Lors de la conférence de presse du coach sénégalais, on a plutôt eu droit à un discours contradictoire. D’un côté, il affirme que son équipe n’est pas favorite du fait qu’elle n’a jamais rien gagné depuis toutes ces années, de l’autre, il déclare avec insistance que son objectif est de battre toutes les équipes dans cette CAN pas que l’Algérie pour revenir avec la coupe au pays. Il précise même : «Nous, c’est le Sénégal».
Après votre victoire face à la Tanzanie, comment se présente pour vous le match de l’Algérie surtout avec le retour de Sadio Mané ?
En effet, nous avons gagné notre premier match contre la Tanzanie, et comme je l’ai toujours dit avant le début de cette compétition, nous abordons les matchs les uns après les autres. A présent la Tanzanie c’est derrière nous et nous allons bien préparer la rencontre face à l’Algérie. Effectivement, il y a le retour de Sadio Mané qui va nous apporter un plus. Avoir un joueur comme Sadio Mané c’est un plus pour notre équipe et pour notre groupe. Aujourd’hui il fait partie de nos leaders et il est tout à fait prêt à aider l’équipe nationale du Sénégal.
Que ce soit Djamel Belmadi ou vous-même, chacun de vous refuse le costume de favori. Est-ce une façon d’évacuer la pression ?
Je crois que ça devient une obsession cette histoire de favori. Il faut plutôt se concentrer sur cette équipe sénégalaise, sur sa progression et surtout cette envie que nos joueurs ont afin de faire plaisir au peuple sénégalais. Toutefois, nous sommes bien conscients de notre force. Cette équipe du Sénégal est dotée d’individualités capables de faire la différence. Donc ce qui nous importe ce n’est pas d’avoir cette obsession sur ce statut de favori, mais plutôt nous battre pour ramener cette coupe d’Afrique des Nations à notre peuple et à notre pays.
Le Sénégal n’a jamais battu l’Algérie en phase finale de la coupe d’Afrique, est-ce un ascendant psychologique pour les Algériens à la veille de cette rencontre ?
Un avantage pour les Algériens, j’ai envie de dire les générations se suivent et ne se ressemblent pas. Cette génération de 2019 est complètement différente des autres générations. Ces joueurs sont jeunes et ne savant pas forcément ce qui s’est passé par le passé notamment dans les années 70. L’équipe actuelle renferme des joueurs nés durant les années 90…
Donc pour vous pas d’ascendant psychologique ?
Je vous l’ai dit, le Sénégal est doté aujourd’hui d’énormes individualités. La seule chose qui nous importe aujourd’hui c’est d’aborder ce match avec beaucoup de lucidité et beaucoup de concentration, et c’est ce que nous allons faire, et puis nous sommes le Sénégal et que le meilleur gagne.
Y aura-t-il un plan anti-Mahrez demain face aux Verts ?
Non il n’y a pas de plan anti-Mahrez, ou de plan anti-Brahimi ou même anti-Feghouli. On connaît ces éléments qui sont des grands joueurs et nous avons beaucoup de respect pour cette équipe algérienne, mais nous ce qui nous intéresse c’est d’aborder ce match avec beaucoup de sérénité et de faire le match qu’il faut au moment où il faut et quand il le faut. Dans ce genre de rencontres il n’y a rien de décisif. Certes ce deuxième match de poule est important mais ça ne sera pas décisif, car derrière il y a une autre confrontation face au Kenya.
Mais pour prétendre à gager cette CAN, il faudra battre l’Algérie ?
Nous ce qu’on veut, ce n’est pas battre l’Algérie mais on veut battre toutes les équipes que nous aurons à rencontrer lors de ce tournoi pour justement ramener cette coupe d’Afrique des Nations dans notre pays. Donc pour être une grande nation de football il faut s’imposer devant tout le monde. Nous avons commencé par la Tanzanie et nous avons à cœur de faire un autre bon résultat face à l’Algérie, mais ça sera la même envie et la même conviction contre le Kenya.
Dans quel état d’esprit se trouve votre groupe ?
L’équipe travaille bien, elle vit bien aussi. Nous avons quelques soucis sur le plan musculaire mais rien de grave et tout le monde sera prêt demain pour le match. Y a pas une obsession quant à cette équipe algérienne encore une fois, car nous nous préparons pour aller le plus loin possible dans cette compétition et ça doit passer par l’Algérie. Il est vrai que nous et l’Algérie avons pour l’instant cet avantage quant à une qualification mais rien n’est encore joué.
A votre avis, de quoi a besoin une équipe pour remporter une coupe d’Afrique ?
Franchement si j’avais la réponse je l’aurai gradée pour moi. Jouer en Afrique ce n’est pas évident et c’est même très compliqué car les conditions sont très difficiles. On peut être un très grand joueur en Europe et ne pas trouver ses marques sur des terrains en Afrique. J’ai été footballeur international et je connais bien ces conditions. Les matchs sont très disputés et il faut vraiment être très costauds sur le plan mental et être prêts à souffrir et transpirer…
Même quand on est pétris de qualités ?
Oui parfois l’inspiration n’est pas là et à ce moment il faut suer pour arracher un résultat, surtout que les sélections se sont beaucoup améliorées et son mieux organisées. Maintenant dire encore que le Sénégal est favori, depuis que j’avais l’âge de 10 ans j’ai toujours entendu cela. Depuis 1986 toutes les générations qui sont passées étaient favorites mais on n’a jamais rien gagné. Donc ça ne veut rien dire surtout lorsqu’on voit les dernières éditions avec la Zambie et le Cameroun qui n’étaient pas du tout favoris, donc il faut s’armer d’humilité et jouer match par match.
Il y a beaucoup de polyvalence concernant les joueurs de part et d’autre, à savoir chez vous le Sénégal mais aussi chez l’Algérie ?
En tout cas de mon côté, car je ne me focalise pas non plus sur l’Algérie et l’équipe de Djamel. Belmadi est un fin tacticien et un très bon entraîneur. Il saura faire gérer son équipe comme lui il a envie de la faire jouer. Nous avons une identité, une philosophie et un style de jeu qu’on tentera de mettre en place. Le match de l’Algérie est un test pour le Sénégal et j’espère réussir ce test et continuer notre aventure dans cette compétition.
- H. A.