L’a-t-il fait de son propre chef ? Se sent-il tellement « solidaire » de sa hiérarchie qu’il se sent obligé de prendre certaines décisions qui risquent de le desservir ? Autant de questions qui n’auront, sans aucun doute, pas de sens si les Verts décrochent la timbale à Libreville. Mais dans le cas contraire, le contrecoup de toutes ces décisions devra être assumé pleinement par le coach qui servira une autre fois de fusible pour le président de la FAF. La présidence de cette instance, qui, il faut le rappeler, sera remise en jeu quelques jours après la CAN.
Salim S
Peut-on gagner la CAN ?
«Je ne suis pas Allah, je ne garantie rien !»
La question des objectifs a fait couler beaucoup d’encre, il faut dire qu’entre les propos tenus par Leekens et ceux de Raouraoua, un grand fossé s’est creusé, le Belge a été donc prié de s’exprimer une nouvelle fois sur ce point, devenu de plus en plus épineux ces dernières semaines, et encore une fois Leekens n’a pas voulu donner des garanties préférant rester comme il l’a dit ‘’réaliste’’. « Je suis réaliste.
Vous savez que comme les autres entraîneurs, mon objectif c’est de toujours gagner, Je suis un perfectionniste, c’est ce que ma femme me dit, mes collègues et adjoints aussi qui doivent travailler jour et nuit pour cette CAN ; d’ailleurs, même au nouvel an je les ai appelés, s’il le faut, ils ne dormiront pas durant la CAN, on fera tout pour réussir. »
« La pression fait flipper les joueurs »
Le coach explique que faire la moindre promesse serait fatale, pour lui ses joueurs ne sont pas encore en mesure d’assumer de telles promesses. « On est trop passionnés en Algérie, ça on le sait, mais un coach s’il met trop de pression sur ses joueurs, ces derniers vont flipper, Ils vont prendre des cartons rouges, et cela va nous perturber. »
« On fera tout pour réussir »
Le coach national est allé loin, en affirmant que seul Dieu peut donner des garanties, il promet néanmoins de tout faire pour essayer d’aller très loin dans cette CAN. « Je ne suis pas Allah, je ne suis pas Dieu, je ne peux pas gagner à l’avance, ni donner des garanties, mais on fera tout pour réussir, on commencera par créer une atmosphère de CAN, je ne suis pas un magicien, je regarde les qualités et les défauts de chacun de mes joueurs, je les encouragerai et les joueurs seront ambitieux. »
« Je vais tout faire pour que l’Algérie soit fière »
Si pour la victoire Leekens reste prudent et ne veut pas s’aventurer à donner de fausses promesses, en revanche il ne cache pas son souhait de passer le premier tour, il promet de monter une équipe aussi qui rendra fier le peuple algérien. « On doit passer et on doit passer, 1er ou 2e, je m’en fous, mais on doit passer, il y aura de l’humidité, il y aura des tests, mais je vais tout faire pour que l’Algérie soit fière. »
« Je ne veux pas de matches parfaits, mais on peut être efficaces »
« La CAN, l’objectif c’est de gagner, je ne veux pas de matches parfaits, mais on peut être efficaces, en Coupe du monde vous étiez très efficaces, mais actuellement face au Nigeria et le Cameroun c’est plus dur, on essayera d’y remédier. »
« Je ne prendrai aucun risque, ça ne me ressemble pas »
L’EN ne prendra aucun risque, c’est du moins c’est ce qu’on comprend à travers les petites promesses de l’entraîneur national. « Je ne suis pas un homme qui prend des risques.
On doit refaire une équipe qui tient la route, On doit faire une équipe avec une grande efficacité, l’objectif c’est de bien se préparer et de donner l’occasion aux joueurs qui le méritent, mais croyez-moi ça sera plus dur qu’on le croit », s’est-il contenté d’annoncer.
« Celui qui ne croira pas à la qualif’ au Mondial, je lui dirai : dehors !»
L’EN ira au Gabon avec un goût d’inachevé, le revers subi au Nigeria fait encore mal, en tout cas Leekens ne l’oublie pas, il menace même de sévir. « Les joueurs ne viendront pas ici pour le tourisme mais pour la CAN, après il y aura la Coupe du monde, celui qui dira non, c’est fini, je lui dirai dehors, je ne prends plus ce joueur ou même un des membres du staff, car on a des chances », a-t-il conclu.
S.M.A
Façon de jouer et remaniement défensif
«On veut jouer en attaque sans laisser la porte ouverte »
Après avoir dévoilé la liste finale, le stage a donc commencé hier, le grand chantier a pu reprendre et le coach doit absolument profiter des 13 jours dont il dispose pour préparer parfaitement son team pour la CAN.
Le Belge, entouré d’un staff étoffé, a déjà une petite idée, il ne donne pas de détails mais laisse paraître quelques signes. « On jouera le jeu en avant mais cela ne veut pas dire qu’on laissera la porte ouverte, on vise un jeu offensif qu’on a fait en 2e mi-temps contre le Nigeria, mais on ne doit pas être aveugles car nous devons reconnaître qu’on a donné des occasions au Nigeria ce jour-là. »
« On veut gêner, presser très haut, et voilà comment je veux que nos défenseurs soient »
Les erreurs défensives du match contre le Nigeria sont toujours là, Leekens ne veut pas les oublier, il compte y travailler, et en faire une base pour éviter d’autres erreurs, et pour ce faire il nous a expliqué et décrit les qualités d’un bon défenseur, du moins de ceux qu’il aimerait avoir au Gabon. « On va gêner, presser très haut, presser trop haut, On préfère jouer en bloc, jouer en profondeur, faire comprendre que ce n’est pas au défenseur de dribbler,
Il doit construire, il faut faire une petite faute pas une grosse faute, l’adversaire ne doit pas jouer dans notre dos, il faut être bien positionné, en profondeur, il doit être intelligent, éviter les fautes stupides et les réactions vis-à-vis de l’arbitre. »
« Une bonne défense, c’est aussi une bonne relance »
Leekens compte faire participer ses défenseurs dans la construction du jeu, pour lui un défenseur incapable de faire une longue transversale est un mauvais défenseur, idem pour les relances. « Je cherche une manière de défendre. Un bon défenseur vaut autant qu’un bon attaquant, une bonne défense c’est une bonne relance, une certaine sécurité. Si le défenseur va faire la passe décisive et transversale et dure 10 fois, 5 fois il perd le cuir il est mauvais, c’est pour ça que je vais demander à toute l’équipe de penser offensif sans ouvrir la porte. »
« Jouer oui, laisser jouer non »
Leekens a insisté sur la défense, cette fois il ne veut pas seulement gagner, il veut gagner avec un minimum de buts marqués. «Je ne veux rien donner à l’adversaire, c’est pour ça en défense j’ai pris quelques concurrents,
Je veux bien gagner 5 à 3 mais quand c’est 5 à 0 c’est mieux, à 5 à 1 tu vas avoir la boule, tu vas être fâché, je veux mettre ça en place, je veux que les joueurs prennent leurs responsabilités, ce n’est pas moi, ce ne sont pas les joueurs qui vont le faire, mais le système de jeu qu’on va mettre en place. »
A noter que le coach a évoqué durant son discours le 3-5-2 et le 4-2-3-1 comme stratégies auxquelles il pourrait recourir.
S.M.A