Comme on vous l’avait annoncé hier, dans cette deuxième partie de l’interview qu’il nous a accordée, Sofiane Feghouli évoque plus l’actualité des Verts avec notamment le nouvel entraîneur Lucas Alcaraz, son staff mais aussi Hakim Medane. Soso nous donne aussi son avis sur le nouveau président de la FAF, Kheireddine Zetchi, ainsi que sur d’autres points qui le touchent directement notamment son nouveau statut de remplaçant, ou qui ont trait à tout le groupe avant la double confrontation capitale face à la Zambie les 2 et 5 septembre prochain.
Finalement cette mise à l’écart de la CAN vous a permis de retrouver du temps de jeu à West Ham au mois de janvier dernier ?
Comme on dit c’était un mal pour un bien, même si je le précise encore une fois, le fait de rejouer à West Ham ne m’a pas fait oublier mon absence au Gabon. Croyez-moi l’équipe nationale et le club, ça n’a rien à voir, du moins me concernant. Au niveau des émotions, des choses à vivre c’est complètement différent. Mais bon, je m’en suis remis depuis, et là je suis plus penché vers l’avenir, notamment nos prochaines échéances, à commencer par la double confrontation face à la Zambie.
Mais de ce qu’on a vu face au Togo, les Algériens ne sont pas très rassurés ?
Oui, je suis d’accord car la deuxième mi-temps contre le Togo ce n’était pas vraiment ça. Mais il faut savoir que c’était le premier stage de Lucas Alcaraz. Ce regroupement a aussi coïncidé avec la fin de saison et le mois de Ramadhan, et ce n’est pas très évident. Certes il y a encore beaucoup d’espaces entre les différentes lignes, et cela nous a posé beaucoup de soucis car les Togolais ont réussi à nous créer des problèmes. Mais au fur et mesure des entraînements, nous allons acquérir des automatismes qui se mettront en place lors de nos prochains matchs. Nous allons aussi bénéficier de quelques jours de vacances. A mon avis face à la Zambie ça sera une autre paire de manches.
Justement, Lucas Alcaraz, vous en pensez quoi ?
Franchement un coach très cohérent que ce soit dans son discours ou dans les différents plans de jeu qu’il est en train de mettre en place en sélection. Sa vision des choses, sa façon de travailler, tout est net, clair et précis. Il essaye d’inculquer une nouvelle façon de faire, certes cela va demander du temps mais je pense que c’est bien parti. Il apporte quelque chose qui nous a manqué au cours de ces dernières années.
De quoi s’agit-il ?
Incontestablement la rigueur défensive. Nous en avons peiné après la Coupe du monde et tout le monde en a fait le constaté. Alcaraz est en train d’y remédier et cela nous fera le plus grand bien.
Justement discipliné et rigoureux, beaucoup disent qu’il l’est encore plus que Vahid ?
Non, non pas du tout. Vahid était unique, tellement strict qu’un joueur n’osait même pas placer un mot. Tout le monde réfléchissait à deux fois avant d’oser lui parler. Or, avec Alcaraz, c’est différent. Certes et comme je viens de vous le préciser, sur le terrain il est super rigoureux, mais sinon il est très accessible. Il communique avec tout le monde. Même au niveau de la langue il fait beaucoup d’efforts pour se faire comprendre, que ce soit lui ou les membres de son staff technique…
Pour vous donc il n’y a pas de problème de communication ?
Non, il y a plusieurs joueurs qui parlent espagnol, d’autres qui s’expriment en anglais, car le coach parle aussi cette langue. Ceux qui maîtrisent l’italien comprennent aussi puisque les deux langues se rapprochent un peu, en plus du fait qu’Alcaraz prend des cours de français pour parfaire ses connaissances dans cette langue. Ajouter à tout cela, il y a un traducteur, donc franchement, à ce niveau-là il n’y a aucun souci.
La particularité de ce stage aussi, c’est qu’il y a eu un nouveau président, comment ça s’est passé avec Zetchi ?
Ça s’est fait naturellement. C’est vraiment quelqu’un de très accessible. Il nous a fait part de sa vision des choses et des objectifs fixés. M. Zetchi, connaissant bien le football du fait qu’il a été président de club durant plusieurs années, a conscience de l’importance de l’équipe nationale. Et incha Allah l’EN réussira de belles choses lors de son mandat.
Face au Togo vous avez été incorporé dans un poste inhabituel, celui d’arrière droit et vous en êtes plutôt bien sorti ?
Je le dis et le répète à chaque fois que j’en ai l’occasion, en tant que joueur, je suis à la disposition de la sélection et du staff technique national. Le coach a eu besoin de moins dans le poste d’arrière droit, et bien j’ai essayé de donner le meilleur de moi-même et de faire de mon mieux. Malheureusement il y a eu cette blessure car j’aurai vraiment voulu terminer la rencontre.
On a évoqué les soucis défensifs, mais il existe aussi un gros problème au niveau du milieu et de la récupération, pensez-vous pouvoir rendre service à ce niveau ?
Ce que beaucoup ignore c’est qu’à la base je n’ai pas été formé comme milieu excentré droit, mais comme un 8. C’est-à-dire que ma formation de base s’est faite là-dessus…
Ce qui explique donc le fait que vous êtes bon défensivement ?
Comme je viens de vous le dire ma formation de base s’est faite dans ce poste et ce compartiment bien précis, après j’ai été repositionné comme milieu excentré. Donc on garde toujours des trucs de ce qu’on a appris. Et pour répondre à votre question, bien évidemment que je peux jouer dans ce poste et sans le moindre souci. Encore une fois je suis à la disposition du coach.
Comment un joueur comme vous habitué à être titulaire indiscutable vit son nouveau statut de remplaçant ?
Je ne me le cache pas, je suis un compétiteur et je ne suis jamais content d’être sur le banc, car j’ai toujours cette envie et cette détermination de jouer, mais en tant qu’ancien joueur et cadre de cette équipe nationale, je dois forcément montrer l’exemple en encourageant mes partenaires tout en étant prêt à rentrer à n’importe quelle minute du jeu. J’ai toujours fonctionné de la sorte, pas facile de faire avec cet esprit de compétition mais j’attends mon heure, du moment que la concurrence est seine, car comme l’a dit le sélectionneur, il n’y a pas de joueurs intouchables et tout le monde doit faire des efforts. Donc si ça se passe comme ça c’est très bien et ça va profiter à la sélection…
Alcaraz n’a pas hésité à l’affirmer même en conférence de presse après le Togo ?
Il y a eu les deux matchs disputés, et le coach en tirera ses propres conclusions, ce qui a été bien fait et moins bien fait. Aujourd’hui il sait que moi je ne suis le remplaçant de personne, je n’étais pas dans le 11 récemment, mais je peux l’être prochainement. Et c’est très bien que le coach ait affirmé aux médias que personne n’est indispensable car je partage exactement le même avis.
Comment expliquez-vous le fait que le rendement de certains joueurs est complètement différent entre ce qu’ils produisent en clubs et en sélection ?
Déjà en club on s’entraîne avec les mêmes joueurs tous les jours, et donc forcément des automatismes sont là presque naturellement. En sélection, c’est un peu plus dur puisqu’on se voit pas plus de dix jours lorsqu’il d’agit d’un long stage en dehors d’une compétition comme celle de la CAN ou une Coupe du Monde. Ensuite et j’insiste encore là-dessus l’état d’esprit est primordial quand vous êtes en sélection. Si on n’est pas animé d’une envie de jouer et de bien faire, il est clair que sur le terrain ça se verra forcément. Après pour y remédier, je pense qu’il faut relancer la concurrence. Cela boostera tout le monde à redoubler d’efforts afin justement de gagner une place de titulaire. Donc il y a tous ces paramètres à prendre en considération pour mettre en place la meilleure équipe possible.
Cet état d’esprit qui a fait la force de l’EN avant et pendant le Mondial, mais aussi en 2009 face à l’Egypte ?
C’est tout à fait cela. Je l’ai déjà dit la qualité à elle seule ne suffit pas. Il faut qu’on retrouve cet état d’esprit qui a fait que durant les moments difficiles on régisse comme des vrais hommes. Cette joie de vivre dans un groupe unis, il faut que ça soit de nouveau notre force si on veut réussir d’autres belles choses, car c’est la fin d’un cycle c’est complètement faux. Cette équipe renferme des joueurs très talentueux et ça serait dommage de ne pas en profiter.
On vous sent vraiment optimiste ?
Des moyens colossaux sont mis à notre disposition. Des avions spéciaux lors de chaque déplacement, des primes, des conditions vraiment exceptionnelles et une équipe renfermant beaucoup de talents. Au niveau africain je pense que rares sont les sélections qui sont dotées d’autant de moyens, donc on se considère comme chanceux, et de ce fait je ne peux qu’être qu’optimiste.
Face au Togo et à la Guinée, vous avez joué face à des gradins vides, n’est-il peut pas temps de jouer dans d’autres stades ?
Moi je suis partisan de fait que l’équipe nationale appartient à tout le monde et qu’il faut jouer un peu partout en Algérie. Moi j’adorerai jouer à Annaba, Constantine, Oran…, etc. Après il y a des paramètres qu’on ne maîtrise pas comme la logistique, les hôtels sur place et tout ce qui s’ensuit. Maintenant je ne pense pas que ça soit une mauvaise idée d’avoir joué à Tchaker ces deux matchs. Les supporters étaient un peu déçus après la CAN, et je les comprends tout à fait, mais il y avait aussi le Ramadhan. La pelouse de Tchaker est bonne et c’est un stade où nous n’avons jamais perdu. Donc ce n’était pas une mauvaise décision.
Il y a eu une révélation lors de ce stage Youcef Attal qui pourrait atterrir au Bétis Séville…
C’est un super joueur tout comme Ramy. Je suis très content de voir des jeunes percer de la sorte en sélection avec un super état d’esprit. Et je serai encore plus ravi de voir Youcef en Liga. Bétis Séville est un très bon club avec un beau stade et des supporters qui répondent toujours présent. S’il signe là-bas il fera à coup sûr beaucoup de progrès.
Mbolhi a été désigné comme nouveau capitaine, comment s’est fait ce choix ?
Et bien le coach nous a demandé de désigner le nouveau capitaine. Les joueurs ont opté pour Raïs, Yacine et Carl comme troisième capitaine.
En plus d’Alcaraz et ses adjoints, un nouveau a rejoint le staff technique, Hakim Medane en l’occurrence, vous en pensez quoi ?
Hakim c’est quelqu’un qui a un grand vécu notamment en tant que joueur professionnel au Portugal et en équipe nationale. Il a gros vécu et un CV qui servira certainement à la sélection. Sa présence dans le staff est très importante car il est tout le temps disponible, et nous joueurs on peut l’appeler ou lui parler directement sans qu’on ait besoin d’importuner le coach. C’est une personne très discrète mais qui fait un gros travail en équipe nationale.
Les Zambiens ont décidé de programmer le match le 2 septembre afin que vous n’ayez pas beaucoup de temps de récupération ?
Les matchs en Afrique on sait comment que ça se passe. Jouer l’après-midi sous la chaleur, des matchs rapprochés, mais on se doit de répondre présent surtout lors de cette double confrontation car elle est vraiment capitale quant à nos chances pour le Mondial. Nous devons gagner et attendre un faux pas des deux autres équipes composant le groupe, notamment le Nigeria. Je ne peux pas imaginer l’éventualité d’un faux pas des Nigérians et que nous, nous ne gagnons pas. Donc surtout ne pas avoir de regrets.
Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter à la veille de l’Aïd ?
Sans hésiter une qualification pour le Mondial. La dernière Coupe du monde c’était un pur bonheur pour tous les Algériens. C’était il y a 3 ans mais on a l’impression que c’était hier. A chaque fois que les gens me voient dans la rue, ils me parlent de l’Allemagne u bandeau sur la tête, c’est gravé à vie. Donc se qualifier encore pour la Coupe du monde ça serait vraiment exceptionnel.
Asma H. A.