Hier, le match face à la Gambie n’a pas duré 90 minutes, mais un peu plus de 180 minutes.
Une vraie débandade rarement vue dans les différents stades africains qu’on a eus couvrir au cours de ces 20 dernières années. En fait, tout allait bien jusqu’au mouvement de foule qui a eu lieu dans les tribunes droites du Stade de l’Indépendance de Bakau. En effet, un mouvement de foule durant l’échauffement des deux équipes qui a contraint les supporters et supportrices bousculés à sauter de près de deux mètres pour rejoindre la pelouse. Du coup, la main courante a commencé à se remplir tout autour de la pelouse, ce qui a poussé nos joueurs à écourter leur échauffement et rentrer et rejoindre les vestiaires. Ayant constaté ce qui s’était produit, c’est le manager général de l’EN Hakim Meddane qui s’est dirigé en premier vers le commissaire du match de la rencontre. Meddane lui a expliqué «qu’il était impossible de jouer avec une main courante aussi pleine, c’est inconcevable, ça ne s’est jamais vu. La réglementation de la CAF et de la FIFA n’est pas appliquée».
Les joueurs s’impatientaient, chacun sa manière pour passer le temps
Quelques minutes plus tard, c’est le président de la Fédération algérienne de football en personne qui descend de la tribune officielle pour saisir officiellement la CAF via le commissaire de la rencontre de la Sierra Leone pour le mettre devant le fait accompli, et commence dès lors des transactions qui prennent un peu plus d’une heure. « On ne peut pas jouer dans de telles conditions, c’est impossible. Videz le terrain et à ce moment notre équipe va rentrer sur la pelouse», ne cessa d’affirmer le boss de la FAF à son interlocuteur. Entre-temps, les joueurs commençaient à s’impatienter au fur et à mesure que les minutes défilaient. Certains d’entre eux ont préféré jouer au basket dans le couloir des vestiaires. D’autres ont préféré sortir pour voir ce qui s’est passé à l’image d’Aïssa Mandi ou de Rafik Halliche. Beaucoup d’entre eux s’interrogeaient aussi sur la réglementation qui allait s’appliquer dans de pareilles conditions. Quelques-uns aussi craignaient le pire surtout s’ils venaient à gagner, comment allaient-ils quitter la pelouse surtout s’ils venaient à gagner le match ?
L’arbitre tunisien El-Serrayri : «Nous sommes à la disposition de la CAF»
Du côté des arbitres, ces derniers n’ont pas cessé de faire des allers et retours entre leur vestiaire et la salle du commissaire du match pour prendre des nouvelles. «On ne sait pas ce qui se passer. Nous sommes à la disposition de la CAF. Si cette dernière nous dit de jouer le match, on le fera. Si elle nous demande de le reporter, et bien on le fera aussi », nous a fait savoir l’arbitre tunisien de la rencontre. Et à 17h45 heure locale, 18h45 heure algérienne, c’est-à-dire près de 75 minutes après l’horaire du coup d’envoi prévu, le commissaire du match traverse le terrain pour aller voir les Algériens dans les vestiaires. Les joueurs qui dans leur majorité étaient certains que le match n’allait pas pouvoir commencer dans ces conditions ont la surprise d’entendre un tout autre discours de la part du représentant de la CAF. «Vous ne voulez pas jouer, et bien vous n’aurez qu’à prendre vos responsabilités. Moi je vous dis que la décision est prise de faire jouer la rencontre. Je dirais même que vous risquez plus si vous ne jouez pas que si vous jouez. Car si vous ne vous présentez pas sur la pelouse, vous risquez de voir tous ces supporters envahir le terrain, et à ce moment-là, c’est votre vie qui sera en jeu. Vous avez donc 10 minutes pour rejoindre le terrain», lança d’un ton menaçant le commissaire de la rencontre. Dix minutes pas du tout évidentes à gérer pour le boss de la FAF et l’entraîneur Djamel Belmadi, car il fallait à la fois remobiliser la troupe après cette longue attente.
Le coach les a donc mis devant leurs responsabilités, et les Verts ont décidé de rentrer sur le terrain sans le moindre changement opérés, décidant d’aborder cette rencontre comme si de rien n’était, en faisant abstraction de tout ce qui se passait autour de la pelouse.
Le commissaire du match aux joueurs : «Vous avez 10 minutes pour rentrer sur le terrain, sinon…»
Raïs Mbolhi, en tant qu’ancien cadre, a lui aussi donné un coup de pouce à ses coéquipiers en leur rappelant surtout l’importance de la rencontre. Il est important aussi de préciser que tout au long du match, le speaker du stade n’a cessé de répéter : «Surtout n’envahissez pas le terrain. Gardez vos places même après un but marqué que ce soit du côté algérien ou gambien. C’est votre patrie qui est en jeu, donc ne jouez pas avec ça.» C’est pour dire, que notre équipe nationale renferme des joueurs qui évoluent certes en Europe et même dans les plus prestigieux championnats, à l’image de Mahrez à Manchester City, et il est vrai aussi que dans leurs grande majorité ils ont eu à jouer en Afrique, mais jamais dans de telles conditions, et bien à présent ils sont aguerris et pensent certainement qu’ils ne vivront pas pire que ce qu’ils ont pu voir hier en Gambie.
«Aucun dépassement pendant et à la fin du match»
Néanmoins, il est important de préciser que tous les supporters qui étaient sur la main courante ont fait preuve d’un grand fair-play et aucun d’entre eux n’a tenté d’aller sur le terrain, y compris à la fin du match. Un match donc qui restera gravé dans les mémoires de nos joueurs, parce que désormais en jouant hier, ces derniers ont prouvé et montré que l’Afrique ne leur fait plus peur désormais.
- H. A.
Bounedjah : «On a su relever le défi»
Buteur hier pour la première fois à l’extérieur, Baghdad Bounedjah titularisé par Djamel Belmadi et préféré à Islam Slimani pour cette confrontation a fait savoir que ce n’était pas simple de jouer dans de pareilles conditions. «Nous avons joué dans des conditions extrêmement difficiles. Attendre une heure et demie pour jouer n’était pas facile à gérer, mais nous avons relevé le défi avec ce match nul qui nous satisfait. Nous avons adopté un plan offensif pour l’emporter, mais l’état de la pelouse ne nous a pas permis de développer notre jeu.»
- H. A.
Bensebaïni : «Sur le but encaissé, nous ne nous sommes pas parlé»
Ramy Bensebaïni a fait savoir en fin de match que malgré tout ce qui s’était passé avant le coup d’envoi, les joueurs n’ont pas eu peur et ont tenu à jouer : «Nous étions des hommes sur le terrain. L’Afrique ne nous fait pas peur maintenant. Ce qui s’est passé ne nous a pas déconcentrés, bien au contraire, ça nous a motivés pour tout donner. Pour ce qui est du but encaissé, et bien il y a une hésitation qui nous a coûté cher car nous ne nous sommes pas parlé.»