Au lendemain du derby entre l’Olympique d’Akbou et la JS Kabylie, nous avons contacté l’ancien milieu de terrain de la JSK, Fahem Ouslati (2005-2007), pour recueillir ses impressions sur cette rencontre ainsi que sur le parcours des Canaris depuis le début de la saison. Suivant de près le championnat local, il reste bien informé de tout ce qui se passe au sein de son ancien club, ce qui lui a permis de répondre à nos questions avec clarté et sans ambiguïté.
Que devient Fahem Ouslati qui vit en France depuis quelques années ?
Je vais bien, merci. Comme vous le savez, je réside en France depuis quelques années, mais je descends souvent en Algérie pour rendre visite à ma famille. D’ailleurs, je prévois d’y retourner dans quelques jours afin de passer le mois de Ramadhan avec mes proches. Sinon, je continue de suivre le football algérien, notamment la JSK et le CRB.
Que pensez-vous du parcours des Canaris jusqu’à présent ?
Je n’ai raté aucun match de la JSK. Et quand je suis au travail, je regarde toutes les séquences pour rester à jour. Je pense, tout d’abord, que la nouvelle direction de la JSK donne l’impression de vouloir bien faire. Dès son arrivée, plusieurs choses ont changé et une nouvelle méthode de travail a été instaurée. Je dirais que le club s’est professionnalisé. L’inauguration du nouveau stade a également donné un nouvel élan à l’équipe, qui peut désormais accueillir ses nombreux supporters dans une enceinte aux normes internationales. Leur réaction a toujours été exemplaire, que ce soit après une défaite ou une victoire. Sincèrement, les fans ont retrouvé l’envie d’aller au stade et de soutenir leur équipe favorite.
Parlons du rendement de l’équipe, comment l’évaluez-vous ?
En début de saison, malgré quelques bons résultats et une phase aller sur le podium, la manière de jouer ne plaisait pas aux supporters, qui critiquaient souvent l’ancien entraîneur. Globalement, il y avait du bon et du moins bon dans les performances de l’équipe. Ce que je veux dire, c’est que le jeu proposé n’était pas attractif.
Que pensez-vous de la nomination d’Abdelhak Benchikha en début de saison ?
Sincèrement, le choix de Benchikha n’était pas judicieux. Je n’ai rien contre lui, d’autant plus que j’ai eu l’occasion de jouer sous ses ordres au CRB ainsi qu’en équipe nationale espoirs, où j’ai pu observer de près sa méthode de travail et son approche tactique. Cela ne remet absolument pas en question ses compétences, bien au contraire, car son palmarès en tant qu’entraîneur parle pour lui et témoigne de son expérience et de son savoir-faire. Cependant, si l’on analyse objectivement la situation, il n’était pas le meilleur choix pour la JSK pour plusieurs raisons, notamment le fait que le club ait décidé de recruter plusieurs nouveaux joueurs et qu’il fallait entamer un nouveau projet.
Quelles sont les raisons, selon vous ?
En début de saison, la JSK a décidé de repartir de zéro en recrutant de nouveaux joueurs pour nourrir de nouvelles ambitions. Cela signifiait que tout était en reconstruction, et c’est précisément pour cette raison que Benchikha n’était pas le choix idéal. Dès les premiers matchs du championnat, les critiques ont commencé à pleuvoir sur le coach. Les supporters reprochaient régulièrement à l’équipe son manque de rendement, ce qui a instauré une atmosphère pesante autour du club. Sous pression, Benchikha a fini même par s’emporter en conférence de presse, avec certains journalistes, preuve qu’il n’était pas vraiment à l’aise. D’ailleurs, il suffit d’observer la manière dont il a quitté l’USMA pour comprendre qu’il ne travaille pas bien sous pression. Or, la JSK est un club où la pression est constante, il faut savoir y résister pour réussir. Je trouve aussi que la manière avec laquelle il avait annoncé sa démission est peu professionnelle. Il devait prendre le temps de bien réfléchir et transmettre sa décision aux dirigeants le lendemain matin.
Moins d’une semaine après son départ, l’équipe s’est fait éliminer en coupe d’Algérie par l’USMH. Peut-on déduire que ce revers est lié au départ du coach ?
Tout d’abord, il faut rappeler que l’USMH méritait amplement sa qualification. L’équipe a livré un match intense, et le résultat était logique. De leur côté, les joueurs de la JSK n’étaient pas vraiment concentrés, et je dirais que le départ de l’entraîneur a complètement déstabilisé l’équipe. La façon dont il a décidé de partir a perturbé tous les joueurs, et la préparation du match en a été chamboulée.
Peu de temps après, les dirigeants ont finalisé l’arrivée d’un entraîneur de renom, en l’occurrence, Josef Zinnbauer. Que pensez-vous du rendement de l’équipe face au MCA et à l’Olympique d’Akbou ?
Depuis l’arrivée de Zinnbauer, nous avons senti une légère amélioration sur le plan psychologique même si les résultats ne suivent toujours pas. Évoquant le match contre le MCA, malgré la défaite et les erreurs commises en défense et au milieu de terrain, je dirais qu’il y a place pour espérer de meilleures prestations à l’avenir. Nous avons remarqué que les joueurs suivaient et appliquaient les consignes du coach et le fait d’inscrire deux buts, cela prouve qu’ils ont un mental en acier. Pour le derby, déjà, il a perdu toute sa saveur avec le huis clos instauré. Les deux équipes ont joué la peur au ventre, cela a fait que le match soit fermé et serré. Revenir avec un match nul est tout de même un bon résultat même si la JSK espérait mieux.
Selon vous, l’équipe parviendra-t-elle à revenir en force prochainement ?
Je n’en doute pas une seule seconde. Je suis persuadé qu’avec plus d’entraînements, les joueurs finiront par assimiler et adopter la méthode du coach, lequel aura besoin de plus de temps pour imposer son rythme, mettre en place sa philosophie de jeu et trouver des solutions adaptées aux différentes situations. Il faut aussi lui laisser le temps et lui donner les moyens nécessaires pour bien travailler sereinement, et je suis certain que si tout se déroule comme prévu, la JSK écrasera tout sur son passage la saison prochaine.
Avant de conclure, que pensez-vous de l’attaquant russe, Ignatjev ?
Je peux dire que la JSK a enfin trouvé son buteur. Face au MCA, en quelques minutes, Ignatjev a prouvé qu’il a les qualités d’un attaquant rusé. Son emplacement et sa technique joueront en saveur pour décrocher une place de titulaire. Certes, il était muselé contre l’Olympique d’Akbou mais comme je le disais, le match était très serré. Il avait, du coup, trouvé des difficultés pour créer des occasions dangereuses.
- D.